Affaire du citoyen tué par un gardien de parking : les citoyens accusent l’Etat
Par Hani Abdi – Des citoyens, des députés, des militants des droits de l’Homme et des défenses du littoral ont vivement condamné l’«acte d’agression qui a coûté la vie à un estivant à Souk El-Ténine, dans la wilaya de Béjaïa». «Qui sera le prochain ?», «Voilà le résultat quand l’illicite devient la norme !» soulignent les animateurs de l’Association de protection et de sauvegarde du littoral de Béjaïa, en apprenant la triste nouvelle de la mort de cet estivant, sauvagement tabassé, la semaine dernière, à Lotta, commune de Souk El-Ténine, par un gardien de parking qui a pris ensuite la fuite.
Les animateurs de cette association regrettent l’inertie de certains élus locaux qui permettent ainsi ce genre de racket et actes de violence à l’encontre de citoyens dont le seul tort est de réclamer leur droit à l’accès gratuit aux plages. «Votre passivité avec les contrevenants a fait des orphelins et une jeune veuve pour qui la vie ne serait plus la même. Leur père n’est pas mort pour un excès de vitesse ou bien pour avoir nagé dans une mer déchaînée. Non, ni l’un ni l’autre, leur cher papa est mort pour avoir défendu son droit à la gratuité des plages et des parkings, pour avoir refusé de se plier au diktat des bandes de voyous des gardiens de parking dont certains jouissent des autorisations octroyées par des maires. Son pauvre mari a trouvé la mort à la cité balnéaire livrée aux voyous sous le regard veillant des responsables locaux», dénoncent-ils, considérant cela comme «un crime caractérisé par la non-assistance à une population en danger».
«Nous demandons pardon à la famille et aux proches de la victime qui ont eu pour seul tort le refus du diktat d’une bande de voyous que nous ne cessons pas de dénoncer haut et fort et nous avons prédit, malheureusement, ce triste scénario après l’agression de Skikda», soulignent-ils, dénonçant par là la non-réactivité des services de l’Etat. «Hélas !, ce phénomène tend à devenir plus puissant que l’Etat. On aurait pu éviter ce drame si les responsables appliquaient la loi dans toute sa rigueur !» affirment les animateurs de cette association, très affectés par ce drame.
Le député Brahim Bennadji a, lui aussi, dénoncé la passivité des autorités qui laissent des voyous prendre possession des espaces publics et font payer les gens le prix fort. Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), a, de son côté, dénoncé cette grave agression qui a coûté la vie à un citoyen. «Dommage, un gardien de parking est normalement là pour assurer votre sécurité mais, chez nous, un gardien de parking est là pour vous menacer et vous arnaquer. Et vous êtes obligé de prendre la tangente par peur de représailles et d’attaque contre vous, votre famille ou votre voiture…», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Pour ce défenseur des droits de l’Homme, ce qui s’est passé à Béjaïa «doit interpeller tout le monde, les pouvoirs publics en premier lieu, mais toute la société qui n’arrive pas à faire respecter la loi et, surtout, à protéger le citoyen du diktat des barons des plages et des parkings, et aussi des gardiens de parking barbouzes».
Des appels à une vaste opération de restitution des espaces publics aux citoyens ont été lancés.
H. A.
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