Le prix de la vassalité
Par Akram Chorfi – Le libéralisme outrancier auquel la monarchie marocaine a arrimé le Maroc et auquel elle prend part de fort belle manière, en profitant de la curée qui affame des millions de Marocains et qui porte atteinte à leur dignité, fait question.
Si la pauvreté supposée du Maroc a été à l’origine d’une politique d’ouverture économique qui a consisté dans un bradage institutionnalisé de la souveraineté marocaine et des richesses que celle-ci était censée permettre de préserver dès l’indépendance, il s’avère que les raccourcis qu’empruntent naturellement les monarchies vers des solutions faciles occasionnent des dommages structurants pérennes, qui conduisent à une soumission chronique de l’économie locale aux économies hégémoniques qui envahissent les domaines vitaux et les plus rentables.
Cette vassalisation du Maroc, la monarchie marocaine s’en accommode, se flattant de bénéficier de la bienveillante protection de ses alliés stratégiques, qui ne sont en rien, ni au passé ni au futur, les alliés du peuple marocain dont la dignité est bafouée chaque jour que Dieu fait.
La concession originelle à cet état de fait, opérée par feu Hassan II, alors fils reconnaissant de la France qui lui a donné sa culture et ses subtilités politiques et langagières, était censée arrimer le Maroc à la modernité, lui qui entendait prendre ses distances vis-à-vis de cet Orient, par trop engageant en termes de causes à défendre et d’intégrité religieuse à assumer.
Le digne fils a fini d’achever l’œuvre paternelle en jetant définitivement le Maroc dans les bras de la France, d’Israël, des Etats-Unis et même de sa vassale l’Arabie Saoudite.
Avec presque une centaine de milliards de dollars de dette extérieure, un dossier de décolonisation en déni dans les bras, des millions de sujets marocains exclus du système économique et voués à la misère sociale et au déni de justice, et un rif en éveil décidé à en découdre avec le pouvoir en place, le Maroc ressemble à une marmite en ébullition qui pourrait donner lieu à un scénario à l’iranienne à la veille de l’avènement des Ayatollah.
A. C.
Comment (21)