Les Etats-Unis préparent-ils une offensive militaire contre Khalifa Haftar ?
Par Sadek Sahraoui – Le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez Sarraj, est arrivé, hier, à Tunis et s’est rendu discrètement à la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, dont le siège est à Tunis, avec lequel il s’est longuement entretenu. Aucune déclaration n’a été faite après cet entretien. Des sources soutiennent que Fayez Sarraj a regagné Tripoli avec l’assurance que Washington continuera à soutenir le GNA.
Cette visite éclair intervient à un moment où la Libye connaît une flambée de violence et où Khalifa Haftar menace de marcher sur Tripoli. Du 27 août au 4 septembre, de violents combats entre milices rivales près de Tripoli ont fait au moins 63 morts. De son côté, Daech a revendiqué, mardi, l’attaque suicide contre le siège de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) qui a fait deux morts la veille à Tripoli, selon le centre américain de surveillance des groupes islamistes et extrémistes Site.
Dans un communiqué, le groupe ultra-radical a indiqué que trois de ses «soldats» avaient mené l’attaque qui visait, selon lui, «les intérêts des (…) tyrans en Libye loyaux aux croisés», a indiqué Site. «Les gisements de pétrole qui (profitent aux) croisés et leurs projets en Libye sont des cibles légitimes pour les moudjahidine», a ajouté l’EI, affirmant que les auteurs de l’attaque étaient morts. Les services de sécurité libyens ont indiqué que deux kamikazes avaient fait détoner leur charge explosive dans le bâtiment de la NOC, sans donner de précision sur le sort du troisième assaillant.
L’attentat a fait deux morts et dix blessés parmi le personnel de la compagnie, selon le ministère de la Santé. Il a visé un secteur stratégique et vital qui fournit à la Libye plus de 95% de ses revenus. L’attaque intervient quatre mois après un attentat revendiqué aussi par l’EI contre la Haute Commission électorale, qui avait fait 14 morts, à Tripoli.
Eu égard aux craintes qui pèsent sur la Libye, le Conseil de sécurité a approuvé, jeudi, à l’unanimité une prolongation d’un an de sa mission politique dans le pays, sans toutefois retenir la date du 10 décembre prônée par la France pour la tenue d’élections présidentielle et législatives dans ce pays.
Il y a une semaine, lors d’une réunion consacrée à la Libye, la France avait estimé «essentiel d’avancer dans la transition démocratique en Libye» et « d’organiser des élections dans le calendrier agréé à Paris le 29 mai par les quatre acteurs clés de la scène politique libyenne». Lors de cette rencontre, la date du 10 décembre avait été entérinée sous la pression de Paris qui juge que «l’ennemi de la Libye et des Libyens, c’est le statu quo».
Dans son texte, rédigé par le Royaume-Uni, le Conseil de sécurité s’est finalement borné à souhaiter des élections «aussitôt que possible». La résolution souligne aussi la nécessité que des scrutins soient «crédibles» et appelle les Etats membres à «cesser tout soutien et contacts officiels avec des institutions parallèles».
S. S.
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