Poêlée fumante
Par M. Aït Amara – Il n’y a pas de juste milieu en Algérie. Soit il règne un calme plat à faire somnoler un chien sur sa déjection, soit c’est l’agitation dans tous les sens au point de provoquer un tourbillon de poussière aveuglant.
A l’APN, le feuilleton Bouhadja se poursuit et en est à son énième épisode sans que nous puissions deviner la fin du film qui se joue sous nos yeux et dont les acteurs s’ingénient à entretenir le suspense et à faire durer le plaisir. Partira ? Ne partira pas ? Les médias semblent n’attendre que l’annonce de la démission de celui sur lequel sont braqués tous les projecteurs depuis deux semaines, comme si le sort du pays dépendait du maintien ou du départ de Saïd Bouhadja et de son remplacement à la tête d’un Parlement croupion qui n’a jamais rejeté une loi ou en a imposé une.
A la Fédération algérienne de football, le sport roi tourne au pugilat. Les trois principaux joueurs au sein de cette instance – son président, le directeur technique national démissionnaire et le sélectionneur des Verts – disputent un match hors du carré vert, bottant en touche les véritables problèmes du football national, se rejetant la balle les uns les autres, sifflant la fin de la lune de miel entre ces trois protagonistes qu’aucun arbitre n’arrive à détourner de leur but. Saâdane accuse Zetchi et Belmadi de lui avoir porté des coups au-dessous de la ceinture ; Zetchi rétorque à «bébé» Saâdane qu’il n’est pas un «baby-sitter» (sic) qui doit constamment répondre à ses «areuh» ; Belmadi en veut au «cheikh» d’avoir irrité son père qui, à partir de Marseille, se demande quelle mouche a piqué son fils d’avoir accepté de se jeter dans la gueule du loup.
Hier, c’est l’interpellation d’un journaliste et le tintamarre assourdissant qui a suivi cette querelle de voisinage qui a achevé de désarçonner le citoyen qui goûte bien malgré lui à cette poêlée fumante dont il ignore les ingrédients et qui lui brûlent les lèvres après qu’il a perdu sa langue.
M. A.-A.
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