Gramsci y perd le nord

Abbes observateurs
Djamel Ould-Abbès. PPAgency

Par Aziz Ghedia – Peut-on dire qu’en Algérie, ces derniers jours, les événements politiques se sont accélérés ? En effet, il y a à peine quelques jours, c’était une crise parlementaire, voulue et entretenue par le SG du néo-FLN, qui s’est soldée, après plusieurs jours de suspense, par le limogeage, sans aucune forme de procès, du président du perchoir, Saïd Bouhadja. Tout s’était fait dans l’illégalité la plus totale. On alla même jusqu’à cadenasser l’entrée principale de cette institution républicaine pour en déclarer ensuite la vacance de la présidence.

Puis, comme l’histoire de «l’arroseur arrosé», c’est au tour d’Ould-Abbès, l’ex-patron du néo-FLN, de faire les frais de son arrogance et de ses sorties médiatiques très embarrassantes pour les véritables tenants du pouvoir. Sans préavis, on le somma de remettre le tablier. C’est, en quelque sorte, une ironie du sort : tu subis ce que tu as fait subir à autrui, selon la fameuse sentence arabe. Mais, pour que la «chose» ne soit pas considérée par «le peuple d’en bas» comme tel, les véritables décideurs ont pris des gants de velours et ils ont pris le soin de maquiller cela en faisant croire qu’Ould-Abbès souffre de problèmes cardiaques et que son médecin traitant, d’ici et non d’une quelconque privée à Paris ou à Genève, l’a conseillé de prendre quelques jours de repos, le guerrier s’étant trop dépensé… pour la promotion d’un hypothétique 5e mandat. Plus même que durant la guerre d’Algérie pendant laquelle, selon les dires de certains anciens moudjahidine qui l’avaient connu, il s’était beaucoup plus planqué que guerroyé.

Aux dernières nouvelles, d’ailleurs, il semblerait que celui-ci continue de gérer la «boîte» à partir de chez lui. Cela ne se passe comme ça qu’en Algérie.

Les vieux ne veulent pas lâcher prise. Ils ne veulent pas s’en aller. Même malades, ils essayent de se déplacer du lit à la fenêtre pour avoir toujours un œil sur ce qui se passe dehors. A quand du lit à la bière ? Et de la bière au cimetière, pourraient, peut-être me rétorquer les mauvaises langues ? Cette réflexion n’est pas mienne. Elle m’a été soufflée par une curieuse qui s’est mise derrière moi pour lire ce que j’écris.

Toujours est-il que les vieux, ceux qui nous gouvernent, sont tenaces. On dit qu’ils ont perdu leur capacité de discernement mais ce n’est pas le cas. Ils sont intelligents et, qualité suprême, ils possèdent toutes leurs facultés physiques et mentales, les certificats médicaux de nos médecins assermentés et inscrits au tableau du conseil de l’ordre faisant foi.

Et les jeunes hésitent, cependant, à s’impliquer. A s’engager. Politiquement. D’où la crise permanente. Le statu quo. La fausse stabilité qui, malgré tout, le pouvoir le sait, ne risque pas d’emporter les fondements de la République. La République restera bien droite dans ses bottes et contredira la thèse, presque centenaire, d’Antonio Gramsci, un enfant de la botte italienne.

A. G.

Comment (7)

    ripper
    22 novembre 2018 - 3 h 20 min

    Les vieux veulent absolument rendre la vie impossible aux jeunes … par jalousie.
    Les  » Tatie Danielle  » d’Algérie se serrent les coudes.

    Lalma Henin
    21 novembre 2018 - 14 h 06 min

    J’ai le souvenir des dernières années de l’ère Bourguiba, le scénario se répète en Algérie, sauf qu’on ne sait pas qui sera le Benali algérien.

    Abou Stroff
    21 novembre 2018 - 10 h 43 min

    « Gramsci y perd le nord » titre A. G..
    je pense que Gramsci serait tout à fait armé pour décortiquer la situation de l’Algérie en tant que formation sociale dominée par un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, système qui semble avoir entamé une phase d’essoufflement.
    en effet, si nous admettons que le crise transparait lorsque « le monde ancien n’arrive pas à mourir alors que le monde nouveau ne parvient pas à naitre », alors, cette sentence de Gramsci est tout à fait pertinente pour décrire la situation algérienne.
    ce monde ancien, c’est à dire le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, qui a structuré la formation sociale algérienne depuis des décennies, semble avoir atteint ses limites au niveau politico-idéologique mais tarde à mourir pour laisser place au monde nouveau où le travail (productif, en particulier) est le rapport social fondamental autour duquel gravitent toutes les couches sociales, parce que son « alimentation » continue à être assurée par une rente relativement conséquente.
    cette articulation dynamique entre le monde ancien et le monde nouveau et les contradiction qu’elle génère permettent de comprendre la perte de valeurs partagées et la schizophrénie qui caractérisent l’ensemble des algériens du moment.
    PS: c’est parce que le monde ancien ne veut pas mourir que certains, toute honte bue, hurlent à tue-tête en faveur d’un cinquième mandat malgré l’impotence caractérisée de fakhamatouhou.
    cette articulation dynamique entre le monde ancien et le monde nouveau et les contradictions qu’elle génère permettent de comprendre la perte de valeurs partagées et la schizophrénie qui caractérisent l’ensemble des algériens du moment.

    MELLO
    20 novembre 2018 - 20 h 08 min

    Effectivement l’Algérie est comme ce navire qui tangue, perdu en plein océan sans boussole. Cette boussole est perdue quelque part. Une main étrangement figée, maintient la boussole de ce navire perdu , à son bord 40 millions d’Algeriens qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Il en est un autre qui a compris que manipuler de loin est le meilleur des rôles à tenir. Le Front de Libération national ne peut plus libérer ce pays des mains de ceux qui manient la boussole à distance. Le FLN n’a plus cette force de libérer . Mais en fait libérer quoi ? Le FLN s’est , plutôt , libéré de sà tête , non pensante, pour subir sa mue. Sûrement que la partie se jouera sans les deux têtes du parti: le président et le secrétaire général. La partie ressemble, étrangement, à une partie d’échec où seules deux pièces subsistent pour les deux adversaires: le roi et la reine

    Djeha Dz.
    20 novembre 2018 - 14 h 13 min

    Aurait-il fallu que soyons d’abord une République au sens réel de la définition. Avec un R majuscule.

    Aurait-il fallu que soyons d’abord une République au sens réel de la définition. Avec un R majuscule.

    Où est l’Etat, ses Institutions? Les lois ? La voix du peuple ?
    L’Algérie n’est même pas une république, c’est un système de gouvernance aux contours flous, comme sont flous les décideurs.
    Une ‘’ripoux-blique’’ sans doute.
    Un système qui active dans l’ombre, bâtit sur la rapine et le mépris du peuple finira par imploser.

    Antonio Gramsci aurait pu chanter :

      mergou
      20 novembre 2018 - 20 h 34 min

      Oui Monsieur, l’Algérie a besoin d’une recomposition de TOUTES ses Institutions par des patriotes jaloux de son indépendance politique et économique, loin des fonctionnaires qui composent les parties qui soutiennent la continuité dans la médiocrité.

    Zaatar
    20 novembre 2018 - 13 h 04 min

    Encore une enieme fois, « errachem c’est h’mida et ellaab c’est h’mida », tout le reste n’a que peu d’interet.

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