Enjeu de pouvoir
Par Bachir Medjahed – L’islamisme a commencé «petit» puis a été toléré puis encouragé car instrumenté par les différents pouvoirs successifs au nom d’enjeux de pouvoir, toujours d’enjeux de pouvoir, avant que ces derniers ne s’aperçoivent qu’ils ont perdu tout contrôle sur ce qui n’est plus un phénomène, mais sur ce qui est devenu plutôt une réalité.
Tenter de résoudre le problème que pose ce qui est devenu une réalité sociale exclusivement par l’instrument militaire ne comporte visiblement pas les éléments d’un succès qui soit en conformité avec l’objectif.
Une réalité ? Quelles réponses donner aux quelques questions suivantes ? Pourquoi dans tous les pays arabes n’émerge-t-il de façon hégémonique que l’islamisme politique dans toutes ses composantes lorsque les élections sont libres ? Pourquoi les dites «révolutions» qui ne sont jamais initiées par les islamistes sont toujours récupérées par ces derniers ? C’est également le cas en Algérie avec la «révolution» d’octobre 1988. Pourquoi les insurrections contre les gouvernants en place amènent-ils l’élargissement des islamistes nationalistes ou «oummistes» et leur rapide montée en puissance dans la conduite des «combats» ? Pourquoi dans les guerres civiles, c’est l’intervention de l’armée qui empêche l’effondrement des pouvoirs visibles en place en faveur des islamistes ? Il serait incorrect de parler d’effondrement des institutions car si celles-ci existaient, il n’y aurait pas d’insurrection ni de guerre civile. L’accès au pouvoir se serait fait sur la base de la citoyenneté et non de l’appartenance à une communauté, à l’ethnie, à la religion.
Quand bien même certains voudraient faire accréditer la thèse que le terrorisme est un phénomène, il faudrait tenir compte que son caractère durable et proliférant en fait pratiquement une réalité qu’on redoute de qualifier de sociale, car, malheureusement, les officiels qui affirment sans cesse que le terrorisme est un phénomène étranger à notre société n’apportent rien de positif sur sa connaissance, à part qu’ils incitent à faire l’économie de son étude.
Ceux-là se placent dans la ligne de ceux qui, au dernier séminaire sur la pensée islamique tenu en mai 1990 à Alger, avaient condamné à mort les sciences sociales pour la raison qu’elles utilisent les instruments d’analyse occidentaux pour expliquer l’islam et les musulmans.
B. M.
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