Les magistrats de la Cour des comptes expliquent pourquoi cette institution est paralysée

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Lors du sit-in des magistrats devant la Cour des comptes. PPAgency

Par Houari A. – Le Syndicat des magistrats de la Cour des comptes a répondu au président de la Cour sur ses dernières déclarations concernant le rôle de cette institution dans la lutte contre la corruption dans une interview accordée à l’agence officielle APS, le 29 avril dernier.

Le Syndicat, présidé par le juge Ahmed Chikhaoui, insiste, de prime abord, sur le fait que la Cour des comptes n’a jamais fonctionné «normalement» depuis 25 ans, accusant son président de donner de «fausses informations», de faire des «lectures restrictives des prérogatives et attributions de la Cour» et de «fuir ses responsabilités quant à la «gestion catastrophique» de celle-ci.

Pour ce Syndicat, la Cour des comptes «n’assure plus son rôle de pourvoyeuse de faits susceptibles de qualifications pénales depuis plus de vingt ans» bien que la loi lui fasse «obligation de contribuer, dans son domaine de compétence et à  travers l’exercice de ses attributions, au renforcement de la prévention et de la lutte contre les diverses formes de fraudes et de pratiques illégales ou illicites, constituant des manquements à l’éthique et au devoir de probité ou portant atteinte au patrimoine et aux deniers publics».

Réfutant les arguments du président de la Cour des comptes selon lesquels cette dernière n’aurait pas suffisamment de moyens humains et techniques pour lutter contre la corruption, le Syndicat l’accuse d’être le «premier responsable de cette situation», estimant que cette affirmation est un «aveu manifeste de l’échec de sa propre gestion» et celle de «son équipe» qui «n’a pas assumé ses responsabilités en matière de lutte contre les diverses formes de fraudes et de pratiques illégales ou illicites dans les entreprises publiques économiques, alors qu’ils (le président et ses collaborateurs directs, ndlr) sont à la tête d’une institution jouissant de prérogatives largement étendues».

Le Syndicat pointe une volonté du président de la Cour de vider celle-ci pour en affaiblir le rôle et réduire l’efficacité. Il lui reproche ainsi qu’à son secrétaire général d’avoir mis à la retraite des juges à un âge précoce et d’avoir gelé les recrutements. Le Syndicat exhorte, enfin, les pouvoirs publics à «demander au président de la Cour des comptes et à son secrétaire général de rendre compte de leurs 25 ans de gestion catastrophique qui a déconstruit complètement cette institution constitutionnelle».

H. A.

Comment (6)

    Zaatar
    13 mai 2019 - 19 h 34 min

    Il faut tout de même rappeler pourquoi la cour des comptes a été muselée depuis 20 ans. Tiens ça correspond au temps des 4 mandats présidentiels. Ca ne vous rappelle rien? Quelle institution a signifie à l’ex président qu’il était redevable d’une Somme colossale prise sur les comptes des ambassades au temps ou il était ministre des affaires étrangères ? Eh bien c’était la cour des comptes . Après sa traversée du désert et en revenant en 99, et en tant que président, le premier acte fût de rendre la monnaie de sa pièce à la cour des comptes en la rendant inopérante, elle ne servait à rien. La suite c’est maintenant.

    Anonyme
    13 mai 2019 - 13 h 03 min

    Vingt années d’un gangstérisme forcené imposé par une famille qui s’est arrogé un pouvoir pharaonique. Qu’en est-il de ces nobles principes de Justice que sont l’indépendance, l’impartialité, l’intégrité, la conscience professionnelle, la dignité, le respect, l’attention portés à autrui, dans une mécanique diabolique spécialement conçue pour démolir ? Il faut un président légitime qui désignera le responsable qu’il faut au département de la Justice, et c’est au bout de plusieurs mois d’effort et de réforme que prendra forme l’institution qui va tirer toutes les autres vers le haut.

    En attendant, il faut bien attacher sa ceinture pour les uns, et pour les autres pris dans le tourbillon de l’injustice, prendre son mal en patience.

    A quand la convocation de Tayeb LOUH, Tayeb BELAIZ et Tayeb BENHACHEM, premier gage d’une volonté sincère pour l’édification de l’Etat de droit.

    Apache
    13 mai 2019 - 10 h 41 min

    La première priorité est l’assainissement de la justice et de la Cour des Comptes. Sans cette action il n’ y aura aucun changement à la situation. Il faut faire dégager tous les juges corrompus en commençant par le Président de la Cour des Comptes, son Secrétaire Général ainsi que le Président de la Cour Suprême et ses très proches collaborateurs.

    ABC-NO
    13 mai 2019 - 9 h 48 min

    Le président appartient au clan d’oujda, le premier ministre aussi, le président du conseil constitutionnel C Kif-kif le président de l’assemblée des voyous encore du clan, le président du sénat de même, président du droit de l’homme c’est un très proche,, du cours des comptes aussi cousin du clan, reste le les moutons sont Algériens et pour combien de temps

    Blakel
    13 mai 2019 - 8 h 57 min

    Pour ceux qui sous entendent que c’est Mediene qui empêchait les enquêtes sur la corruption, je voudrais leur rappeler qu’avant son affaiblissement, puis sa dissolution, la DRS (notamment le SIE) enquêtait sur certaines affaires de corruption, comme les affaires Sonatrach, Autoroute Est-Ouest…. Et que ces enquêtes ont cessé suite au démembrement progressif de la DRS, suivi de la mise à la retraite de Mediene. Suite au transfert de certaines direction de la DRS sous l’autorité de G.Salah, et le rattachement des structures restantes à la Présidence (ainsi qu’à la mise à la retraite de Mediene), la corruption s’est amplifiée ces dernières années. Si c’était que Mediene qui empêchait les enquêtes sur la corruption, c’est le contraire qui aurait dû se produire : la corruption aurait dû baisser ces dernières années. Tout ça pour dire, que je crains que Gaïd Salah qui a couvert la « issaba » pendant 15 ans, ne soit en réalité pas meilleur que Mediene.

    Blakel
    13 mai 2019 - 8 h 28 min

    Comment rendre la justice, alors qu’il y a encore tant de résidus de l’ancien système Bouteflika-G.Salah qui occupent encore des postes stratégiques dans les rouages de l’Etat ?

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