L’avocat Salah Dabouz : «Le déni de justice est le pire des crimes !»

grève Dabouz
Maître Salah Dabouz en est à son 30e jour de grève de la faim. D. R.

L’avocat de la veuve de Kamel-Eddine Fekhar, décédé en prison, s’est exprimé récemment dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux. Salah Dabouz, qui en était à son 27e jour de grève de la faim au moment de son intervention, a tenu à rassurer sur son état de santé, en affirmant que son médecin lui a néanmoins conseillé de suivre certaines recommandations pour éviter que son cœur flanche. «Je tiens le coup», a rassuré l’avocat, qui a assuré qu’il était toujours en contact avec ses confrères, dont le bâtonnier Belantar qui l’a accompagné «durant toute cette cabale judiciaire», ainsi que le barreau de Boumerdès et des avocats de Béjaïa et de Tizi Ouzou, a-t-il dit.

«Je suis aussi en contact avec ma cliente, Mme Zahira Fekhar. C’est suite à toutes ces discussions que je prendrai une décision concernant le mode de contestation que j’ai choisi», a indiqué Maître Salah Dabouz, qui a insisté sur le fait qu’une grève de la faim «ne tue pas si on maintient un minimum d’alimentation qui peut nous permettre d’avoir un peu d’énergie, au moins pour assurer les fonctions vitales». «Quand on observe une grève de la faim, c’est que toutes les voies ont été fermées», a souligné l’avocat. «J’ai déjà expliqué les raisons de mon action. Je conteste un déni de justice. Je trouve que le déni de justice est le pire des crimes. Quand on conteste un déni de justice et que les autorités ne font rien, c’est encore pire. C’est une situation qui ressemble beaucoup au chaos. Si l’avocat crie au déni de justice, que peut dire le simple citoyen qui ne peut faire entendre sa voix ? Personne ne peut l’entendre si ce n’est pas une organisation ou une personnalité qui peut lui faire écho», a-t-il regretté.

«Je ne mène pas cette action pour dénoncer le déni de justice que je subis personnellement ainsi que mes clients, mais pour dire que dans ce pays, il y a un déni de justice flagrant. Beaucoup de citoyens n’ont pas accès à la justice. On leur ferme les portes, on leur complique les procédures qui – je peux vous l’assurer en tant qu’avocat –, dans certaines situations, sont très compliquées de façon que beaucoup de justiciables abandonnent leurs droits parce qu’ils ne peuvent pas poursuivre toutes les procédures compliquées que leur impose ce régime», a fait remarquer Maître Salah Dabouz soutenu par un très grand nombre de citoyens à travers les messages de sympathie qu’il reçoit.

«Il faut que tout cela change. Il faut absolument que cela change. Je continuerai à contester [cet état de fait] soit sous cette forme (la grève de la faim, ndlr), soit sous d’autres formes, pour essayer de changer quelque chose pour qu’au moins les justiciables, les citoyens, aient accès à la justice», a souhaité l’avocat, avant de s’interroger : «Pourquoi le citoyen ne peut-il pas déposer une plainte contre un responsable ? Pourquoi il n’y a que le gouvernement qui peut décider des poursuites engagées contre des responsables ? Pourquoi pas nous ? Pourquoi ne peut-on pas déposer une plainte contre Ouyahia et pourquoi faut-il que ce soit une décision politique ? Pourquoi ne peut-on pas intenter des procès contre des responsables qui sont en poste maintenant ? Pourquoi devrait-on attendre que ce soit le gouvernement qui le fasse ?» Et de répondre : «Cela prouve que la justice en Algérie est un instrument entre les mains du pouvoir.»

K. M.

Comment (4)

    C'est la chape de plomb de l'occupation française...
    11 août 2019 - 5 h 45 min

    …qui continue ou plutôt qui est reconduite, par paresse intellectuelle. On disait,  » un colonisateur français m’a frappé et je vais me plaindre auprès de son administration » !
    Ce déni de justice là, on continue de le vivre dans notre pays aujourd’hui, supposé être indépendant !
    Eh bien, notre salut, aujourd’hui, nous le devons à nous-mêmes en tissant des liens de solidarité avec le peuple qui a compris désormais la tartuferie. Du Nord au Sud ; de l’Est à l’Ouest, les algériens doivent se donner la main pour venir à bout de ces résidus de Aïssaba qui nous bectent notre oxygène. Il faut faire comprendre aux baltaguis et autres cachéristes que le temps travaille contre eux. Autant tourner leurs vestes dans la dignité que de se laisser traîner face contre terre dans très peu de temps !

    Anonyme
    10 août 2019 - 5 h 40 min

    «Pourquoi le citoyen ne peut-il pas déposer une plainte contre un responsable ? Pourquoi il n’y a que le gouvernement qui peut décider des poursuites engagées contre des responsables ? Pourquoi pas nous ? Pourquoi ne peut-on pas déposer une plainte contre Ouyahia et pourquoi faut-il que ce soit une décision politique ? Pourquoi ne peut-on pas intenter des procès contre des responsables qui sont en poste maintenant ?
    Vous étes un avocat mais ne saviez-vous pas que poursuivre une personne morale reléve du procureur général et du juge de la cours supprème seulement qui ont autorité en la matière. Il faut faire la distinction entre une personne morale et une personne phisyque. Un Ministre, un PDG, un Wali etc…. et tous ceux qui sont nommés par decrét présidentiel sont considéré comme des personnes morales et non physique donc il n’appartient pas au commun des mortels de les poursuivre. La seule façon de le faire c’est de poser une plainte en bonne et due forme avec des preuves solides sinon elle sera rejetée pour manque de preuves. Donc le deni de justice ne s’applique dans ses conditions et n’a pas force de loi.

    EL HACK
    9 août 2019 - 18 h 58 min

    La justice de Bouteflika et son clan de hors la loi comme chef de bande son frère Said et Tayeb Louh comme adjoint,ils ont fait tout pour incité la population a se révolté contre l’injustice pratiquée volontairement par ce clan Marocain;et grace a Dieu l’Algérie est intacte,et c’est Eux qui sont en Taule on espérant qu’ils resteront jusqu’à leurs fin

    MELLO
    9 août 2019 - 17 h 06 min

    « La justice en Algérie est entre les mains du pouvoir » conclut Me Salah Debbouz. Ce n’est un secret pour personne , que toutes les affaires qui ont défrayé la chronique, depuis deja de longues années , furent jetées aux oubliettes pour certaines et traitées d’une manière aléatoire pour d’autres . Un grand homme , Benyoucef Mellouk , souffre de cette dénonciation qui dure depuis trois décennies. Pour Si Mellouk , les magistrats de la cour suprême ont été parachutés par Ahmed Ouyahia . Il atteste que la cour en question est la plus pourrie de l’appareil judiciaire. Eux c’est le système et le système c’est eux , dira t il. Il faudra les déraciner et les remplacer par des juges honnêtes.
    La justice reste le troisième pouvoir au coté de l’exécutif et du législatif. Une justice indépendante est le début d’un processus de changement . On vient de le voir au tribunal de Annaba , avec la décision de Mme la Juge Semah qui a libéré le jeune Fetissi, emprisonné illégalement pour avoir porté l’emblème Amazigh.
    Que Dieu préserve des Hommes et des femmes comme Benyoucef Mellouk, Salah Debbouz et Ghania Semah.

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