36e vendredi de manifestation : les Algériens dénoncent «l’humiliante rencontre» de Bensalah avec Poutine
Par Mounir Serraï – Les Algériens sont sortis massivement en ce 36e vendredi de marche contre le régime en place et pour le changement total du système politique. La mobilisation a été encore plus importante en cette veille de la clôture du délai de dépôt de candidatures pour l’élection présidentielle du 12 décembre.
Les manifestants ont réitéré énergiquement leur rejet de ce scrutin et exigé un processus de transition afin de baliser le terrain à un véritable exercice démocratique. Tout en s’opposant à ce qu’ils considèrent comme une tentative de recyclage du régime qui a conduit le pays à la crise actuelle, les manifestants ont vivement dénoncé le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, et le contenu de son entrevue avec le président russe, Vladimir Poutine.
Bensalah avait précisé dès le début les raisons qui l’ont poussé à demander un entretien avec le président russe. «J’ai demandé cet entretien pour vous rassurer que la situation est maîtrisée et que nous sommes capables de surmonter cette étape cruciale», a-t-il déclaré d’entrée au président russe, qui esquissait un sourire narquois.
Bensalah est allé jusqu’à accuser devant le président russe et une foule d’étrangers, «les médias» en général, donc certainement aussi les médias algériens, de «renvoyer une image exagérée de ce qui se passe en Algérie» et de «relayer des informations peu crédibles». Il parle de «quelques personnes qui sortent périodiquement dans la rue…».
Les manifestants sortis ce vendredi sur l’ensemble du territoire national lui ont donc répondu haut et fort en l’accusant d’avoir humilié l’Algérie entière en se prosternant devant un chef d’Etat étranger. Ils ont scandé des slogans contre le chef de l’Etat mais aussi le chef d’état-major qu’ils accusent d’avoir imposé son agenda au peuple algérien dans le but de permettre au système politique de se recycler sous un autre visage.
Des centaines de milliers d’Algérois ont investi le centre de la capitale, rappelant ainsi les premières semaines de mobilisation contre le cinquième mandat. Munis de drapeaux, les manifestants n’ont cessé d’exprimer leur rejet de cet agenda électoral, jugé contraire à la volontaire populaire. Des foules se sont déplacées des différents quartiers populaires de la capitale, tels que Bab El-Oued, Belouizdad, Hussein Dey et El-Harrach. De la Place des Martyrs, à la Grande-Poste, du 1er-Mai au boulevard Amirouche, du Sacré Cœur, sur les hauteurs de Didouche-Mourad, à la Place Audin, les manifestants ont affiché leur détermination à poursuivre le combat pour empêcher le recyclage du système corrompu.
«Dégage Gaïd-Salah, il n’y aura pas de vote ! » scandaient les manifestants qui disent «vouloir libérer l’Algérie» de la caste au pouvoir. Les manifestants scandent également «Yal khawana baâtou leblad (vous avez vendu le pays, traîtres !)». Ils ont également appelé à la libération des détenus politiques en scandant «Talgou wladna, ediw wlad el-Gaïd (libérez nos enfants, prenez ceux de Gaïd)».
Des appels ont été lancés lors de cette marche pour une mobilisation exceptionnelle le vendredi prochain qui coïncidera avec la fête du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er novembre 1954.
M. S.
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