Du devoir de sauver sa patrie du ridicule

5e mandat mouvements citoyens
Les Algériens insurgés contre ce qu'il considèrent être un 5e mandat bis. PPAgency

Par Saadeddine Kouidri – Le monde actuel est traversé par des mouvements citoyens portés par la majorité des peuples exigeant une politique qui assure tout simplement à tous et à toutes la dignité adossée à l’espoir et non aux cauchemars où les a plongés la mondialisation du capitalisme voilà des siècles. Il est stupide de qualifier ce système de libéralisme et encore moins de néolibéralisme, sauf pour les bourgeois et leurs valets évidemment, dont les métaphysiciens et autres matérialistes passifs. Ces derniers trouvent incongru la révolte du citoyen alors que ce dernier ne se considère citoyen que s’il se révolte devant l’injustice. On sait que le pouvoir inhibe l’empathie comme on sait aussi que la discrimination est le premier signe de la conscience primaire, animale. On peut donc situer les racines du racisme, du mépris, etc., chez l’individu. Nous savons aujourd’hui plus qu’auparavant qu’ils ne sont pratiqués que par une infime minorité des peuples ; ceux qui gouvernent et leurs acolytes.

L’acquis irréversible du Mouvement du 22 Février est la plongée sur la scène politique de la jeunesse algérienne. Le peuple dans son écrasante majorité se félicite de cela, approuve l’appel au changement du système qui a mené au 5e mandat, en cours à ce jour.

Il est aberrant d’inviter le peuple aux élections tout en caporalisant les médias, en emprisonnant des citoyens pour délit d’opinion ou en décourageant, c’est le moins que l’on puisse dire, d’autres à rejoindre la manifestation.

Commis dans la précipitation, tous les abus auraient pu être corrigés, aplanis à l’occasion de ce 1er Novembre 2019, lors de la célébration de ce 65e anniversaire du déclenchement de la Révolution armée. Il n’en fut rien et la condamnation arbitraire ce mardi 12 novembre des jeunes porteurs du drapeau amazigh annonce encore une fois que la justice est aux ordres et tente de décourager la mobilisation des robes noires à l’indépendance de la vocation. Cela prouve que cette institution est toujours aux mains de la réaction. En parti seulement puisque on apprend que le tribunal de Bab-El-Oued, contrairement à celui de Sidi M’hamed, a relaxé les prévenus.

Une partie du pouvoir judiciaire s’oppose donc au mouvement citoyen. Quelle est la raison ?

Avant le 22 février, le peuple était intimidé. L’épée de Damoclès était comme suspendue sur sa tête pour le ramener aux années sombres, à l’obscurantisme. Il était dans sa majorité opposé au système sans l’audace de le clamer ensemble, en public. Depuis que le cadre du président déchu avait été présenté pour un 5e mandat, l’intimidation s’est évaporée et, depuis, il ne considère pas qu’il est dans une opposition politique mais dans le devoir de sauver sa patrie du ridicule.

Et c’est le pouvoir qui a peur parce qu’il est en opposition à la sauvegarde de la patrie ; lui qui se targue de nous sécuriser. Ce paradoxe le met sur la défensive. On peut donc dire que «la peur a changé de camp». Cette affirmation nous rappelle la fameuse injonction de l’illustre Réda Malek adressée à l’hydre islamiste. Une patrie ne doit pas seulement sécuriser mais faire vivre son peuple dans la dignité et espérer un avenir pour ses enfants. Dans ce cas, le militaire et la religion doivent être évacués du domaine politique

Pour cela, faut-il revendiquer en premier une constituante ? Faut-il demander une transition ?

A vrai dire, la transition a été entamée le 22 février dernier et elle a adopté «yetnahaw gaâ» comme programme qui a comme préalable le bannissement du 5e mandat et la mise hors d’état de nuire son personnel dirigeant.

La lutte des journalistes, des magistrats, des médecins, des travailleurs en général et les luttes pour l’égalité et la séparation de la religion de la politique doivent s’adosser au mouvement pour asseoir leurs droits.

On sait, par exemple, que les choses auraient changé en faveur du Mouvement si les robes noires avaient persévéré dans leur grève jusqu’à enclencher le processus de l’indépendance de la justice, sachant que les élections prévues le 12 décembre ne pouvaient pas se tenir sans les juges.

Si le 12 décembre est une échéance cruciale, elle n’est pas déterminante. Le président élu, si les élections se tiennent, aura face à lui une jeunesse politisée consciente des enjeux. Le pouvoir actuel en présentant les cinq candidats poursuit la politique du 5e mandat à laquelle elle est rodée depuis au moins vingt ans, celle de la corruption, celle de l’asservissement, celle de la réconciliation avec les assassins au dépend des victimes du terrorisme islamiste, celle qui a laissé assassiner Mohamed Boudiaf, qui a éliminé le général Mohamed Lamari en se servant du général Toufik, celle qui méprise le peuple à un point inimaginable. Combien de fois le vice-ministre-président promet des révélations et s’abstient de les donner ? Pour ce chef d’état-major, si le soldat doit obéir à sa hiérarchie, le citoyen apparemment doit faire de même. On constate qu’il ne sait pas faire la distinction entre un civil et un militaire. Il a décrété que le drapeau amazigh «est illégal», alors que la Constitution reconnaît l’amazighité de l’Algérie ! Il décide qu’il est au-dessus de la Présidence et, par conséquent, il peut donner des ordres à tout le monde, y compris aux magistrats. Il incarne le système que le Mouvement rejette.

L’échéance du 12 décembre qu’il a fixée est un défi au Mouvement. Si au 1er Novembre 1954 il se disait dans les chaumières «il faut aller jusqu’au bout pour libérer le pays», le 1er Novembre 2019, qui coïncidait avec le 38e vendredi de manifestations pacifiques à travers tout le pays, il s’est dit au palais qu’«il faut aller jusqu’au bout pour asservir le peuple». La conscience des dirigeants actuels est celle du bourgeois non productif spécifique aux pays sous-développés, celle de dirigeant qui pense que le poste de responsabilité est un héritage, comme dans les monarchies. Le premier président post-Mouvement du 22 Février sera perpétuellement sur des charbons ardents. Et quand on sait que le silence des peuples est le premier allié des dictateurs, on ne peut d’ores et déjà que s’en féliciter.

S. K.

 

Comment (7)

    Brahms
    17 novembre 2019 - 18 h 57 min

    Qui va boucher les trous du gruyère troué depuis des décennies. Vos mensonges plus personne n’en veut. Vous avez vidé les caisses donc personne ne mettra de l’argent au pot. Les avions et les bateaux sont vides chaque jour, chômage technique en vue puis faillite via le Fonds monétaire international et le Fmi. L’année 2019, une année blanche. Dinar faible non échangeable et escrocs en fuite avec des milliards d’euros. Qui peut croire à ce pays inter dépendant (colonisé par des entités étrangères). Les masques sont tombés, vous êtes finis. Vous pouvez radoter plus personne ne croira à vos balivernes. Adios Amigos.

    Abou djahel
    17 novembre 2019 - 0 h 20 min

    Pas devant son ordinateur et a dès milliers de km D’Alger.tes enfants sont bien à l’abri.
    … descend au bled et montre nous ton courage!…

    LE PEUPLE...
    16 novembre 2019 - 18 h 46 min

    …dit que ces éléctions sont annulées d’avance.Compris?

    Brahms
    16 novembre 2019 - 17 h 31 min

    Bouteflika et ses marionnettes. Rien de bon pour le pays en 20 ans. Quel désastre économique et financier. Ces gens ont en plus des doubles discours, que des menteurs et des voleurs, n’aimant que l’argent, …

    Vérité
    16 novembre 2019 - 12 h 12 min

    Les Marocains d’Algérie ont détruit une grande partie du pays a leurs tètes le grand traitre Bouteflika et son clan d’oujda avec la complicité de certains collabos d’ex occupant,en particulier ceux qui l’ont soutenus pour le quatrième et cinquième mandats,et aujourd’hui ils se revendiquent des vrais patriotes aimant la patrie et son peuple;comme le caméléon a majorité ils vient en Algérie.Certainement il a du contaminé nos dirigeants et hommes politiques y compris nos généraux

      Felfel Har
      16 novembre 2019 - 23 h 44 min

      @Vérité
      Il ne faut surtout pas absoudre les chameliers de la péninsule arabique qui tentent d’imposer des régimes militaires en Algérie, en Libye, au Soudan. S’ils étaient aussi favorables à ce type de despotisme, pourquoi ne le promeuvent-ils pas chez eux?
      Salutations!

    ABOU NOUASS
    16 novembre 2019 - 9 h 25 min

    Le message est clair , on ne se taira plus, et nous irons jusqu’au but final : notre liberté , rien que la liberté et toute notre indépendance.

    Qu’on se le dise !!!!!!!!!!!!!

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