Sadi accuse : «Le pouvoir entretient des relations maffieuses avec le Golfe»
Par Houari A. – «Il est heureux que des jeunes parlementaires européens s’adressent à l’Algérie en adultes pour dire enfin que [les] marchandages obliques hérités d’une décolonisation mal digérée doivent cesser, ce qui devrait nous agréer car, en l’occurrence, ils pénalisent d’abord le peuple algérien», a affirmé Saïd Sadi dans un message posté sur sa page Facebook, suite à la levée de boucliers de la part du pouvoir en réaction à la résolution adoptée par le Parlement européen sur les abus constatés en Algérie. Par «marchandages», l’ancien président du RCD entend les «obscurs contrats engageant des secteurs stratégiques [qui] sont passés avec des pays du Golfe dans une totale opacité ou en marge des règles les plus élémentaires régissant la concurrence». «Englués dans une politique d’infantilisation du peuple dont ils sont les derniers à ne pas avoir saisi l’insanité et l’obsolescence, nos tyrans nous expliquent que ces relations maffieuses sont le socle de la souveraineté nationale. En la circonstance, nous ne sommes pas dans une situation d’ingérence mais une mise sous protectorat», s’est-il indigné.
Pour Saïd Sadi, «l’approche du 12 décembre va précipiter un certain nombre de décisions et de déclarations d’opportunité». L’une d’entre elles, selon lui, est «la levée des scandaleux blocages dont a été victime le groupe Cevital». «Conséquence directe, explique-t-il, du nouveau regard porté par l’Europe à l’Algérie.» «C’est d’abord un message délivré aux opérateurs européens qui désertent les uns après les autres le marché algérien. Secondairement, c’est aussi une manœuvre destinée à atténuer en Kabylie le rejet unanime du vote», a affirmé Saïd Sadi qui estime que la présidentielle du 12 décembre «doit être disqualifiée car si elle venait à être exécutée, même dans les conditions folkloriques qu’on lui connaît, le pays sera exposé dès le 13 décembre à une dynamique socio-politique qui risque, à court terme, de sortir du cadre pacifique qui a prévalu jusque-là».
«Dans ces instants de bouleversement historique, le sang qui vient de couler à Bouira doit interroger tout un chacun, y compris, et peut être d’abord, les esprits les plus cyniques», a conclu l’ancien président du RCD qui a qualifié la réaction effarouchée du pouvoir à la résolution du Parlement européen de «pathétique niaiserie» et de «complexe du colonisé», tout en rappelant l’«honnêteté» et la «rigueur» avec lesquelles André Glucksmann, le père du député auteur de la résolution sur l’Algérie, avait exposé «les tenants et aboutissants de la tragédie qui ensanglantait le pays» à la suite de sa visite en Algérie en 1998.
H. A.
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