Le patron de Cevital Issad Rebrab quitte la prison : libéré mais pas acquitté
Par Nabil D. – La libération de l’homme d’affaires Issad Rebrab, ce mercredi, peut paraître comme une «victoire», mais ce n’en est pas une. Le patron de Cevital quitte la prison non qu’il ait eu gain de cause mais parce qu’il aura «purgé» une peine de deux ans de prison, dont six mois ferme, assortie de plusieurs amendes, prononcée par la justice tard dans la nuit de mardi.
L’arrestation, l’emprisonnement puis la condamnation d’Issad Rebrab avaient paru incongrus depuis le début. Ayant depuis toujours fait front au clan de Bouteflika et à l’oligarchie qui gravitaient autour du cercle présidentiel, d’aucuns s’attendaient à ce qu’il soit rétabli dans ce qu’il considère être son droit et à ce que les blocages qu’il avait subis soient enfin levés. Issad Rebrab avait même, avant la chute de Bouteflika, fait une démonstration de force à Béjaïa où des dizaines de milliers de citoyens avaient manifesté, bien avant le déclenchement du Mouvement de contestation populaire, pour dénoncer l’acharnement administratif et politique contre celui qui a été à l’origine de la création de la richesse et des emplois dans cette wilaya et dans d’autres régions du pays.
Mais les récipiendaires du pouvoir, après la démission forcée de Bouteflika et l’anéantissement de l’aréopage de businessmen qui profitaient des largesses du régime, ont intégré le magnat de l’agroalimentaire dans la liste des hommes d’affaires à «abattre», en s’appuyant, paradoxalement, sur les mêmes motifs invoqués lorsque Bouteflika tenait encore les manettes du pouvoir.
Une situation inexplicable sur le plan économique mais que les observateurs avisés avaient interprétée comme un prolongement «normal» des pratiques abusives du système et de sa doctrine fondée sur l’allégeance et la loyauté au clan.
Issad Rebrab quitte donc la prison, mais son plaidoyer n’aura été pour rien dans cette liberté retrouvée, puisque les griefs pour lesquels il a été incarcéré sont retenus contre lui. Dans un communiqué rendu public trois jours avant le procès, la direction de Cevital réfutait les «accusations infondées» dont le patron du groupe fait l’objet dans l’affaire EvCon Industry, expliquant qu’«il n’y a jamais eu de surfacturation dans les pratiques» du plus grand groupe industriel algérien.
Le tribunal de Sidi M’hamed en a décidé autrement. Issad Rebrab va-t-il casser ce jugement ou tourner la page de ce malheureux épisode dans sa longue carrière ?
N. D.
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