Alger et Paris reportent les nombreux contentieux bilatéraux qui fâchent
Par Mohamed K. – La visite de Jean-Yves Le Drian à Alger, ce mardi, a suscité un grand intérêt chez les médias des deux rives de la Méditerranée. Côté algérien, ce déplacement du chef de la diplomatie française en Algérie est synonyme de la fin d’une période de froid qui a marqué les relations entre Alger et Paris après la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika. En quête de légitimation à l’international, la nouvelle direction politique issue de la présidentielle controversée du 12 décembre dernier a su profiter de la crise libyenne pour se rapprocher des capitales qui comptent à partir de Berlin où Abdelmadjid Tebboune a pris part à la conférence sur la Libye.
Au lendemain du rendez-vous allemand, Emmanuel Macron a dépêché son ministre des Affaires étrangères à Alger pour prendre attache avec les nouvelles autorités afin d’aborder deux questions qui inquiètent Paris au plus haut point, reléguant au second plan celles qui concernent les relations bilatérales. Les crises en Libye et au Sahel sont les deux points essentiels pour lesquels Jean-Yves Le Drian s’est rendu en Algérie en urgence, au lendemain de la rencontre de Berlin qui s’est soldée par un communiqué final exhortant les parties au conflit à privilégier la voie du dialogue. Or, l’Algérie, qui maintient sa position constante de refus de toute ingérence étrangère dans la crise libyenne et qui compte bien faire entendre sa voix dans ce dossier, apparaît comme le seul pays capable de réunir l’ensemble des protagonistes de la guerre civile dans ce pays voisin.
Le dernier exercice militaire effectué par l’armée algérienne au plus près de la frontière avec la Libye est un message qui semble avoir été reçu cinq sur cinq par les Etats qui se livrent une guerre par procuration en Libye. Abdelmadjid Tebboune avait dû user d’un langage à la limite de la menace pour imposer la présence de l’Algérie à la conférence de Berlin, de laquelle elle a failli être exclue. Son absence dans la capitale allemande aurait rendu la rencontre caduque.
La France est consciente du rôle que l’Algérie aura à (re)jouer dans la crise libyenne, mais aussi, et c’est le second point abordé par Le Drian à Alger, dans la lutte contre le terrorisme islamiste dans le Sahel. Emmanuel Macron a été lâché par Donald Trump, empêtré dans ses problèmes de destitution et l’enlisement en Irak où les mollahs l’ont défié en tirant une salve de missiles sur des bases américaines, sans qu’il puisse réagir au risque de provoquer un conflit généralisé dans la région auquel les Etats-Unis ne pourront pas faire face.
Paris ne pouvait donc pas attendre davantage avant de se tourner à nouveau vers l’Algérie et son nouveau chef de l’Etat, arrivé au pouvoir à l’issue d’un scrutin contesté mais qui est devenu, par la force des choses, un interlocuteur incontournable après une longue période de vide induite par l’absence de l’Algérie sur le plan international due à la longue présidence fantomatique de Bouteflika qui aura duré six longues années.
Les questions qui concernent les relations entre les deux pays ont, elles, été reportées à de prochaines rencontres. Il sera notamment question, en termes diplomatiques, du déplacement des personnes, autrement dit de l’octroi des visas pour les Algériens, des intérêts économiques de la France en Algérie et du contentieux historique entre les deux pays.
M. K.
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