Un journaliste espagnol révèle les dessous de l’alerte terroriste à Tindouf
Par Karim B. – Le journaliste et militant espagnol Luis Portillo Pasqual del Riquelme s’est intéressé à la mise en garde contre une «supposée menace terroriste imminente» à Tindouf. Il a interrogé deux experts espagnols qui «ont depuis longtemps souligné le contexte géopolitique et les intérêts qui sous-tendent l’utilisation de la prétendue menace terroriste en relation avec les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, le Front Polisario ou la lutte légitime du peuple sahraoui pour sa liberté et son indépendance».
Carlos Ruiz Miguel, professeur de droit constitutionnel, directeur du Centre d’études sur le Sahara Occidental (SACO) de l’Université de Saint-Jacques de Compostelle, coauteur du Dossier juridique sur le Sahara Occidental, a souligné que «parfois, la menace djihadiste est une création des services de renseignement qui cache, entre autres, un conflit géopolitique entre Etats, comme dans le cas du Maroc». «Le terrorisme, explique-t-il, est utilisé pour créer de l’instabilité dans des Etats à l’égard desquels il existe une hostilité, comme c’est le cas de la France avec l’Algérie depuis son indépendance en 1962».
Selon Carlos Ruiz Miguel, le Maroc cherche à «introduire la variable du terrorisme dans le conflit du Sahara Occidental et à remettre en question l’idée que le territoire de la RASD-Polisario est sûr». «Concernant le premier aspect, précise-t-il, le Maroc affirme depuis longtemps que les rapports du secrétaire général de l’ONU sur le conflit du Sahara Occidental font référence au terrorisme. Le Maroc a imaginé mille et une opérations pour introduire cette variable dans le conflit, allant même jusqu’à découvrir un prétendu arsenal d’un prétendu groupe supposé terroriste à Amgala, dans la zone marocaine occupée du Sahara Occidental».
«L’idée de la prétendue insécurité du territoire contrôlé par la RASD a déjà été lancée en 2009 lorsque des coopérants espagnols avaient été enlevés en Mauritanie au moment même où le Maroc avait un sérieux problème avec la déportation d’Aminatou Haidar», a encore indiqué Carlos Ruiz Miguel, qui affirme qu’«à cette occasion, il a même été dit que le ravisseur aurait conduit les otages à travers le territoire libéré de la République sahraouie, ce qui laisse entendre que cette dernière ne sécurisait pas correctement son territoire. Cela s’est avéré faux». L’enlèvement de deux humanitaires espagnols et d’une Italienne dans les camps sahraouis en octobre 2011 avait le même objectif, selon lui.
K. B.
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