Macron subjugué par le nombre de médecins algériens qui entourent Raoult
Par Abdelkader S. – Le président français Emmanuel Macron n’a pu cacher son ébahissement en constatant que la majorité des médecins qui travaillent dans le service du professeur Didier Raoult à l’hôpital de la Timone, à Marseille, sont des Algériens, dont beaucoup sont jeunes. Une situation qui suscite à la fois un sentiment de fierté et d’admiration mais qui pose également de nombreuses interrogations.
Abdallah Zekri se souvient qu’au début des années 2000, au sortir de la décennie noire, un grand nombre de médecins algériens exerçaient déjà dans ce grand établissement hospitalier où il dirigeait une aumônerie qu’il voulait multiconfessionnelle. «Nos médecins qui sortaient frais émoulus des universités algériennes quittaient le pays pour pouvoir remplir leur noble mission convenablement et, surtout, pour fuir l’incurie des responsables locaux qui ne se souciaient guère d’améliorer leurs conditions sociales et leur environnement professionnel», a-t-il confié, avec un pincement au cœur.
«Les médecins algériens, malgré leur compétence et leur sérieux, étaient pourtant relégués au rang d’infirmier en matière de salaire et assuraient des heures interminables de gardes pour pouvoir arrondir leurs fins de mois», a regretté Abdallah Zekri qui a été témoin de cette injustice due aux lois françaises et au problème d’équivalence des diplômes. «Comment voulez-vous qu’un médecin puisse travailler sereinement lorsque sa rémunération est ridicule par rapport à ce que gagne un joueur de football et travaille dans un établissement hospitalier géré par un inculte qui ne comprend rien ni à l’administration ni à la médecine ?» s’est-il insurgé, en rappelant, écœuré, que des députés censés représenter la communauté algérienne à l’étranger ont voté avec zèle en faveur de l’article 51 qui exclut la diaspora algérienne des postes de responsabilité dans leur propre pays, alors même que certains de ces mêmes députés ont la double nationalité.
Abdallah Zekri n’a pas manqué de reprocher aux autorités algériennes d’avoir fait appel prioritairement aux médecins chinois et de n’avoir pas sollicité les scientifiques algériens qui font les beaux jours de la médecine occidentale, que ce soit en France ou ailleurs. A ce propos, il fait un parallèle avec les Etats-Unis qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont récupéré un grand nombre de savants allemands sans se soucier de leur obédience, l’essentiel pour les très pragmatiques Américains étant de profiter de leur science et de leur expérience. «Au lieu de cela, l’Algérie, par une loi scélérate, excommunie ses propres enfants et prive le pays d’une matière grise sollicitée partout dans le monde», s’insurge Abdallah Zekri qui, comme de nombreux citoyens, regarde impuissant le pays sombrer dans la déliquescence aggravée par l’ostracisation imposée à l’élite intellectuelle aussi bien dans le pays qu’à l’étranger, empêchant ainsi l’Algérie d’avancer d’un pas résolu vers la modernité et le progrès.
Pendant ce temps, des cohortes d’universitaires algériens, toutes spécialités confondues, continuent de chercher les conditions idoines pour pouvoir exprimer leur talent sous d’autres cieux, loin de l’impéritie de responsables dont les réflexes archaïques demeurent chevillés au corps, au point d’exiger une équivalence à des chercheurs et des cerveaux algériens diplômés des plus grandes universités mondiales avant de pouvoir apporter leur contribution à leur pays d’origine. Découragés, ils finissent tous par reprendre l’avion la mort dans l’âme.
A. S.
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