C’est la distanciation et non le confinement qui est un combat collectif et social
Par Saadeddine Kouidri – La Chine a-t-elle sous-estimé le civisme de son peuple ? Craignait-elle plus la voracité des bancocrates ou le changement ? Elle a donc pratiqué, pour des raisons encore inconnues, le confinement pour vaincre le Covid-19 alors que son séquençage par ses propres savants indiquait simplement la pratique de la distanciation. Sa victoire a fait de sa pratique un exemple dans le monde. Cela ne peut justifier l’erreur, surtout qu’elle est aléatoire car le temps est déterminant. Le fait de ne pas le reconnaître pousse certains gouvernements occidentaux à justifier leur aveuglement, en attribuant à d’autres le drame que subit leur peuple. Ils inventent des boucs émissaires. Jugeons ensemble. Dès le début de l’épidémie, les Américains reprochent à la Chine d’avoir tardé à donner l’information sur le virus. L’OMS dément.
Par la suite, la France sort de son tiroir un prix Nobel de médecine pour affirmer que Covid-19 est une création du laboratoire chinois. Les scientifiques, y compris aux Etats-Unis, témoignent du contraire. Le coronavirus «n’a ni été fabriqué par l’homme, ni génétiquement modifié», a déclaré le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI). Devant ces vérités, les détracteurs changent de fusil d’épaule en inventant de nouvelles excuses à leur pitoyable gestion de la pandémie qu’illustre l’exemple du masque. Il n’était pas nécessaire de le porter, disait Macron, quand il y avait la pénurie et qui devient obligatoire en France par la suite.
Malgré plus d’un revers, ils persistent et tentent encore une fois de brouiller la piste du Covid-19 en distillant une fake news. Cela ne nous dérange pas s’il n’associait pas l’Algérie à cette nouvelle aventure qu’un quotidien national s’est empressé de propager comme suit : «Les souches virales importées de France sont d’origine inconnue…» «Les souches qui circulent en Algérie sont identifiées comme étant identiques à celles retrouvées dans la région du nord de la France.»
Il est utile de signaler que la Chine s’est mise à la pratique de la distanciation sociale suite aux nouveaux cas de contamination, et qui s’avère efficace. Comment en être autrement quand on ne sait rien de la durée de vie du virus et quand on est dépourvu de médicament avéré ou du vaccin ? Si la distanciation sociale a des exigences difficiles à mettre en pratique, elle est la plus efficace car le confinement, même partiel, est une astreinte et, comme toute astreinte, elle est irrationnelle, d’une part, et aux conséquences inconnues, qui peuvent être graves à partir d’un certain temps, d’autre part.
Récemment, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, demande aux citoyens d’être conscients des mesures du gouvernement. C’est à se demander comment un citoyen lambda peut être conscient du confinement quand le gouvernement n’a, à aucun moment, daigné le consulter sur le sujet. Le citoyen est donc astreint au confinement et nous savons tous que l’ordre a des limites, surtout quand il est accompagné de menaces et non d’arguments supplémentaires sur le sujet. Il faut avouer que la mesure de confinement est due à l’incapacité du gouvernement de fournir les moyens (dépistage, test, masque). Il n’assume pas son incapacité puisqu’il n’en parle pas, et s’il n’en parle pas c’est parce qu’il pense que le peuple n’est pas capable de comprendre et lui attribut sa propre faiblesse qui est de croire que la distanciation n’est pas à sa portée.
C’est la distanciation et non le confinement qui est «un combat collectif et social» que le mouvement citoyen du 22 Février, le Hirak, aurait pu mener. C’est certainement cette perspective que le pouvoir craint le plus et, dans ce cas, comment s’adresser à la conscience des citoyens tout en voulant les confiner ?
S. K.
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