Le monde va-t-il être entraîné à la guerre la fleur au fusil ?

Trump scientifiques
Lors d'une visite du président Trump aux soldats américains. D. R.

Par Ali Akika – Les scientifiques travaillent sur du concret et sans relâche par découvrir les «secrets» de ce nouveau virus, alors que les cerveaux des «sciences économiques» spéculent sur un monde économique vieux de cinq siècles. Les premiers avancent car leur domaine ne supporte aucune intrusion autre que les règles scientifiques qu’ils conjuguent avec leur intuition, laquelle est le fruit de leur expérience. Les seconds pataugent dans les marais de l’idéologie, alors que l’économie est une «science» si dépendante du politique et de tant d’héritages culturels, sans oublier les rapports de force qui s’affrontent sur la scène internationale. On le voit bien à travers les guerres commerciales dont le but est de soumettre l’autre et préserver ainsi des privilèges. Quelles sont les voies offertes au monde à l’issue de la cogitation des cerveaux de «nos» économistes ?

Pour les uns, les nouvelles technologies vont être salvatrices et vont amplifier la mondialisation. Pour les autres, il faut, au contraire, desserrer le carcan de cette mondialisation et revenir au «localisme» industriel – qualité de vie, non-gaspillage des ressources, protection de la nature obligent. Les deux thèses flirtent, théoriquement en apparence, avec la réalité en surfant sur les «triomphes» du système pour les uns et pour les autres, sur les peurs et les contraintes du monde actuel. Ni les uns ni les autres ne font allusion à un possible «contournement» du fameux horizon indépassable du capitalisme. Pour tout ce beau monde, l’apparition du coronavirus est une affaire strictement médicale qui sera réglée un jour ou l’autre. Sauf que le coronavirus a surgi dans un monde qui connaît des cycles de crise de plus en plus rapprochés, un monde «esclave» des enchevêtrements des réseaux économiques et financiers et, qui plus est, traverse une période de tension et de guerre qui ne vont pas disparaître avec la fin de cet «ennemi insaisissable».

Et si l’on ajoute que ce nouveau virus arrive à la suite d’autres calamités comme la grippe aviaire, celle de la «vache folle», d’Ebola et du sida, l’équation se complique et on ne peut se satisfaire de la simpliste réponse «on finira par terrasser ce virus». Car, enfin, et on le sait, l’histoire des maladies et des épidémies est liée aux conditions matérielles de la production des richesses, du mode de vie des sociétés, de leur rapport à la nature/animaux, etc., pour croire que l’économie se déroule et s’épanouit dans un monde à elle, merveilleux et intouchable. La preuve nous est fournie par des faits et des images. Le Codiv-19 a touché de grands pays et leurs grandes métropoles et les Etats de ces pays s’en sont trouvés démunis pour offrir de simples masques et tests qu’ils ont royalement méprisés en les délocalisant dans des pays dont le coût des salaires est faible.

Tous ces facteurs ont rendu les situations de plus en plus complexes au fil du temps. Si l’on part de l’essence, du socle de l’économie moderne, à savoir le travail producteur de richesse qui se traduit par la plus-value (1), on rendra moins «mystérieuses» les notions de mondialisation, financiarisation de l’économie. La manière de produire cette plus-value et de la distribuer, aussi bien à l’intérieur d’un pays qu’à l’échelle internationale, explique à la fois les tensions sociales internes et les guerres ouvertes ou souterraines sur la scène internationale. Ainsi, vouloir réaménager la mondialisation sans toucher à la sainte plus-value qui est à l’origine des injustices sociales et de l’hégémonie des grands pays sur les petits pays, relève du cynisme ou de la naïveté qui frise l’infantilisme.

Naïveté car croire que le Codiv-19 est un agent destructeur et non un simple révélateur, c’est détourner les yeux alors que la maison brûle – formule de Jacques Chirac. Naïveté de croire que les guerres commerciales menées par un certain pays et accompagnées de sanctions et embargos sortent du seul cerveau du Président de ce pays, relève d’une ignorance du «secret» de l’économie ou bien d’un cynisme qui risque de coûter cher à l’humanité. La question, la vraie, qui se pose au monde entier, ce n’est pas un simple toilettage qui va empêcher l’édifice de prendre l’eau, mais allons-nous sortir de cette crise sans tomber dans l’irréparable ?

Comme à la suite de la crise de 1929, enfant de la Première Guerre mondiale où le capitalisme prit en sandwich entre les ravages endurés par l’Europe en guerre et la peur de la révolution russe. Et cette Première Guerre mondiale et la Révolution russe «préparèrent» la suivante, celle de 39/45. Le système dominant se «stabilisa» en cohabitant «pacifiquement» avec l’URSS après l’écrasement du nazisme. Va-t-il aujourd’hui, pour perdurer, s’engager dans la voie dangereuse pour éliminer les contradictions qui vont faire grincer sa machine ? Le monde est en droit de se poser cette interrogation quand un grand homme, Jean Jaurès, qui a été assassiné à la veille de la Première Guerre mondiale, a vu juste en disant que «le capitalisme porte en lui la guerre comme la buée porte l’orage». Les paradoxes que l’on voit et l’impuissance de grands Etats dans leur gestion de la crise du Codiv-19 sont les produits des contradictions économiques du système, aggravées par l’absence d’une vision politique à la hauteur de la complexité de la crise, vision dont le rôle est de se projeter dans l’avenir et de maîtriser les rapports de force sur la scène internationale.

On a envie, évidemment, d’échapper à la fatalité de la guerre, mais les déclarations d’un Président qui bombarde des pays de menaces pour l’instant verbales, ne sont pas faites pour rassurer le monde. Pas rassurantes quand on sait que les armes sophistiquées qui dépassent l’entendement de l’Homme font l’objet d’expérimentation et même d’utilisation au Moyen-Orient dans le silence assourdissant imposé par le coronavirus, silence opportun pour cadenasser les esprits et continuer, ainsi, à tuer tout espoir d’un autre monde.

A. A.

(Cinéaste)

La plus-value. Si on met de côté l’incurie et la complicité des classes dirigeantes des pays soumises au diktat de la finance par le biais du FMI, on comprend l’origine de la pauvreté dans les pays en question. Ainsi, ces pays «vendent» des matières premières qui seront transformées ailleurs et dont le produit fini revient chez eux contenant une plus-value beaucoup plus chère que le prix de la matière première. Dans ces pays, l’inflation est galopante car la monnaie souffre d’un double handicap, elle est dépossédée de la richesse réelle transformée ailleurs. De plus, cette monnaie dépend du Trésor d’un pays comme le franc CFA africain ou bien obéit à la politique monétariste des golden boys du FMI.

 

Comment (2)

    chark
    7 mai 2020 - 19 h 42 min

    Deux bloc s’opposent , les sionistes sans foi ni loi qui obéissent à l’agenda du talmub , et les Juifs orthodoxe , les premiers veulent avoir le contrôle sur toute la planète et les second veulent un partage équitable des intérêts dans le monde , et nous au milieu nous sommes des victimes collatérales !

    Anonyme
    5 mai 2020 - 9 h 05 min

    La guerre n’est que commerciale et les déclarations menaçantes de Trump sont juste là pour mettre les chinois sur la défensive et arracher plus facilement un accord commercial. Personne n’a intérêt à aller plus loin. La seule chose qu’il faut craindre c’est les réactions des peuples qui peuvent être violentes. Du côté des gouvernements c’est que du bluff

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