Trop gros le mensonge, sieur François Gèze d’Algeria Watch !
Par Saadeddine Kouidri – Algeria Watch de François Gèze veut rassurer les Algériens. Leur Hirak est «loin» des «révolutions de couleur» sponsorisées et sans l’intervention d’aucune «main de l’étranger», comme voulaient le faire accroire les «propagandistes du régime» car pour Watch, la victime du terrorisme est tout simplement dans la compréhension envers son bourreau. Elle est sous son charme, en attendant de tomber sous sa coupe ; ce n’est qu’une question de temps.
C’est ce trophée que porte le Hirak suite à la victoire des terroristes sur la «guerre contre les civils» menée par l’armée, cette même armée que le Hirak n’a cessé de clamer khawa khawa (armée et peuple frères), mais que François Gèze et ses amis ne pouvaient entendre car leurs oreilles sont bouchées par l’idée qui n’est guère étrangère à l’Algérie française.
Le leader de Watch ne peut plus se contenter du «qui tue qui» et tente de faire des terroristes les héros que le Hirak ne cesse de clamer. Il n’est plus question de se suffire à disculper l’islamisme, mais d’en faire une alternative au pouvoir par le biais du Hirak.
Cet objectif n’est pas nouveau. Il est aussi vieux que la guerre faite à la République démocratique d’Afghanistan et qui s’est propagée à toutes les République arabes en prenant soin d’éviter les monarchies puisqu’elles sont acquises à la cause de la soumission des peuples. Avec une telle visée adjointe à un pouvoir antidémocratique, il est logique d’appréhender, à un moment ou un autre, le danger mortel qui guette le mouvement citoyen, celui de le voir dévier vers un mouvement de fidèles à des gourous de la secte à l’instar du 5 0ctobre 88, quand l’Etat présidé par Chadli avait élevé ces derniers au rang d’hommes politiques jusqu’à anoblir, par la suite, un de leur chefs terroristes en «personnalité nationale» au temps de Bouteflika, comme le veulent les maîtres de Rachad, de Dhina et Zitout, avec l’appui de Houari Addi et consorts.
Quand on sait que le Président actuel qui a béni le Hirak est dans l’incapacité de stopper les dérives, dont l’arrestation de l’une des figures la plus prestigieuses du militantisme algérois, Amira Bouraoui, il y a de quoi s’inquiéter sérieusement. Malheureusement, il y a de plus en plus de cas qui suscitent l’inquiétude sans pour autant nous faire oublier que les luttes prennent des formes différentes et qu’une information, même si elle prête à des quiproquos, est la bienvenue puisqu’il est permis d’en débattre. Les Algériens savent qu’ils ne veulent plus du capitalisme qui ne peut mener qu’à un régime d’oligarques, monarchique, ni du socialisme de la pensée unique et ses conséquences. Nous avons vécu les deux expériences et nous les refusons à cause de l’injustice qui sévissait dans les deux périodes.
Il s’agit donc de trouver ensemble, grâce à la démocratie et à la laïcité – séparation du politique et du religieux dans la sphère publique –, la politique adéquate. C’est ce qui incombe au Hirak aujourd’hui. La solidarité et la réflexion, particulièrement au temps du coronavirus, prennent le dessus sur la marche du vendredi et du mardi. Au fait, quelqu’un s’est-il pourquoi le mouvement a choisi le 22 février 2019 et non le 24 ? La veille, les deux dates étaient en l’air. La réunion à la date d’anniversaire d’Al-Magharibia du 17 février est-elle pour quelque chose dans ce choix, sachant que le dimanche 24 coïncidait avec l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures ?
Théoriquement, l’antagonisme est entre une république démocratique sociale et laïque et une république de démocratie bourgeoise qui se sert du religieux – l’exemple de Trump, la Bible à la main lors de ses discours, en est l’illustration, en sus d’une police qui protège de tout temps la secte du Ku Klux Klan. Certains préfèrent habiller de guenille leur idéologie que de l’assumer. Jusqu’au coronavirus qui met à nu la gestion catastrophique du secteur de la santé de ces pays capitalistes qui font de leur démocratie le cheval de Troie dans nos contrées.
Quand on est incapable de protéger sa propre population tout en étant une puissance mondiale, qu’elle exemple peut-on donner à l’autre, si ce n’est celui à ne pas suivre ?
Ce n’est pas comme ça que l’entendent certains, y compris dans la plus haute sphère du savoir, puisqu’on vient de nommer à la tête de l’Agence à la sécurité un des scientifiques, de la santé catastrophique, celle pour qui la santé est en priorité un coût pour un profit pécuniaire.
S. K.
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