Hiraks, Gilets jaunes : répressions et partis-pris médiatiques

France Gilets jaunes
Manifestations violentes en France. D. R.

Contribution de Yazid Ben Hounet(*) – En octobre 2016, apparaissait le Hirak du Rif (Maroc). J’étais alors en poste au Centre Jacques-Berque à Rabat. En 2018, quelques semaines après mon retour en France, le mouvement des Gilets jaunes naissait (novembre). Trois mois plus tard (février 2019), le Hirak algérien commençait. Je me suis intéressé à ces mobilisations populaires, et en particulier aux deux dernières. J’ai été attentif aux formes de répression auxquelles elles ont été confrontées, mais aussi à leurs débouchés politiques. J’ai vu aussi comment, du moins en France, certains épisodes de ces événements ont été montrés, éludés ou passés sous silence. Voici ici quelques éléments de mise en contexte et de réflexion.

Scène de la répression des Gilets jaunes au pays de la déclaration des droits de l’Homme. Bilan : sur 10 mois de mouvement des Gilets jaunes (novembre 2018-septembre 2019), on dénombre plus de 3 000 condamnations, dont plus de 1 000 à de la prison ferme et au moins 440 avec mandats de dépôt. Il y a eu un mort directement du fait de la répression : Zineb Redouane (2 décembre 2018) ; et 10 personnes décédées dans des accidents de la route liées aux manifestations. A cela s’ajoute les 25 personnes éborgnées, les 5 mains arrachées et des centaines de blessés (plus de 2 500, selon le Mur Jaune).

La mort du poissonnier Mouhcine Fikri, le 28 octobre 2016, à Al-Hoceima, a été le point de départ du Hirak du Rif. Il avait été happé par une benne à ordures alors qu’il souhaitait y récupérer sa marchandise saisie par la police. Cette mort atroce, filmée et relayée dans les médias sociaux, avait été l’élément déclencheur de la mobilisation populaire. L’historien Maâti Monjib (L’Humanité, 3 juillet 2017) resitue les causes initiales du soulèvement : «L’une des raisons de la révolte rifaine, c’est l’injustice que représente la mort du jeune poissonnier Mouhcine Fikri dans des conditions abjectes. Une grande partie de son corps a été broyée par un camion-poubelle. La population demandait tout d’abord une véritable enquête pour clarifier les causes directes et profondes de sa mort. Les manifestants ont montré du doigt dès le début du mouvement la corruption qui règne dans le secteur de la pêche et qui fut l’une des raisons indirectes de ce crime indicible. Ils ont donc demandé la tête d’Aziz Akhannouch, le ministre de tutelle et proche ami du roi Mohammed VI. Le régime a refusé ces revendications, somme toute raisonnables et faciles à réaliser.» (1)

C’était la première fois que le terme arabe Hirak (mouvement) et l’expression Hirak chaâbi (mouvement populaire) étaient amplement utilisés au Maghreb. Ils étaient employés, auparavant, au Proche-Orient (Jordanie et Yémen). Bien que m’informant sur ces mobilisations, je n’ai pas senti la nécessité d’écrire sur le sujet. Je considérais le Hirak du Rif comme une affaire maroco-marocaine. Par ailleurs, ma situation de chercheur affecté au Maroc, de surcroît de nationalités algérienne et française, me plaçait dans une position délicate (2). Mais surtout les chercheurs, journalistes et plus largement intellectuels marocains, à l’instar de l’historien Maâti Monjib ou du journaliste Omar Radi, étaient les mieux placés pour rendre compte de ce qui se passait au Maroc (3).

J’ai, par contre, ressenti le besoin de rédiger, dès janvier 2019, un texte sur le mouvement des Gilets jaunes. Il figure sur ma page Academia depuis (4) (et a été publié plus tard en Algérie). J’avais été effaré par l’ampleur des violences en France et, en tant que chercheur et fonctionnaire, je voulais signifier, par ce texte, ma profonde condamnation de la répression étatique. J’étais aussi indigné par les procédés médiatiques de disqualification de ce mouvement, et le long silence initial sur les violences policières. Il a fallu, en effet, attendre plus de deux mois, dans la semaine du 14 janvier 2019, pour que soit mentionné dans des médias importants, mais sans le dire vraiment, ce qui a bien constitué le caractère inédit et barbare de la réponse étatique : une répression policière et judiciaire inouïe et sans précédent, sous la Ve République, d’un mouvement social (5) ! Dans les comptes Twitter de l’Observatoire des violences policières et du journaliste David Dufresne se succédaient en effet, à un rythme effréné, depuis la mi-novembre 2018 des témoignages accablants de ces violences (6).

J’ai également publié, en mars 2019, quelques analyses sur le Hirak algérien, enthousiasmé par ce que je considérais (et considère toujours) être la deuxième révolution algérienne (7).

Près de deux ans après le début du Hirak en Algérie, un premier petit bilan comparé (Maroc, France, Algérie) s’impose. Qu’en est-il des répressions et des avancées politiques ?

Bilan des répressions

Maroc – sur 10 mois du Hirak (entre octobre 2016 et août 2017), plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées (chiffre précis inconnu) – près de 300, selon le journaliste Omar Radi (entretien du 12 août 2017, note de bas de l’article). On peut estimer les détenus à, au moins, 320 (plus de 500, selon le CADTM) (8), si on compte les 188 graciés en août 2018, les 107 en 2019 (juin), les 20 graciés en juillet 2020. A cela s’ajoutent les personnes encore incarcérées, dont Nasser Zefzafi (l’un des leaders de la mobilisation), condamné à 20 ans de prison (9).

Il faut aussi mentionner les répressions subséquentes au Hirak, dont l’emprisonnement des journalistes Omar Radi (en décembre 2019, puis depuis juillet 2020), Souleimane Raissouni (depuis mai 2020) et celui de l’historien Maâti Monjib (depuis le 29 décembre 2020).

On dénombre enfin 3 morts liés à ce mouvement, du fait de la répression : Mouhcine Fikri (28 octobre 2016), Imad Al Attabi (8 août 2017) (10) et celle controversée (asthme et inhalation de gaz lacrymogène) d’Abdelhafid El Haddad (18 août 2017) (11).

Dessin d’Osama Hajjaj représentant la mort du poissonnier, Mouhcine Fikri, le 28 octobre 2016, à Al Hoceima, qui a été le point de départ du Hirak du Rif, comme ce fut le cas en Tunisie, en décembre 2010 avec la mort atroce du marchand ambulant Bouazizi qui avait l’étincelle qui a emporté le régime de Ben Ali. Fikri avait été happé par une benne à ordures, alors qu’il souhaitait y récupérer sa marchandise saisie par la police. Cette mort atroce, filmée et relayée dans les médias sociaux, avait été l’élément déclencheur de la mobilisation populaire. Sur 10 mois du Hirak (entre octobre 2016 et août 2017), plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées (chiffre précis inconnu) – près de 300 selon le journaliste Omar Radi. On peut estimer les détenus à, au moins, 320 (plus de 500 selon le CADTM) (8), si on compte les 188 graciés en août 2018, les 107 en 2019 (juin), les 20 graciés en juillet 2020. À cela s’ajoute les personnes encore incarcérées, dont Nasser Zefzafi (l’un des leaders de la mobilisation), condamné à 20 ans de prison(9).

France – sur 10 mois de mouvement des Gilets jaunes (novembre 2018-septembre 2019) : on dénombre plus de 3 000 condamnations, dont plus de 1 000 à de la prison ferme, et au moins 440 avec mandats de dépôt (12). Il y a eu un mort directement du fait de la répression : Zineb Redouane (2 décembre 2018) ; et 10 personnes décédées dans des accidents de la route liées aux manifestations. A cela s’ajoutent les 25 personnes éborgnées, les 5 mains arrachées et des centaines de blessés (plus de 2 500 selon le Mur Jaune) (13).

J’ai signé, il y a plus de deux ans, une pétition pour une amnistie des Gilets jaunes (https://amnistiegj.fr/). Mais il ne me semble pas qu’Emmanuel Macron ait accordé la moindre grâce à leur égard.

Algérie – sur 2 ans de Hirak (de février 2019 à mars 2021, dont pause pandémie) : on dénombre près de 150 détenus, selon le décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD) (14). Au 10 mars 2021, le nombre de personnes (toujours en prison) était de 32. La plupart avaient soit purgé leur peine, soit été relaxés, soit graciés. Abdelmadjid Tebboune a usé de la grâce présidentielle quelques jours après sa prise de fonction (le 6 février 2020), à l’occasion de la fête de l’Indépendance (5 juillet 2020) et tout récemment, le 19 février 2021, à l’occasion de l’anniversaire du Hirak (événement constitutionnalisé). Une personne est morte du fait de la répression policière : Ramzi Yettou (19 avril 2019) (15) ; 3 autres personnes, dont le fils de l’ancien président du Gouvernement provisoire, Benyoucef Benkhedda, sont décédées en raison de crises cardiaques durant les marches et manifestations (en mars, mai et juillet 2019). Enfin, au moment de l’élection présidentielle, les 11 et 12 décembre 2019, 4 jeunes Algériens au moins ont été blessés à l’œil par des balles en caoutchouc (16).

Au final, si nous comparons ces trois mouvements, la répression (en chiffres absolus de détenus, morts et blessés graves) a été moindre en Algérie. Elle a été encore bien moins importante rapportée à l’ampleur du Hirak algérien (des centaines de milliers, voire des millions de manifestants lors des premières semaines) et à sa durée. Paradoxalement, c’est la répression en Algérie qui a été davantage pointée du doigt par certaines institutions internationales (ONU, Parlement européen) et grands médias en France. J’y reviendrai par la suite.

Quant au bilan politique, force est de constater que les choses ont davantage évolué en Algérie.

Bilan politique

Au Maroc, aucun changement notable : le ministre de l’Agriculture et de la Pèche maritime, Aziz Akhannouch (cité plus haut par Maâti Monjib), est resté depuis en poste et a même vu son portefeuille ministériel s’agrandir. Quelques remaniements ministériels ont été opérés en avril 2017 (changement du Premier ministre), puis en octobre 2017, pour des raisons de politiques internes et non seulement à cause du mouvement social du Rif.

En France, la prime de fin d’année (2018), attribuée de manière aléatoire et au bon vouloir des entreprises, a été le seul petit cadeau offert aux Gilets jaunes. Le grand débat, davantage dispendieux que grand, n’a débouché sur aucune avancée concrète. Exit le RIC, la hausse des minimas sociaux, la réintroduction de l’ISF, le retour aux urnes ; au profit de la répression policière et judiciaire, et de lois liberticides (loi anticasseurs, loi de sécurité globale). Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est longtemps resté à son poste avant de retourner tranquillement au Parlement, en tant que président du groupe de la majorité présidentielle. Quant au préfet de Paris… il campe toujours à la même place.

En Algérie, la tentative de 5e mandat de la zaouïa Bouteflika (17) a avorté. Les trois B (Belaiz, président du Conseil constitutionnel ; Bensalah, président du Sénat ; Bedoui, Premier ministre) sont partis. Une élection présidentielle s’est tenue en décembre 2019. Un nouveau Président a été élu et un nouveau gouvernement formé. L’ancien ministre de l’Intérieur – Salah-Eddine Dahmoune – a été remercié par le nouveau président Abdelmadjid Tebboune (le 19 décembre 2019), en raison notamment des répressions des 11 et 12 décembre (cf. plus haut). Plus de vingt hauts responsables de l’ère précédente, dont Ouyahia et Sellal (anciens Premiers ministres), ont été jugés et condamnés depuis, ou font l’objet de mandats d’arrêt internationaux (Chakib Khelil et Abdeslam Bouchouareb notamment). Une nouvelle Constitution a été élaborée et adoptée par référendum. Des élections législatives anticipées auront lieu en juin 2021.

En somme, outre les nombreux jugements pour corruption, une transition constitutionnelle, marquée par des mécanismes de type démocratiques (18), a été mise en place (plutôt que l’aventure hasardeuse de la constituante) : retour aux urnes, ouverture à des nouveaux partis, mécanismes de contrôle des élections via l’ANIE, l’Autorité nationale indépendante des élections, présidée par Mohamed Charfi. Cette structure a été créée en septembre 2019 à la suite du travail effectué par l’instance de dialogue et de médiation (dirigée par Karim Younes). Elle semble plutôt bien fonctionner puisqu’elle a permis de mieux encadrer la participation électorale et elle a publiquement affiché des taux de participation crédibles aux élections qui ont eu lieu depuis (présidentielle de décembre 2019 ; référendum de novembre 2020). Les taux affichés sont, par ailleurs, réalistes au point que les oppositions qui s’offusquaient auparavant des taux exagérés de participation (notamment pour les délégitimer) en sont venues à… se plaindre de la faible participation des électeurs, en s’appuyant sur les données de l’ANIE, pour mieux critiquer la légitimité du nouveau Président et celle de la nouvelle Constitution.

En articulant le bilan des répressions au bilan politique, il ressort aussi que la responsabilité politique est moins engagée s’agissant des autorités algériennes actuelles. Le Président algérien et le gouvernement actuel (instauré au début de l’année 2020) ne peuvent, en effet, être tenus responsables des événements de l’année 2019. Seuls les ministres des Affaires étrangères et de la Justice (Sabri Boukadoum, en poste depuis le 2 avril 2019 ; Belkacem Zeghmati, en poste depuis le 1er août 2019) ont intégré le gouvernement Djerad, formé en janvier 2020.

Parti-pris des instances internationales : ONU, Parlement européen

S’agissant du Maroc : les instances officielles en charge des droits de l’Homme, au niveau de l’ONU et du Parlement Européen, n’ont pas pris de position, ni de résolution à l’égard du mouvement du Rif et de sa répression. Les autorités marocaines n’ont pas été pointées du doigt. De surcroît, ni Nasser Zefzafi, ni les journalistes comme Omar Radi n’ont été officiellement soutenus, en dépit de la mobilisation d’ONGs et de parlementaires et de rapports d’experts en droits de l’Homme.

S’agissant de la France : le 14 février 2019, le Parlement européen a voté une résolution sur le droit à manifester pacifiquement et l’usage proportionné de la force – et ce sans citer un Etat membre en particulier (19). La condamnation de l’usage des lanceurs de balles de défense ayant été refusé par la majorité. Le 6 mars 2019, Michelle Bachelet, cheffe des droits de l’Homme à l’ONU, a courtoisement demandé une enquête sur les «Gilets jaunes» en France (20).

S’agissant de l’Algérie : le 16 septembre 2020, des experts des droits de l’Homme de l’ONU ont condamné la peine de prison prononcée en appel à l’encontre du journaliste algérien Khaled Drareni et demandé sa libération (21). Le 25 novembre 2020, le Parlement européen a voté une résolution sur la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Algérie, en particulier le cas du journaliste Khaled Drareni (22), dans laquelle il «condamne fermement l’escalade des arrestations et détentions illégales et arbitraires et du harcèlement juridique dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de l’Homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie». Le 5 mars 2021, l’ONU a réclamé une enquête et la fin des détentions arbitraires. Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU a également demandé aux autorités algériennes de mettre immédiatement fin aux violences contre des manifestants pacifiques et aux arrestations arbitraires (23).

On est un peu interloqué par les exigences de l’ONU et du Parlement européen à l’égard des autorités algériennes, au regard de leur silence s’agissant du Maroc, de leur bienveillance envers la France et des réalités des répressions qui ont eu lieu dans ces trois pays (cf. les bilans plus haut). On s’interroge, en outre, sur les raisons pour lesquelles, dans sa déclaration du 5 mars 2021, «le Bureau des droits de l’Homme de l’ONU réclame des enquêtes rapides, impartiales et rigoureuses sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention», alors même que le parquet général d’Algérie s’est saisi de cette question dès le 7 février 2021. Cette dernière décision faisant suite à l’affaire Walid Nekkiche, relayée par la presse algérienne, concernant des allégations de torture datant de décembre 2019, au moment de son témoignage à l’occasion de son procès au début du mois de février 2021(24). La résolution du Parlement européen datant du 25 novembre 2020 fait également mention de ces allégations (note de bas de page 22, article D).

Il est normal que l’ONU et le Parlement européen se saisissent des cas potentiels ou avérés de torture. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait, et en particulier le Parlement européen, s’agissant de Nasser Zefzati (Maroc) – alors même que cette institution était destinataire d’une lettre, lue publiquement par son père, au Parlement européen même, à l’occasion du prix Sakharov, et dans laquelle Nasser Zefzafi témoignait des tortures subies (25) ? En dépit des nombreuses allégations de torture, ni l’ONU, ni le Parlement européen n’ont exigé des enquêtes rapides, impartiales et rigoureuses aux autorités marocaines ; rien n’a été demandé officiellement ; aucune enquête n’a été réclamée à la France s’agissant des nombreux cas d’éborgnement, de mains arrachées, qui ne sont ni plus ni moins que des actes de torture. Rappelons que la simple condamnation de l’usage des lanceurs de balles de défense avait été refusé par la majorité du Parlement européen le 14 février 2019.

Cette partialité des instances officielles internationales révèle et s’explique par deux phénomènes conjoints : le traitement médiatique en Europe, et plus particulièrement en France, de ces événements (Hiraks et mouvement des Gilets jaunes) ; les intérêts économiques et politiques.

Traitement médiatique : which side are you on (Loach, 1984) ?

«If you’re not careful, the newspapers will have you hating the people who are being oppressed, and loving the people who are doing the oppressing» Malcolm X.

Le pacifisme du Hirak en Algérie, mis en avant dans les grands médias français, a aussi pour corolaire un maintien de l’ordre «relativement» correct (à l’exception des répressions à l’approche de l’élection de décembre 2019). Doit-on le rappeler ? La responsabilité du maintien de l’ordre, et avant tout de l’intégrité physique des citoyennes et citoyens, incombe, en premier lieu, à la force publique (police, gendarmerie). Le pacifisme comme la violence ne sont pas des états de nature, mais résultent de dynamiques entre différents acteurs. Pour le dire autrement, et pour rappeler une évidence rendue étrangement opaque par certains filtres médiatiques : les Algériens ne sont ni plus ni moins pacifistes que les Français (Gilets jaunes) ou les Marocains (Hirak du Rif).

Les dynamiques de répression (encadrement, «nassage» et organisation du désordre) ne sont pas les mêmes et les focales médiatiques différentes (embellissement des manifestations d’un côté ; criminalisation, disqualification ou opacité de l’autre). Le Hirak en Algérie n’a pas été exempt de certains actes de vandalisme et de violence (26), des femmes revendiquant un changement vers l’égalité ont aussi été agressées par des hommes (27). Si je mentionne ces quelques éléments, ce n’est pas pour dévaloriser le Hirak, mais pour signaler le hiatus que j’ai ressenti s’agissant du traitement médiatique de ces mobilisations : l’étrange embellissement du Hirak algérien par les mêmes médias qui disqualifiaient, avilissaient, au même moment, le mouvement des Gilets jaunes et, antérieurement, faisaient silence sur le Hirak du Rif.

La méfiance vis-à-vis des grands médias français (essentiellement détenus, rappelons-le, par quelques milliardaires) (28), exacerbée par le traitement médiatique des Gilets jaunes (29), doit nous amener à être attentif à la question du parti-pris – ce qui est montré, caché, embelli, avili, et dans quels intérêts. Dans son film Which side are you on? (1984), Ken Loach traitait déjà de ces questions s’agissant des mineurs grévistes du nord de l’Angleterre.

Par exemple, les mobilisations médiatiques de «l’establishment journalistique» en France de Laurent Delahousse, Anne-Claire Coudray, Bernard de la Villardière, etc. devant l’ambassade d’Algérie (7 septembre 2020) (30), les nombreuses émissions sur Europe 1, France inter (sans parler de France 24 et TV5 monde), RSF et les grandes campagnes d’affichage en soutien au journaliste Khaled Drareni, tout cela m’a laissé assez perplexe en comparaison de ce qui a été fait, par ces mêmes personnes et structures, pour les Gilets jaunes ou encore pour le journaliste Omar Radi (31). Qu’on me permette au moins de penser que la «danse du ventre» de Bernard de la Villardière devant l’ambassade d’Algérie avait davantage pour objet d’exprimer son mépris de l’Algérie et de ses autorités qu’un sincère soutien à la liberté et à la pluralité de la presse (32).

«Djeïch, chaâb, khawa khawa» (armée, peuple : tous frères) : le slogan porté par les manifestants algériens. Sur deux ans de Hirak (de février 2019 à mars 2021, dont pause pandémie), on dénombre près de 150 détenus, selon le décompte du comité national pour la libération des détenus (CNLD). Au 10 mars 2021, le nombre de personnes (toujours en prison) était de 32. La plupart avaient soit purgé leur peine, soit été relaxés, soit graciés. Abdelmadjid Tebboune a usé de la grâce présidentielle quelques jours après sa prise de fonction (le 6 février 2020), à l’occasion de la fête de l’Indépendance (5 juillet 2020) et tout récemment, le 19 février 2021, à l’occasion de l’anniversaire du Hirak (événement constitutionnalisé). Une personne est morte du fait de la répression policière : Ramzi Yettou (19 avril 2019) (15) ; 3 autres personnes, dont le fils de l’ancien président du Gouvernement provisoire, Benyoucef Benkhedda, sont décédées en raison de crises cardiaques durant les marches et manifestations (en mars, mai et juillet 2019). Enfin, au moment de l’élection présidentielle, les 11 et 12 décembre 2019, 4 jeunes Algériens au moins ont été blessés à l’œil par des balles en caoutchouc.

Frantz Fanon écrivait dans Les Damnés de la terre : «Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.» Je ne m’étais pas rendu compte, lorsque j’avais lu son livre, de l’importance des mots suivants : «Dans une relative opacité.» La comparaison de ces trois mobilisations (Rif, Gilets jaunes, Algérie) et de leur traitement médiatique m’a rendu davantage sensible à cette question. Il n’est pas sûr d’ailleurs qu’elle soit intentionnelle de la part des journalistes et responsables médiatiques. Elle révèle néanmoins de jugements de valeurs intriqués dans des faisceaux d’intérêts économiques, politiques et sociaux. La bienveillance à l’égard des autorités marocaines, y compris s’agissant de la question du Sahara Occidental, est à resituer à l’aune de ces derniers.

Par exemple, le réseau des établissements scolaires d’enseignement français y est l’un des plus denses au monde. L’électricité et l’eau sont gérés dans la métropole de Rabat par une filiale de Véolia ; une autre filiale de Véolia gère les villes de Tétouan et Tanger ; à Casablanca, c’est une filiale du groupe Suez ; une bonne part des riads touristiques de Marrakech, de Fès et d’Essaouira (et d’autres villes) sont détenus par des Français ou Européens ; plusieurs grandes entreprises françaises et européennes y sont installées, à des conditions favorables (dont plusieurs appartiennent en tout ou en partie aux milliardaires qui détiennent l’essentiel des médias en France – comme Drahi, Bolloré, Bouygues, Lagardère, etc). Le Maroc est aussi un bon client des ONGs de développement et coopère doctement aux politiques européennes de gestion des migrations africaines. On saura donc bien lui passer ses écarts (fussent-il bien grands) en matière des droits de l’Homme dans son territoire et dans ceux occupés du Sahara Occidental… ou du moins lui trouver des circonstances atténuantes.

A moins que ce soit le fait que tous ces éléments (faisceaux d’intérêts économiques et politiques) ne s’appliquent pas à l’Algérie, qui expliquent l’attitude sévère de grands médias français, du Parlement européen et de l’ONU à l’égard des autorités algériennes ?

Un dernier point de mise en contexte sur les détenus d’opinion en Algérie : c’est à partir de septembre 2019, suite à la décision d’aller vers des élections présidentielles en décembre que des groupes (guidés par quels enjeux ?) se sont mis à diffuser des annonces pour manifester les samedis (en plus du vendredi) et qu’il y a eu des postures de radicalisation. Les interpellations se sont accélérées à cette période et les détentions également (personnes jugées notamment en vertu des articles 97 et suivants du Code pénal – attroupement non armé pouvant troubler l’ordre public). Il n’y a pas eu, à cette occasion, de loi de circonstance, comme la loi anticasseur (France), ni de procédé judiciaire inique : comme les accusations de viol pour Omar Radi (Maroc) ou la tentative d’accusation de viol pour Julian Assange (Suède). C’est, précisons-le, lors d’une manifestation ayant lieu un samedi (7 mars 2020) que le journaliste Khaled Drareni a été interpellé. La dépêche de l’AFP (8 mars 2020 – 18:15:46) en faisait mention, mais cette précision a systématiquement été oblitérée dans les articles qui ont été publiés par la suite (à l’exception d’un article du Monde datant du 9 mars 2020) (33).

La peur d’une ingérence étrangère et/ou d’un scénario «printemps arabe» se transformant en «hiver macabre» ou en «printemps du désert» a pu également braquer d’autres Algériens, y compris des procureurs et des juges… On ne saurait écarter cette hypothèse quand on connaît l’histoire politique récente et moins récente. Il suffit d’évoquer les printemps arabes ou l’histoire de la Françafrique – que le grand public a pu découvrir avec le documentaire Décolonisation : du sang et des larmes (34). Il paraît même qu’un intellectuel a théorisé la mise à profit de troubles politiques internes pour déstabiliser un pays ou un Etat, ou pour y favoriser un régime plutôt qu’un autre. Il s’appelle Sun Tzu et son ouvrage s’appelle L’Art de la guerre. Il aurait été rédigé au Ve siècle avant J.-C. et serait encore enseigné dans de nombreuses académies militaires, de relations internationales et de sciences politiques.

Y. B.-H.

(*) Membre du Laboratoire d’anthropologie sociale (CNRS – Collège de France – EHESS), titulaire d’un doctorat de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Paris).

NB. :Ce texte n’a pas été écrit par un défenseur du «régime» algérien – processus de disqualification habituel dès lors qu’on ne crie pas avec les loups – mais par un chercheur critique qui cite ses sources. C’est le texte d’un fils d’ouvrier algérien, venu travailler en France au début des années 1970, appartenant à une famille d’ouvriers agricoles et n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, comme la majorité des Algériens durant la période coloniale (les bienfaits de la colonisation ?). De mon père, j’ai néanmoins reçu quelques principes fondamentaux : le profond respect de la dignité humaine, l’évitement des postures hypocrites et le sens de l’indépendance (particulièrement exacerbé, il est vrai, chez les Algériens comme lui).

«Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.» (Frantz Fanon)

Notes et références

1- https://www.humanite.fr/maati-monjib-le-Hirak-un-mouvement-populaire-autonome-non-separatiste-et-prodemocratique-638309

2- Pour ne pas m’autocensurer, j’ai signé en avril 2018, avec une centaine d’autres chercheurs, une lettre ouverte sur la responsabilité française dans la non-décolonisation du Sahara Occidental (https://www.humanite.fr/la-france-une-lourde-responsabilite-dans-la-non-decolonisation-du-sahara-occidental-654034). J’avais pris soin de la signer en mentionnant seulement mon rattachement au Laboratoire d’anthropologie sociale, à Paris. Cela me valut tout de même une campagne de diffamation publique au Maroc.

3- On pourra se référer, entre autres, au film produit par Attac Maroc au printemps 2017, aux analyses de Maâti Monjib (juin 2017), aux informations transmises par le journaliste Omar Radi (août 2017). https://www.cadtm.org/Film-ATTAC-Maroc-Death-Over-Humiliation-Mourir-pour-ne-pas-accepter-l ; https://www.middleeasteye.net/fr/entretiens/interview-maati-monjib-le-regime-marocain-sest-specialise-dans-laffaiblissement-des ; https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/al-hoceima-apres-les-funerailles-dimad-ettabi-le-Hirak-appelle-de-nouvelles

4- https://www.academia.edu/38172908/Les_gilets_jaunes_et_lEtat_de_Barbarie_docx

5- On n’intègre pas ici les massacres du 19 octobre 1961 et de la station du métro de Charonne (8 février 1962), qui ont lieu durant la Guerre d’Algérie et dont les actions réprimées ne relèvent pas, à proprement parler, du mouvement social, mais du mouvement de libération national.

6- https://twitter.com/obs_violences?lang=fr; https://twitter.com/davduf

7- https://aoc.media/auteur/yazid-ben-hounet/

8- https://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=16377

9- Nasser Zefzafi a été l’un des trois finalistes du prix Sakharov (Parlement européen) pour la liberté de pensée 2018 : https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/eu-affairs/20181005STO15106/prix-sakharov-2018-les-trois-finalistes-annonces

10- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/08/08/maroc-un-manifestant-blesse-a-al-hoceima-meurt-apres-trois-semaines-dans-le-coma_5170115_3212.html ; https://www.humanite.fr/maroc-imad-al-attabi-succombe-ses-blessures-640286

11- https://www.h24info.ma/maroc/al-hoceima-deces-manifestant-abdelhafid-el-haddad/

12- Information datée de septembre et novembre 2019 : https://www.bastamag.net/gilets-jaunes-champs-elysees-justice-repression-condamnations-violences-police-loi-anti-casseurs-prison ; https://www.liberation.fr/checknews/2019/11/08/un-millier-de-gilets-jaunes-condamnes-a-de-la-prison-ferme-depuis-le-debut-du-mouvement_1762173/

13- http://lemurjaune.fr/

14- https://www.facebook.com/comitenationalpourlaliberationdesdetenusCNLD/

15- https://www.elwatan.com/edition/actualite/le-jeune-manifestant-est-decede-le-19-avril-dernier-amnesty-international-reclame-une-enquete-approfondie-sur-la-mort-de-ramzi-yettou-29-05-2019

16- https://www.elwatan.com/edition/actualite/tous-solidaires-avec-les-eborgnes-de-la-revolution-19-12-2019

17- Mon texte : https://aoc.media/opinion/2019/03/13/algerie-breve-sociologie-dune-deuxieme-revolution/; https://www.academia.edu/38520068/Algerie_br%C3%A8ve_sociologie_dune_deuxieme_revolution

18- J’avais rédigé un article en mars 2019 évoquant ce scénario de sortie de crise et de transition démocratique : https://www.lesoirdalgerie.com/contribution/ou-pourquoi-lalgerie-nest-ni-la-syrie-ni-legypte-21196.

19- https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/14/le-parlement-europeen-condamne-l-usage-des-lanceurs-de-balles-de-defense-par-les-forces-de-l-ordre_5423513_3224.html

20- https://news.un.org/fr/story/2019/03/1037951

21- https://news.un.org/fr/story/2020/09/1077362

22- https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/RC-9-2020-0375_FR.html

23- https://news.un.org/fr/story/2021/03/1090972

24- https://www.radioalgerie.dz/news/fr/article/20210207/206812.html ; https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/02/08/en-algerie-le-parquet-ouvre-une-enquete-apres-des-accusations-de-torture-d-un-etudiant_6069204_3212.html

25- https://amazighinformatiecentrum.medium.com/lettre-de-nasser-zefzafi-parlement-europ%C3%A9en-2016-37f1fa140638

26- https://www.tsa-algerie.com/marches-contre-le-5e-mandat-en-algerie-183-blesses-et-un-mort/

27- https://www.elwatan.com/edition/contributions/reappropriation-de-la-revolution-algerienne-et-ou-de-lindependance-26-05-2019

28- https://www.acrimed.org/Medias-francais-qui-possede-quoi ; https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA

29- Ce qui explique le déploiement et l’intérêt croissant pour des médias indépendants tels que Bastamag, Streetpress, Le Media, Quartier Général et plus récemment Blast.

30- https://information.tv5monde.com/video/khaled-drareni-laurent-delahousse-anne-claire-coudray-les-grandes-figures-de-la-television

31- Pour ce dernier, heureusement qu’il y a eu le travail de Rosa Moussaoui (L’Humanité) et Rachia El-Azzouzi (Mediapart). Mais elles n’ont que peu de visibilité en comparaison.

32- https://www.liberation.fr/medias/2009/12/04/bernard-de-la-villardiere-en-quete-d-exclusivite_597283/

33- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/03/09/en-algerie-garde-a-vue-prolongee-pour-deux-figures-du-Hirak_6032344_3212.html

34- https://www.france.tv/france-2/decolonisations-du-sang-et-des-larmes/

Comment (13)

    Anonyme
    19 mars 2021 - 11 h 11 min

    Il est dit que « force est de constater que les choses ont davantage évolué en Algérie ».

    Cela voudrait-il dire que la gouvernance actuelle, après s’être débarrassée des corrompus les plus représentatifs, est à même de gouverner la nouvelle Algérie pour le bien du peuple? Mais qu’est-ce qui a donc réellement changé dans notre pays?

    D’une part, à quoi sert de mettre en compétition le Maroc, la France et nous dans les révoltes populaires qui ont eu lieu depuis 2019. Est-ce pour aboutir au constat que l’attitude de grands médias français, du Parlement européen et de l’ONU est sévère à l’égard des autorités algériennes. Et qu’ils sont plein de mansuétude vis à vis du Maroc. Mais nous le savons tous. Mais le parti pris médiatique décrit ici, n’explique pas les raisons du parti pris.

    D’autre part, il faut revenir à la réalité de ces révoltes populaires. Les GJ ne remettaient pas en cause la nature de l’état français. Leurs revendications entraient dans un cadre économique et d’une « lutte des classes » (quoique?) et ne concernaient que les classes moyennes soumise à impôts et taxes de plus en plus lourds à cause de la politique menée par la gouvernance macron.
    Le Hirak, au contraire, demandait l’instauration d’un Etat de Droit et que le pouvoir revienne aux civils, dans un cadre démocratique. La revue El Djeich, dans l’édition diffusée mercredi 6 novembre 2019, rappelle les thèmes des discours que G.S. avait tenu durant sa présence au pouvoir. Elle réaffirme et maintient la date du 12/12/2019 pour l’élection présidentielle tout en menaçant de sanctionner les opposants. Dans cet éditorial, le pouvoir militaire —se juge compétent pour tourner la page de l’ancien régime— et s’attribue —le rôle primordial— dans la rupture avec les pratiques du passé. D’un coté, c’est une demande de justice sociale et économique. De l’autre c’est la remise en cause des bases de l’état et de son fonctionnement qui date de 1962.

    En outre, il est à remarquer que la plupart des condamnations des GJ reposent sur des accusations de dégradations, de vols et d’attaques des forces de police. La presse française a été très acerbe à leur égard. Ils ont été jugés dans le cadre de la loi sur la délinquance. Et non sur une quelconque appartenance politique remettant en cause l’état français.

    Et qu’en est-il des condamnations des « hirakiens » ? Ont-ils été jugé pour avoir cassé des magasins ou brûler des voitures ? Non, tous ont été jugés sur des critères politiques et condamnés : pour attroupement non armé, pour diffusion de fausses informations, pour outrage à corps constitué, pour atteinte au moral des troupes de l’armée, pour porter atteinte à l’intérêt national…
    D’un coté, des délinquants ont été jugés et condamnés pour des faits avérés de délinquances. Il est à signaler que les meneurs des GJ n’ont pas été inquiétés par l’état français. Ils se sont exprimés dans les médias en toute liberté et aucun n’a été accusé de traîtrise. Par contre, ici, sont des critères aux relents politiques qui ont lourdement condamnés certains manifestants du Hirak. Avec à la clé les sempiternelles insultes à leur encontre qui caractérisent notre débat politique.

    C’est là toute la différence. Justice d’un état de droit et justice du téléphone. Cela rejoint la notion du profond respect de la dignité humaine dont il est fait référence dans la contribution.

    Et les médias français, mais aussi espagnols, allemands, italiens, ont parfaitement établi la différence et fait ressortir dans leurs analyses ce qui était du domaine d’un problème sociétal qui prend sa source dans l’augmentation d’une taxe sur le gazole, de ce qui est la remise en cause du fonctionnement d’un « Etat-nation » qui date de 1962, par une majorité du peuple algérien et surtout sa jeunesse.

    Or chacun sait que nous n’avons pas encore vraiment résolu ce concept d’Etat-nation dans sa totalité. Les fonctions régaliennes de l’état n’ont jamais fonctionné suivant une souveraineté émanant de la communauté des citoyens. Cette communauté est la seule à pouvoir établir la synthèse de la notion d’ordre politique et juridique et d’une notion d’ordre identitaire. De ce fait sa légitimité est remise en cause périodiquement depuis 58 ans.

    C’est sur ces données que la presse, dans son ensemble, a diffusé ses analyses sur les manifestations algériennes et françaises. De toute évidence, ce qui se passait dans notre pays avait un impact et des conséquences au niveau des principes des droits politiques élémentaires mondiaux qui ont étonné et alerté toutes les presses étrangères. Les GJ, eux, ne se contentaient que de droits alimentaires. La réaction de la presse occidentale découle de l’importance morale du sujet. D’ailleurs, le Hirak avait une excellente « bonne presse ». C’était —le pouvoir algérien— qui était critiqué et non l’Algérie.
    Ce n’est pas la même chose. Mais processus de disqualification habituel s’est mis en marche, on a fait en sorte d’effacer les raisons de cette révolte pour retomber dans la fable de l’ennemi de l’extérieur au nom du patriotisme bien entendu.

    La réaction de la presse occidentale découle de l’importance morale du sujet. D’ailleurs, le Hirak a révélé le réveil d’une nation traumatisée. C’était le pouvoir algérien qui était critiqué et mis en cause par ses élections truquées, par sa corruption et tout ce qui s’ensuit. La réaction des médias occidentaux découle, suivant leur optique, de la dimension morale du sujet. Ils réagissent de la même manière pour la répression à Hong Kong dont la jeunesse veut garder son statue démocratique, comme pour la Birmanie où la jeunesse (plus de cent morts) se révolte contre le coup d’état de la dictature militaire. Ce qui s’est passé en Algérie rejoint le combat de ces jeunes.
    Effectivement, Frank Fanon avait raison : «Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.» Ayant eu 20 ans en 1962, Je ne pense pas l’avoir trahie depuis en étant persuadé que le système politique en Algérie se doit d’évoluer vers une démocratie pour se développer. Ce qui sera long et de plus en plus compliqué tant à cause des problèmes économiques que de la mentalité actuelle.

    Anonyme3.
    17 mars 2021 - 22 h 32 min

    Une chose est sure les rifains ou lès frenchies ne font pas appel à l’UE de s’ingérer dans leurs affaires ,ils ont pas lès mouchards qui travaillent pour l’ambassade d’Algérie et canal Algérie ,ils insultent pas leurs président et leurs armés ,ils ont pas dès surfeurs vendus multipliées des interviews avec L’entv .on voit rare un frenchi ou un rifains comme zitot ,aboud et lès autres vendus sur YouTube craché leurs venin de lâcheté sur leurs pays.on ne voit pas aussi nos responsables politique s’ingérer ou utilisé les manifestant rifains et lès frenchis brûleurs de magasins et voitures comme comme font lès charlies pepdos et mimi ezetla.

    Belveder
    17 mars 2021 - 18 h 37 min

    C est des Visions a sens unique un peu naives
    Pour les gilets Jaunes demandez donc a la  » FRANCE qui se léve tot et va bosser et paie ses impots » » ce qu elle pense vraiment de ce mouvement ..
    Pour les Marocains L a rebéllion a été maté dans l indifférence Totale de la communauté internationale (n est ce pas france 24???? etrangement absente
    Le HIRAK Algerien est notre fiérté…………….

    Elephant Man
    17 mars 2021 - 14 h 20 min

    Notez que les rifains ont manifesté pour un bol de riz jamais ils n’ont réclamé la tête de leur majesté ni même printemps arabes concoctés « DÉGAGEZ TOUS » « SYSTÈME DÉGAGE » « MONARCHIE DÉGAGE »
    …….jamais …..d’autant que bon nombre d’entre eux colonisent le Sahara Occidental !!
    VIVE LE POLISARIO VIVE LA RÉSISTANCE SAHRAOUIE VIVE LA RASD LIBRE VIVE LA PALESTINE LIBRE

      Anonyme
      17 mars 2021 - 19 h 32 min

      Et pourquoi vous, vous avez le droit de demander à Macron de dégager et vous le critiquez 10 fois par jour et vous traitez les Algériens de Harkis quand ils font la même chose en Algérie??

        Elephant Man
        18 mars 2021 - 19 h 50 min

        @Anonyme PAS Anonyme
        Et d’une je n’ai jamais demandé à Macron de dégager.
        Et de 2 que je sache y’a pas de printemps arabes/ ou frenchy concoctés en France encore moins au royaume enchanté modèle de démocratie….
        Je ne traite pas les Algériens de harkis uniquement ceux soumis à leurs maîtres et qui agissent contre la Patrie Algérie et les Algériens.
        Je vous renvoie notamment à l’excellent commentaire de @Anonyme3.

    jusqu'à quand on va tolérer les mensaces de marcoains sur les algériens?
    17 mars 2021 - 14 h 20 min

    beaucoup d’algériens ont observé et remarqué que les marocains, tous, menacent les algériens de représailles qui osent dire la vérité sur le conflit du sahara occidental ou autre qui dérangent les intérêts de leur roi dieu. les marocains veulent modeler les algériens par la peur pour ne pas critiquer leur colonisation au sahara occidental par des menaces et chantages de toute forme. attention les marocains sont en train de museler les algériens et nous conditionner, pour nous pousser à s’autocensurer. Y A PAS PLUS LACHE QUE QUELQU’UN OBEISSSE A LEUR CHANTAGE, FAIT MARCHE ARRIERE ET DEMANDE MÊME DES EXCUSES, ET SE MUE DANS LE SILENCE QUAND IL S’AGIT DE DÉFENDRE LES SAHRAOUIS, SOUS PRETEXTE ECOEURANT DE LA FRATERNITE ENTRE MARCOAINS ET ALGEREINS CES MAROCAINS QUI HAISSENT A MORT LES ALGEREINS DEPUSI TOUJOURS ET TOUT LE MONDE LE SAIT MAIS N’OSE LE DIRE PAR LACHETE. il n’y a aucune fitna avec un peuple qui insulte allah soubhanou et qui se prosterne pour un roi en défiant notre el khaleq el ouahid; lisez le saint coran sur les gens qui s’associent avec les ennemis de allah et quel sera leur sort et issue! on s’est associé avec le maroc en ouvrant les frontières dans le cadre de l’UMA, regardez le terrorisme et le malheur qui nous a frappé! méditez ce la!
    après le smenaces intolérables et sous le silence de nos autoruités voilà les marocains qui menacent derradji et bien d’autres célibrités pour peu qu’ils disent lla vérité qui les dérange.
    ATTENTION SI L’ÉTAT NE FAIT RIEN LES MAROCAINS VONT MODELER LES ALGÉRIENS POUR DEVENIR ANTI SAHRAOUIS ET SILENCIEUX POUR NE PAS ÊTRE MENACE, ATTENTION. IL FAUT A CHAQUE MENACE UNE RÉPONSE SÉVÈRE DES ALGÉRIENS ENVERS CE PEUPLE DE LACHES.
    les marocains veulent contraindre le monde entier à accepter leur dikat par les menaces, chantages qui ne sont que des bluffs de lâches et traitres. on l’a vu dernièrement sur l’allemagne qui va leur montrer que l’allemagne n’est pas un pays de bédouins qui va se faire manipuler par un roi dealer et criminel. et je pense que l’allemagne EN LEADER QUI RETROUIVER SON LEADERSHIP QUE LA FRANCE VEUT LUI VOLER, va donner une leçon à tous les pays peureux du maroc qui n’est qu’un pays de lâches et de bergers et surtout surtout de MENTEURS VICIEUX.

    MAIS ENCORE UNE FOIS IL FAUT SENSIBILSIER L'OPINION INTERNATIONALEE
    17 mars 2021 - 14 h 03 min

    c’est très bien de rappeler la haine de la france et d’israel contre l’algérie et épargnent les crimes du maroc et assassinats au maroc et au sahara occidental occupé, ils censurent même les agressions sanguinaires au couteau sur les touristes étrangers au maroc, sans parler de la dictature du roi du maroc qui est en phase de devenir la plus grande dictature au monde.
    que le CICR et human rights watch qui ont été au sahara occidental occupé par le smarocains civils et militaires pour recevoir de l’argent de la corruption du maroc, qu’ont ils fait pour sauver Mohamed Lamine Haddi et bien d’autres vrais sahraouis dans les prisons marocaines? pourquoi ils ne les ont pas vu? et donc pas de rapport qui nuirait au corrupteur marocain?
    pourquoi la france s’inquiète de khaled drareni, alors que pour les algériens c’est un tunisien plus qu’algérien qui est considéré comme un agent du mossad en algérie, et que personne ne lui donne un quelconque intérêt, et ne parle pas des journalistes marocains emprisonnés et torturés au maroc et des hirakistes marocains condamnés à 20 ans de prison, oui je dis bien 20 ans de prison, que la france laisse mourir car elle est raciste et n’a rien à cirer des bougnoules marocains, c’est juste l’argent sale de la criminalité du roi et du mossad qui les intéresse!
    mais si l’algérie veut faire très mal à ces médias sionistes, c’est encore une fois notre président lors du débats avec les journalistes qui doit le dénoncer. s’il ne le fait pas alors ils vont nous avoir et nnous faire du mal.
    monsieur le président …, il faut le frapper fort si vous voulez qu’ils vous respecte. un lâche n’a pas de valeur morale, la seule chose qui peut corriger son sale caractère c’est la punition sévère pour lui faire mal. là vous serez certain qu’il ne recommencera plus jamais. autrement, votre gentillesse passera pour de la faiblesse et c’est lui qui vous frappera et pourra vous détruire pour de bon. donc ayez le caractère de nos saints aïeux, sans pitié avec les ennemis de allah soubhanou et sans pitié avec les traitres et ennemis. et on a réussi, comme ça! ces lâches souvent se cachent derrière de vrais patriotes et hirakistes sincères et naifs, il faut les débusquer et nous demandons aux vrais hirakistes de nous aider à les débusquer. car la vraie démocratie est celle du peuple, pas celle des manipulateurs machiavéliques qui cherchent le chaos.

    Elephant Man
    17 mars 2021 - 14 h 03 min

    Je réitère il est impossible que l’Algérie ne soit pas la cible des « exportateurs de la démocratie » Pr Ahmed Bensaada.
    Pour le reste Algérie bashing une constante délibérée et assumée médiaticopolitique une récurrence en obsession maladive incurable.
    Drareni n’a rien d’un journaliste mais d’un agent de l’ambassade de France à Alger.
    Quant au royaume enchanté unique modèle de démocratie dans la région si l’on en croit Sarkozy cf.2019 après avoir installé une magnifique démocratie OTANazienne en Libye, Allah Yarhmou le Guide le Colonel Gueddaffi.
    C’est d’ailleurs pour ça qu’en France ses fidèles sujets esclaves consentants qu’ils soient simples « citoyens » réseaux sociaux trolls et cie ou dans la sphère médiacopolitique s’en donnent à coeur joie pour cracher sur l’Algérie en permanence.
    Je vous défie de me trouver un seul article french qui bave sur le royaume enchanté de Hassassin II à la majesté actuelle …vous n’en trouverez aucun.
    Pour reprendre @Casbi : … c’est plutot l’HISTOIRE basee sur des faits et qui revele le vrai visage qui n’a jamais change des criminels, des sauvages qui OSENT NOUS DONNER DES LEÇONS DE DÉMOCRATIE ET DE CIVILISATION.

      Anonyme
      17 mars 2021 - 19 h 41 min

      République Algérienne DÉMOCRATIQUE et Populaire. L’Algérie sera démocratique tôt ou tard comme l’ont voulu nos martyrs ✌✌✌

    karimdz
    17 mars 2021 - 12 h 37 min

    Il n y a rien à redire sur cet article très révélateur du traitement à géométrie variable, dés lors qu’il s agit de l Algérie d’une part, et la France et le Maroc qui ne s attirent même pas les foudres du parlement européen !!!

    Anonyme
    17 mars 2021 - 12 h 02 min

    Autrement dit ya Si Ben Hounet, « ne vous plaignez pas trop rentrez chez vous », vous êtes très bien comme ça!! C’est ça?? On doit tirer un trait sur les dizaines de milliards de dollars pillés qui n’ont pas été récupérés. Ne plus demander de comptes aux milliers de pilleurs qui n’iront jamais à El Harrach, se contenter d’une quarantaine de détenus qui vont payer pour des milliers? C’est ça??

      Hakim
      17 mars 2021 - 14 h 03 min

      Les Gilets jaunes ils sont très violon ils casse ils brule souvent alcoolisé rien avoir avec le hirak très pacifique

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