L’ivresse du pouvoir

pouvoir désir fantasmatique
Le pouvoir, c’est la folie de se vouloir centre unique. D. R.

Par Nouredine Benferhat – Le pouvoir est force et ruse. C’est le désir fantasmatique qui va par la violence, réduire le réel au fantasme et lui faire payer le prix de son altérité.

Le pouvoir totalitaire est l’essence fantasmatique du pouvoir. Il est désir d’exercer le pouvoir et d’absorber le monde dans l’identité de son désir. C’est la folie de se vouloir centre unique et rayonnant du champ du collectif. C’est l’ambition personnelle et le plaisir qu’on trouve à l’exercer, c’est-à-dire la gloire et l’ivresse des sommets. C’est le processus d’aliénation que déclenchent les émotions et les passions.

Même non recherchée au départ, l’expérience du pouvoir montre qu’elle est expérience de ce désir fantasmatique qui déclenche inévitablement sa logique, à moins d’une force d’âme extrêmement rare qui suppose la compréhension de ce processus. Sans cela, le pouvoir corrompt, et ce, quels qu’en soient la base de légitimation et les motifs personnels initiaux.

Le pouvoir légitime ne se mesure pas au fondement dont il se réclame et à la perfection des institutions qui constituent ce fondement, tant il est vrai que cette légitimité tend toujours à être résorbée par le fonctionnement concret du pouvoir.

Ce n’est pas parce qu’un pouvoir est légitime que toutes les décisions le sont et qu’il en devient infaillible.

Le critère de légitimité d’un pouvoir, c’est celui de la «contestabilité» de ce pouvoir, qui l’invite à «l’obéissance irrespectueuse» qui admet le fait du pouvoir, mais qui, irrespectueusement, en discute les actes.

N. B.

Commentaires

    Lghoul
    11 mai 2021 - 16 h 42 min

    Du « prince » de Machiavel je copie un extrait: « Machiavel en déduit : « Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus. » Mais, pour ne pas laisser voir cette perfidie, il doit aussi « posséder parfaitement l’art et de simuler et de dissimuler ». Son hypocrisie doit le faire paraître « tout plein de douceur, de sincérité, d’humanité, d’honneur, et PRICIPALEMENT DE RELIGION».

    Machiavel assure que les hommes en général se tiennent à l’image des qualités, et d’autre part que le prince sera jugé sur le résultat et que tant qu’il conservera sa vie et son État, « tous les moyens qu’il aura pris seront jugés honorables ». Et dire que le livre est paru en 1532 !

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