Repenser le territoire
Par Abderrahmane Mebtoul – Il faut opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques. Cette organisation institutionnelle implique d’avoir une autre organisation tant des ministères que des wilayas par des regroupements évitant les micro-institutions, l’éparpillement des ministères et également des wilayas budgétivores qui doivent être regroupées en adéquation avec ceux des ministères.
Il convient de ne pas confondre l’espace géographique avec l’espace économique qui intègre le temps, l’espace étant conçu comme surface, distance et comme ensemble de lieux. La recomposition du territoire s’inscrit dans un vaste projet inséparable des réformes structurelles à tous les niveaux en cours. La conception volontariste étatiste de l’aménagement du territoire en Algérie, fondée sur la fameuse théorie des pôles de développement ou de croissance, a été un leurre et n’a pas eu les effets escomptés.
L’aménagement du territoire ne peut être conçu d’une manière autoritaire, interventionniste, conception du passé, mais doit être basé sur la concertation et la participation effective de tous les acteurs sociaux. Il doit dépasser cette vision distributive à l’image des programmes spéciaux, mais doit concourir à optimaliser la fonction du bien-être collectif. L’aménagement du territoire plaçant l’homme pensant et créateur au cœur du développent doit réaliser un triple objectif : une société plus équilibrée et plus solidaire, la croissance au service de l’emploi et la favorisation du couple justice sociale-croissance économique.
Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites, mais d’organiser leurs solidarités. Pour cela, il s’agira de favoriser une armature urbaine souple à travers les réseaux, la fluidité des échanges, la circulation des hommes et des biens, les infrastructures, les réseaux de communication en étant le pilier. Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous-systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants, bien qu’autonomes dans leurs décisions, incluant la protection de l’environnement, souple dans son organisation et dont le rôle essentiel est la prospective du territoire en évitant le centralisme administratif, l’hégémonie des grandes agglomérations, afin de construire un socle productif sur plus d’individus et davantage d’espace.
L’efficacité de ces mesures d’aménagement du territoire pour favoriser les activités productives implique la refonte des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle cette politique qui doit s’appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches aurait une portée limitée. La structure qui semble la plus appropriée pour créer ce dynamisme, ce sont les chambres de commerce régionales qui regrouperaient l’Etat, les pouvoirs publics en tant que régulateur et non gestionnaire, les entreprises publiques et privées, les banques, les centres de formation professionnelle et les universités et les centres de recherche, lieu de concertation et d’actions concrètes pour les populations locales d’impulsion pour la concrétisation de projets fiables et durables qui tiennent compte des avantages comparatifs des régions.
La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de service divers – réseau commercial, loisirs, etc. – est fondamentale. Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses prospectives fondamentales et à un tableau de bord d’orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs.
A. M.
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