La classe ouvrière n’est pas de taille

poll classe ouvrière
Dépolluer l'Afrique des déchets de la barbarie du capitalisme occidental. D. R.

Une contribution de Saadeddine Kouidri – Comment affirmer que la classe ouvrière n’est pas de taille pour affronter la classe de la bourgeoisie si on n’en donne pas la définition au préalable. Oui, sauf que, quelle que soit sa définition, on sait pertinemment qu’elle a échoué. Si elle a échoué, est-ce parce qu’elle a été mal définie à ce jour ? Nous donnerons donc une suggestion à ce sujet, où le «Hirak» illustre cette classe ouvrière de 2019 en Algérie.

En 1972, dans le rapport Meadows, les chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) arrivent aux mêmes constats que Karl Marx, un siècle après, sur les effets destructeurs de l’écologie par le système capitaliste, et donc la caducité imminente du modèle de croissance de ce dernier. Ce rapport sur «les limites de la croissance» est critiqué par ceux nombreux pour qui il ne saurait y avoir de progrès sans croissance, ceux-là qui, bornés à la jouissance du produit, occultent la réalité de sa production. Pour ainsi dire, celles et ceux qui font «l’apologie de la liberté qui se nourrit de l’esclavage».

Ce n’est pas une raison qui doit nous pousser à vivre moins bien mais tout au contraire, il s’agit de vivre de mieux en mieux, tout en polluant de moins en moins. Il s’agit simplement de travailler en respectant la nature. Il ne s’agit point de se priver de moyens opportuns. En Europe, en 2019, une voiture émet 122 grammes de déchets par km. C’est énorme.

Il faut donc la modifier pour la rendre plus légère et moins polluante comme vient de le faire Yacine B. avec son moteur à combustion sans arbre à came, sans chaîne de distribution… Cet exemple du moteur made in Algeria est pour dire qu’on doit améliorer les moyens encore utiles dans tous les domaines et non pas se priver de commodité comme nous le suggèrent certains anticapitalistes occidentaux.

La perfection ne s’atteint jamais car elle serait la fin de l’évolution. On peut illustrer cette affirmation par la pratique sportive ou par la recherche scientifique. Dans ce dernier domaine, nous apprenons avec joie que S. Chader a mis le doigt sur le traitement des eaux usées par les microalgues endémiques (la Chlorella et la Scenedesmus).

Pour Darwin, contrairement aux théoriciens du darwinisme social, le perfectionnement humain tient principalement au progrès moral qu’illustre le précepte suivant : al ‘aql a’salîm fi’l jism a’salîm(*). Pour améliorer notre santé, il n’y a pas de limite à l’harmonie du corps.

Pour notre morale, notre train de vie doit dépasser la qualité de vie de l’occidental, car notre continent est riche. Pour vivre mieux, il est vital de dépolluer le continent des déchets de la barbarie du capitalisme occidental et parallèlement nous devons nationaliser tous les biens appartenant à des étrangers impliqués dans les coups fourrés. Ces esclavagistes, on doit s’y atteler toutes et tous en impliquant tous les Etats africains et amis.

Pour nous, la définition de la classe ouvrière a été une erreur, à l’exemple des identités attribuées par la Constitution. Est-il pensable d’être désigné musulman par quelqu’un d’autre que soi ? Quand le pouvoir nous impose deux fausses identités, son opposition ne trouve pas mieux que d’en revendiquer une troisième qui, en vérité, est multiple. La multiplication des identités a comme but, conscient ou inconscient, de nous diviser, une façon de nous évacuer de la scène politique. Le Hirak a été leur échec, puisqu’il a été la cause du départ du président Bouteflika et mis fin au 5e mandat. Nous retenons donc que pour promouvoir ou abroger une loi, un Hirak est nécessaire, un 19 février.

Nous apprenons que dans le projet de la nouvelle Constitution, la Tunisie a l’intention de supprimer toute référence à l’islam comme un moyen de mettre fin à l’islam politique. C’est le cadeau de la Tunisie au futur Maghreb à la veille du 60e anniversaire de notre indépendance. Nous encourageons nos frères tunisiens à approuver cette Constitution qui ouvrira une ère nouvelle dans la région. Il faut être un bourgeois pour désigner la classe ouvrière fer de lance dans la lutte contre la bourgeoisie. A-t-on vu un parti, de la classe ouvrière, dirigé par des ouvriers ?

Dans sa définition de la plus-value, Karl Marx montre la racine de l’exploitation du travailleur par le patron, la base de leur enrichissement par la spoliation. Il permet de cerner la classe opposée à la celle de la bourgeoisie, sans la définir. Elle est donc composée, dans ce cas en premier, pas exclusivement, de tous ceux qui ne travaillent pas à leur compte. On voit que la lutte contre la grande bourgeoisie est l’affaire de l’écrasante majorité du peuple. Ce n’est qu’avec ce grand nombre de travailleurs et travailleuses, les retraités, les fonctionnaires qui sont sous le new public management qu’on pourra cheminer vers la victoire sur la méga-bourgeoisie, composée de riches, certains plus riches que des nations, qui mènent l’humanité à la dérive.

Elle a accaparé nos richesses depuis des siècles par la force et par ses lois. L’éternelle Palestine et le Sahara Occidental sont les exemples toujours d’actualité, plus d’autres guerres, d’autres conflits, celle du Yémen, de la Syrie dont la région de Damas vient d’être bombardée par Israël.

Si la France est alliée au royaume marocain, c’est parce qu’elle est toujours un empire colonial et c’est aussi la raison qui en fait un allié des Etats-Unis en Ukraine qu’elle vient de pourvoir de canons de 80 km de portée qui, à l’origine, étaient destinés au Maroc.

Des multimilliardaires occidentaux possèdent les richesses africaines et la France coloniale gère, en sus, la monnaie nationale de certains Etats indépendants dont la première conséquence est la famine pour des millions de personnes dans le continent

Nous ne pouvons pas accepter de telles injustices. Nous avons tout à faire et le pouvoir et son opposition tentent de nous noyer dans un verre d’eau. Un exemple, quand le président déclare qu’il n’y a pas de prisonnier d’opinion, l’opposition qui revendique leur liberté ne lui dit pas un mot à ce sujet. Pourquoi l’opposition ne discute-t-elle pas ce litige lorsqu’elle est reçue à la Présidence ? L’islamisme et le séparatisme sont-ils des opinions ? Loin de moi l’idée que tous les prisonniers sont uniquement de ceux-là. Pourquoi les invités du Président se taisent-ils sur la qualité des détenus, y compris dans les déclarations à la presse ?

Comme on le constate, cette famille politique, pouvoir et opposition, aidée par certains médias, piègent la société par un lourd silence. Il est, ici, synonyme dans le langage populaire de consentement. Se peut-il que l’opposition opte pour l’islamisme et le séparatisme, surtout quand on sait que lorsque le pouvoir a qualifié Rachad et le MAK d’organisations terroristes, elle ne l’a pas apprécié à sa juste valeur ? Cette attitude porte préjudice à la lutte contre le terrorisme islamiste et séparatiste. Elle jette plus que du doute sur la politique de ces partis et personnalités.

Quand on opte pour le libéralisme économique, celui du capitalisme forcément, celui qui élargit l’écart des inégalités indéfiniment, au point où des hommes deviennent plus riches qu’un Etat, il faut savoir que cette économie est consubstantielle à l’absence de liberté politique des peuples, puisque cette dernière est aux mains des bourgeois, des féodaux et tutti quanti du pouvoir et de son opposition.

Pour être crédible, toute personne qui s’implique pour une cause publique doit annoncer opportunément son engagement politique, qui est un minimum moral, dans ce domaine, envers ses compatriotes. Quand on sait qu’il n’y a plus que deux grandes options politiques dans le monde, grâce à Poutine, on peut dire : ma kanch win iga’yel e’zawech(**).

S. K.

(*) L’équivalent de l’expression un esprit sain dans un corps sain, sauf qu’en arabe on ne parle pas d’esprit mais d’intelligence.

(**) Dans le sens : il n’y a pas d’échappatoire.

Comment (8)

    anonyme
    13 juin 2022 - 13 h 54 min

    « Pour notre morale, notre train de vie doit dépasser la qualité de vie de l’occidental, car notre continent est riche. Pour vivre mieux, il est vital de dépolluer le continent des déchets de la barbarie du capitalisme occidental et parallèlement nous devons nationaliser tous les biens appartenant à des étrangers impliqués dans les coups fourrés. »

    Il y a surtout des opportunistes de l’interieur qui sont devenus des milliardaires en un temps record

    Belveder
    12 juin 2022 - 9 h 20 min

    la Majorité des multimilliardaires sont Russes Chinois Brésiliens Indiens africains ..moyen orientaux…
    MAIS les legendes ont la peau dures

    A propos
    12 juin 2022 - 1 h 11 min

    par Pepe Escobar.

    Dans son dernier livre, l’économiste Michael Hudson oppose le socialisme au capitalisme financier et met en pièces la « civilisation de rêve » imposée par les 1%.

    Avec « The Destiny of Civilization : Finance Capitalism, Industrial Capitalism or Socialism » (Le destin de la civilisation : Capitalisme financier, capitalisme industriel ou socialisme), Michael Hudson, l’un des plus grands économistes indépendants au monde, nous offre sans doute le manuel ultime pour savoir où nous en sommes, qui est aux commandes et si nous pouvons les contourner.

    Entrons directement dans le vif du sujet. Hudson commence par une analyse de l’éthique du « prenez l’argent et partez », avec la désindustrialisation, puisque 90% des revenus des entreprises américaines sont « utilisés pour des rachats d’actions et des versements de dividendes afin de soutenir le cours des actions des sociétés ».

    Cela représente l’apogée de la stratégie politique du « capitalisme financier » : « capturer le secteur public et déplacer le pouvoir monétaire et bancaire » vers Wall Street, la City de Londres et d’autres centres financiers occidentaux.

    L’ensemble des pays du Sud reconnaîtra facilement le modus operandi impérial : « La stratégie de l’impérialisme militaire et financier américain consiste à installer des oligarchies et des dictatures clientes, et à faire pression sur les alliés pour qu’ils se joignent à la lutte contre les adversaires désignés en subventionnant non seulement les coûts de guerre de l’empire (« défense »), mais aussi les programmes de dépenses intérieures de la nation impériale ». C’est l’antithèse du monde multipolaire prôné par la Russie et la Chine.

    En bref, notre guerre froide 2.0 actuelle « est essentiellement menée par un capitalisme financier centré sur les États-Unis et soutenant des oligarchies rentières, contre des nations qui cherchent à développer une autonomie et une prospérité intérieure plus étendues ».

    Hudson nous rappelle avec prescience Aristote, qui dirait qu’il est dans l’intérêt des financiers d’exercer leur pouvoir contre la société dans son ensemble : « La classe financière a historiquement été le principal bénéficiaire des empires en agissant comme des agents de recouvrement ».

    Donc, inévitablement, le principal levier impérial sur le monde, une véritable « stratégie de sous-développement », devait être financier : instrumentaliser la pression du FMI pour « transformer les infrastructures publiques en monopoles privatisés, et inverser les réformes pro-travail du XXe siècle » via ces fameuses « conditionnalités » des prêts.

    Pas étonnant que le Mouvement des non-alignés (MNA), créé à Belgrade en 1961 avec 120 nations et 27 observateurs, soit devenu une telle menace pour la stratégie mondiale des États-Unis. Comme on pouvait s’y attendre, ces derniers ont riposté par une série de guerres ethniques et les premières incarnations de la révolution de couleur – en créant des dictatures à l’échelle industrielle, de Suharto à Pinochet.

    Le point culminant a été la réunion cataclysmique de Houston, le 19 décembre 1990, pour « célébrer » la dissolution de l’URSS. Hudson nous rappelle comment le FMI et la Banque mondiale « ont élaboré un plan pour que les dirigeants russes imposent l’austérité et cèdent leurs actifs – peu importe à qui – dans une vague de « thérapie de choc » afin de laisser la prétendue magie de la libre entreprise créer une mêlée générale néolibérale ».
    Perdu dans un désert romain de dettes

    Dans une large mesure, la nostalgie du viol et du pilonnage de la Russie des années 1990 alimente ce que Hudson définit comme la nouvelle guerre froide, où la diplomatie du dollar doit affirmer son contrôle sur chaque économie étrangère. La nouvelle guerre froide n’est pas menée uniquement contre la Russie et la Chine, « mais contre tous les pays qui résistent à la privatisation et à la financiarisation sous le parrainage des États-Unis ».

    Hudson nous rappelle que la politique de la Chine « a suivi presque le même chemin que le protectionnisme américain de 1865 à 1914 : subventions publiques à l’industrie, investissements massifs du secteur public… et dépenses sociales dans l’éducation et les soins de santé pour améliorer la qualité et la productivité de la main-d’œuvre. Cela ne s’appelait pas le marxisme aux États-Unis ; c’était simplement la façon logique d’envisager l’industrialisation, en tant que partie d’un vaste système économique et social ».

    Mais ensuite, le capitalisme financier – ou de casino – a pris de l’ampleur, et a laissé l’économie américaine principalement avec « des excédents agricoles agro-industriels, et des monopoles dans les technologies de l’information (largement développées comme un sous-produit de la recherche militaire), le matériel militaire, et les brevets pharmaceutiques (basés sur des fonds publics d’amorçage pour financer la recherche) capables d’extraire une rente de monopole tout en se rendant largement exonérés d’impôts en utilisant des centres bancaires offshore ».

    Voilà l’État d’Empire actuel : il s’appuie uniquement « sur sa classe de rentiers et sur la diplomatie du dollar », la prospérité étant concentrée dans le 1% supérieur des élites de l’establishment. Le corollaire inévitable est que la diplomatie américaine impose des sanctions illégales et unilatérales à la Russie, à la Chine et à toute autre personne qui défie ses diktats.

    L’économie américaine est en effet un remake post-moderne boiteux de l’empire romain tardif : « dépendant du tribut étranger pour sa survie dans l’économie rentière mondiale d’aujourd’hui ». Entrez dans la corrélation entre un repas gratuit qui s’amenuise et la peur totale : « C’est pourquoi les États-Unis ont entouré l’Eurasie de 750 bases militaires ».

    Délicieusement, Hudson remonte à Lactance, à la fin du IIIe siècle, décrivant l’empire romain sur les Instituts divins, pour souligner les parallèles avec la version américaine :

    « Afin d’asservir le plus grand nombre, les cupides ont commencé à s’approprier et à accumuler les produits de première nécessité et à se les accaparer, afin de garder ces largesses pour eux-mêmes. Ils n’ont pas fait cela pour le bien de l’humanité (ce n’était pas du tout dans leur nature), mais pour rafler toutes les choses comme produits de leur cupidité et de leur avarice. Au nom de la justice, ils ont fait des lois injustes et inéquitables pour sanctionner leurs vols et leur avarice contre la puissance de la multitude. De cette façon, ils se sont servis autant de l’autorité que de la force des armes ou de la méchanceté flagrante ».
    Socialisme ou barbarie

    Hudson formule succinctement la question centrale à laquelle le monde est confronté aujourd’hui : « L’argent et le crédit, la terre, les ressources naturelles et les monopoles seront-ils privatisés et concentrés entre les mains d’une oligarchie de rentiers ou utilisés pour promouvoir la prospérité et la croissance générales ? Il s’agit essentiellement d’un conflit entre le capitalisme financier et le socialisme en tant que systèmes économiques ».

    Pour faire avancer la lutte, Hudson propose un programme contre-rentier qui devrait être le plan ultime des pays du Sud pour un développement responsable : la propriété publique des monopoles naturels ; des infrastructures de base essentielles aux mains du public ; l’autosuffisance nationale – surtout en matière de création monétaire et de crédit ; la protection des consommateurs et des travailleurs ; le contrôle des capitaux – pour empêcher l’emprunt ou la libellation des dettes en devises étrangères ; des taxes sur les revenus non gagnés tels que la rente économique ; l’impôt progressif ; une taxe foncière (« empêchera que la valeur locative croissante des terres ne soit donnée en gage aux banques pour obtenir des crédits afin de faire monter les prix de l’immobilier ») ; l’utilisation de l’excédent économique pour des investissements en capital tangible ; et l’autosuffisance alimentaire nationale.

    Comme Hudson semble avoir couvert toutes les bases, à la fin du livre, il ne me restait qu’une seule question primordiale. Je lui ai demandé comment il analysait les discussions actuelles entre l’Union économique eurasiatique (UEE) et les Chinois – et entre la Russie et la Chine, plus loin dans le temps – comme étant capables d’offrir un système financier/monétaire alternatif. Peuvent-ils vendre ce système alternatif à la majeure partie de la planète, tout en évitant le harcèlement financier impérial ?

    Hudson a eu l’amabilité de répondre par ce qui pourrait être considéré comme le résumé d’un chapitre entier d’un livre : « Pour réussir, toute réforme doit porter sur l’ensemble du système, et non sur une seule partie. Les économies occidentales d’aujourd’hui se sont financiarisées, laissant la création de crédit aux mains du secteur privé – pour être utilisée afin de réaliser des gains financiers au détriment de l’économie industrielle… Cet objectif s’est répandu comme une lèpre dans des économies entières – dans leur structure commerciale (dépendance à l’égard des exportations agricoles et pétrolières des États-Unis et des technologies de l’information), dans leurs relations de travail (antisyndicalisme et austérité), dans leur régime foncier (agriculture de plantation détenue par des étrangers au lieu de l’autosuffisance nationale et de l’autosuffisance en céréales alimentaires) et dans la théorie économique elle-même (traitement de la finance comme une partie du PIB, et non comme des frais généraux siphonnant les revenus du travail et de l’industrie) ».

    Hudson prévient que « pour se libérer de la dynamique du capitalisme financier prédateur parrainé par les États-Unis et ses satellites, les pays étrangers doivent être autosuffisants en matière de production alimentaire, d’énergie, de technologie et d’autres besoins fondamentaux. Cela nécessite une alternative au « libre-échange » américain et à son « commerce équitable » encore plus nationaliste (qui considère toute concurrence étrangère à l’industrie américaine comme « déloyale »). Cela nécessite une alternative au FMI, à la Banque mondiale et à l’OIT (dont la Russie vient de se retirer). Et hélas, une alternative nécessite également une coordination militaire telle que l’OCS [l’Organisation de Coopération de Shanghai] pour se défendre contre la militarisation du capitalisme financier centré sur les États-Unis ».

    Hudson voit tout de même un peu de lumière dans l’avenir : « Quant à votre question de savoir si la Russie et la Chine peuvent « vendre » cette vision de l’avenir aux pays du Sud et d’Eurasie, cela devrait devenir beaucoup plus facile d’ici la fin de l’été. L’un des principaux sous-produits (non involontaire) de la guerre de l’OTAN en Ukraine est la forte hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires (et des prix des transports maritimes). La balance des paiements de nombreux pays du Sud et d’autres pays sera alors fortement déficitaire, ce qui créera une crise lorsque leur dette libellée en dollars envers les détenteurs d’obligations et les banques arrivera à échéance ».

    Le principal défi pour la plupart des pays du Sud est d’éviter le défaut de paiement :

    « La hausse des taux d’intérêt américains a augmenté le taux de change du dollar non seulement par rapport à l’euro et au yen japonais, mais aussi par rapport aux pays du Sud et aux autres pays. Cela signifie qu’une part beaucoup plus importante de leurs revenus et de leurs recettes d’exportation doit être consacrée au service de leur dette extérieure – et ils ne peuvent éviter le défaut de paiement qu’en se privant de nourriture et de pétrole. Que choisiront-ils alors ? Le FMI peut leur proposer de créer des DTS pour leur permettre de payer – en s’enfonçant encore plus dans la dette dollarisée, en se soumettant aux plans d’austérité du FMI et en exigeant qu’ils vendent encore plus de leurs ressources naturelles, de leurs forêts et de leur eau ».

    Alors comment se libérer de la dette dollarisée ? « Ils ont besoin d’une masse critique. Celle-ci n’existait pas dans les années 1970, lorsqu’un nouvel ordre économique international a été évoqué pour la première fois. Mais aujourd’hui, il devient une alternative viable, grâce à la puissance de la Chine, aux ressources de la Russie et à celles de pays alliés comme l’Iran, l’Inde et d’autres pays d’Asie orientale et centrale. Je soupçonne donc qu’un nouveau système économique mondial est en train d’émerger. S’il réussit, le siècle dernier – depuis la fin de la Première Guerre mondiale et le désordre qu’elle a laissé – apparaîtra comme un long détour de l’histoire, revenant maintenant à ce qui semblait être les idéaux sociaux fondamentaux de l’économie classique – un marché libre de propriétaires à la recherche de rentes, de monopoles et de finance prédatrice ».

    Hudson conclut en rappelant ce qu’est réellement la nouvelle guerre froide :

    « En bref, c’est un conflit entre deux systèmes sociaux différents, chacun ayant sa propre philosophie du fonctionnement des sociétés. Seront-elles planifiées par des centres financiers néolibéraux centrés sur New York, soutenus par les néoconservateurs de Washington, ou représenteront-elles le type de socialisme envisagé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle – un « marché » et, de fait, une société sans rentiers ? Les monopoles naturels tels que la terre et les ressources naturelles seront-ils socialisés et utilisés pour financer la croissance intérieure et le logement, ou laissés aux intérêts financiers qui transforment les loyers en paiements d’intérêts qui grugent les revenus des consommateurs et des entreprises ? Et surtout, les gouvernements créeront-ils leur propre monnaie et piloteront-ils les banques pour promouvoir la prospérité nationale, ou laisseront-ils les banques privées (dont les intérêts financiers sont représentés par les banques centrales) prendre le contrôle des trésors nationaux ? »

    Pepe Escobar

    Anonyme
    11 juin 2022 - 18 h 07 min

    @Cher Abou Stroff.
    Si on se retrouve aujourd’hui dans un système rentier c’est bien parce que nous sommes soumis au capitalisme mondial. Si nous devons un jour créer notre propre système d’exploitation pourquoi nous encombrer d’un système aussi rétrograde, aussi archaïque, aussi injuste et aussi cruel que le capitalisme?
    Le capitalisme serait il une fatalité ?
    Nous pouvons très bien opter pour un autre système économique et social, un système plus égalitaire et surtout plus humain. Sans compter que qui dit système capitaliste dit forcément classe exploitante et classe exploitée et dans notre pays cela ressemblerait presque à un jeu de rôles car nous n’avons pas (et tant mieux ) de bourgeoisie fondatrice et dans ce cas l’attribution des richesses de notre pays serait non seulement subjective mais surtout sans mérite et là on serait carrément dans le domaine de la délinquance.
    Quand on parle de système rentier en Algérie, les media français et européens n’ont que ce mot à la bouche concernant notre pays, mais enfin le système rentier n’est pas propre à l’Algérie, le système rentier est général, la où une classe sociale en exploite une autre on peut parler de rentes. Certains peuples dont le nôtre ne supporte pas cette gabegie, il en souffre et c’est bien pour cela que nous ne sommes pas faits pour le capitalisme: il nous fait souffrir et nous rend malheureux.
    Croire, c’est tout en votre honneur, que le capitalisme peut apporter une qualité de vie générale c’est à dire à tous, est utopique. Le capitalisme n’apporte de qualité de vie qu’à la classe sociale qui détient les capitaux au grand détriment de la classe laborieuse qui forme la majorité.
    Non pitié, abou stroff, pas de capitalisme.

      Abou Stroff
      12 juin 2022 - 7 h 12 min

      « Nous pouvons très bien opter pour un autre système économique et social, un système plus égalitaire et surtout plus humain. » dites vous!
      question à un doro: que représentent le « nous » qui vont, (à la suite d’une assemblée générale d’actionnaires?) décider d’opter pour un autre système économique et social?
      en termes simples, je pense que vous prenez vos désirs pour la réalité. en effet,  » Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience ».
      en termes crus, dans le cadre de la formation sociale algérienne, les conditions objectives et subjectives ne militent guère en faveur l’avènement d’un « système plus égalitaire et surtout plus humain », bien au contraire.
      en termes réalistes, l’analyse concrète de la situation concrète algérienne débouche inéluctablement sur une conclusion incontournable: le dépassement du système rentier qui nous avilit et nous réduit à des infrahumains ne peut s’opérer qu’à travers la domination du système capitaliste qui a montré ses preuves, en termes de développement des forces de la production.
      quant au système plus humain auquel vous pensez, je pense qu’il émergera lorsque la capitalisme, en tant que système épuisera son potentiel, pas avant.
      PS: contrairement à ce que vous avez avancé, je ne suis pas un utopiste (par contre, je pense que vous l’êtes, au même titre que ceux qui croient au père Noël) car , je ne crois guère que le capitalisme puisse apporter le « bonheur » à tous. je soutiens simplement que, au regard, des contraintes objectives et subjectives, nous n’avons d’autre choix que de favoriser une dynamique du capitalisme qui nous extirperait du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui, au moment présent, nous avilit et nous réduit à des « moins que rien »

    Tin-Hinane
    11 juin 2022 - 16 h 02 min

    Le capitalisme, surtout dans sa forme la plus hideuse qu’est le libéralisme, doit disparaître du fait de son archaïsme, les sociétés humaines ont besoin d’évoluer. Nous nous sommes retrouvés coincés dans un mode d’exploitation européen et de nombreux peuples n’adhèrent pas à ce système car il est principalement basé sur l’exploitation d’une classe par une autre et donc régi par l’injustice. Les européens n’y trouvent rien à redire car ce système correspond à leurs mentalités, ils sont indo-européens n’oublions pas cette particularité. En Inde il y’a le système de castes qui est d’ordre religieux, en Europe c’est une construction sociale qui s’est formée en différentes classes sociales, une hiérarchie qui dans le cas de l’Inde comme celui de l’Europe est une aberration. Nous sommes différents, nous aspirons à une organisation sociale qui corresponde mieux à notre identité à notre être profond qui rejette le capitalisme, le libéralisme, le féodalisme et toutes ses formes d’exploitations qui sont de la maltraitance. Nous ne voulons pas d’injustice sociale car elle est dégradante et contre productive. L’Homme doit respecter l’Homme c’est ça être civilisé. Le capitalisme est cruel et il fait de la vie des humains un enfer. Nous ne sommes pas obligés de l’adopter, retrouvons notre liberté et mettons un place une organisation sociale et un sytème économique plus humain et qui convienne mieux à ce nous sommes.

      Elephant Man
      11 juin 2022 - 21 h 09 min

      @Tin-Hinane
      Parfaitement dit.
      Le capitalisme est mortifère.

    Abou Stroff
    11 juin 2022 - 9 h 00 min

    « La classe ouvrière n’est pas de taille » titre S. K..
    si nous admettons l’idée, en paraphrasant Marx, que la formation sociale algérienne ne se pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre, alors il nous faut admettre que la question de la taille de la classe ouvrière ne se pose point au sein de la formation sociale algérienne dominée par un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation.
    en termes simples, en Algérie, il n’y a, à proprement parler, qu’une classe ouvrière à l’état embryonnaire comme il n’y a qu’une classe capitaliste à l’état embryonnaire.
    en termes crus, si nous admettons que l’Histoire ne saute pas d’étapes, il nous faut admettre que la formation sociale algérienne doit s’affranchir (la question du comment est au coeur de la problématique) du système rentier pour retrouver un système dont la reproduction repose sur le travail (fut il aliéné) comme condition de son émancipation.
    or, il s’avère que, jusqu’à preuve du contraire, et malgré toutes les tares que nous pouvons lui accoler, le système capitaliste demeure le seul système à même d’assurer le développement des forces de la production.
    en termes réalistes, il nous faut donc réfléchir à la mise en place d’un capitalisme national qui ne soit point inféodé au capitalisme mondial, et qui réponde aux exigences du moment (en termes de qualité de vie, d’une manière générale). ce qui revient à avancer que nous devons construire une société capitaliste dont les intérêts sont foncièrement opposés aux intérêts du capitalisme mondial (le chantier est vaste mais, il me semble que nous n’avons pas d’autres alternative si nous voulons cesser de creuser notre propre tombe et la tombe de l’humanité dans son entièreté)
    moralité de l’histoire: « Quand on sait qu’il n’y a plus que deux grandes options politiques dans le monde, grâce à Poutine », il nous reste à agir pour que le monde devienne, de fait, un monde multipolaire où nous pourrons avoir les marges de manœuvre nécessaires pour nous émanciper dans un même mouvement ,du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des infrahumains et pour éviter le « libéralisme économique » mortifère.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.