Interview – Morgan Ody : «Il faut rompre avec les politiques néolibérales !»

Morgan Ody Via Campesina
Morgan Ody. D. R.

Morgan Ody est membre de la Confédération paysanne en France. Avant de devenir membre du Comité international de coordination de La Via Campesina, cette maraîchère bretonne a participé aux luttes pour la terre de la Confédération paysanne et, par l’intermédiaire de la Coordination européenne Via Campesina (ECVC), à la défense des politiques publiques au niveau européen en ce qui concerne la terre et la gouvernance des systèmes alimentaires. Elle revient, dans cette interview, sur le mouvement des agriculteurs en Europe.

Mohsen Abdelmoumen : Quelles sont les raisons de la colère des paysans en Europe ?

Morgan Ody : Les paysans se mobilisent partout en Europe parce que nous n’arrivons plus à vivre de notre travail. C’est essentiellement une colère qui s’exprime autour du manque de revenus, de la capacité à gagner notre vie à partir de notre travail.

Quelles sont vos revendications ?

Nos revendications, c’est d’avoir des prix agricoles qui couvrent les coûts de production, y compris les coûts liés à un revenu décent pour notre travail. La deuxième revendication, c’est d’arrêter les accords de libre-échange parce que ces accords nous mettent en concurrence avec des produits qui arrivent beaucoup moins chers que les prix que nous réalisons en Europe et, donc, pour arriver à vivre de notre métier, il faut arrêter les accords de libre-échange. La troisième revendication, c’est le fait que les subsides de la Politique agricole commune (PAC) soient distribués de façon beaucoup plus équitable entre les paysans, parce que, pour l’instant, vu que les aides de la PAC sont liées à la surface agricole, ceux qui ont beaucoup d’hectares touchent beaucoup d’aides et ceux qui ont des petites fermes ne touchent presque pas d’aides. Enfin, la quatrième revendication, c’est de réduire la charge bureaucratique parce qu’en tant que paysan, on se retrouve à faire énormément de tâches administratives pour tout justifier, et cela nous oblige à passer beaucoup trop de temps devant nos ordinateurs alors que notre travail consiste à être dans les champs et avec les animaux pour produire l’alimentation.

De quoi souffre réellement le monde agricole européen ?

Le monde agricole européen souffre du fait qu’il est obligé de produire au prix le plus bas possible. Nous sommes face à une situation de concurrence où il faut toujours être plus compétitif, ce qui signifie produire le moins cher possible. Mais, en parallèle, on demande aussi aux agriculteurs européens de produire des produits de qualité et de faire une transition vers des pratiques plus environnementales, et ces choses-là sont complètement contradictoires. C’est-à-dire que nous, paysans, nous voyons bien qu’il y a un problème environnemental et qu’il est nécessaire de produire une alimentation de qualité, donc nous sommes d’accord avec cette exigence, mais il n’est pas possible de nous demander de produire une alimentation de qualité dans de bonnes conditions environnementales et, en même temps, de nous dire que ce sera toujours à un prix inférieur. C’est cette contradiction qui provoque un grand malaise.

Ne pensez-vous pas que les politiques européennes concernant le secteur de l’agriculture ont échoué totalement ?

Il faut voir les choses du point de vue historique. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y avait une nécessité de relancer l’agriculture européenne pour réussir à nourrir les populations. Ça a été un grand succès. En effet, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne meurt plus de faim en Europe, il y a suffisamment de production. Donc, on peut dire qu’il y a eu un succès dans les années 1950 et 1960 pour soutenir une agriculture qui permette de nourrir toute la population européenne. Mais, depuis, les enjeux ont changé. On n’a plus de problèmes de sous-production. Mais on est face à une crise environnementale énorme. Il faut adapter les politiques qui doivent changer pour prendre en compte ces nouveaux enjeux qui sont : produire une alimentation de qualité, faire face au défi du changement climatique et faire face au défi de la biodiversité. Il y a aussi le défi qui consiste à procurer des emplois aux gens en zones rurales. Donc, il faut arrêter de faire baisser le nombre de paysans, et c’est pour cela que nous avons besoin d’un changement profond dans les politiques agricoles en Europe, qui doivent cesser de pousser à produire toujours plus. Aujourd’hui, il faudrait que les politiques agricoles en Europe promeuvent une agriculture à la fois de qualité et qui permette aux agriculteurs, qui font ce choix de produire une agriculture de qualité dans le respect de l’environnement, d’avoir une rémunération à la hauteur de celle des autres travailleurs.

En parlant de rémunération, on voit des agriculteurs qui ont à peine 300 euros comme pension, d’autres se suicident. Le président de la FNSEA a annoncé une aide dérisoire. Pourquoi les dirigeants européens ne vous écoutent-ils pas, alors que c’est vous qui les nourrissez ainsi que les populations ?

Effectivement, il y a un problème d’oligarchie et comme pour le reste de la société, en agriculture, il y a une toute petite minorité de très riches. Ce ne sont même plus des agriculteurs, ce sont des «agrimanagers» et Arnaud Rousseau, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) est très représentatif de ces agrimanagers qui sont extrêmement riches. Arnaud Rousseau a le contrôle de 700 hectares, donc une immense exploitation agricole, il touche 170 000 euros d’aide PAC tous les ans. Par ailleurs, il est le manager d’un groupe agroindustriel qui s’appelle Avril (Sofiprotéol). Et, donc, l’échec des politiques agricoles provient des décideurs européens et des décideurs au niveau national, qui ont fait le choix de soutenir cette minuscule minorité d’agrimanagers et de pratiquer des politiques qui vont contre les intérêts de l’immense majorité des paysans et des agriculteurs, qu’ils soient des éleveurs ou des petits cultivateurs. Et, encore une fois, ce qu’il s’est passé ces dernières semaines, les décisions qui ont été prises par le gouvernement français et aussi au niveau européen, sont à nouveau des décisions qui vont dans le sens des intérêts d’une petite minorité d’agrimanagers et qui vont contre les intérêts de la grande majorité des agriculteurs qui essaient de bien faire leur travail, mais qui ne sont nullement soutenus.

Vous confirmez donc qu’il existe une oligarchie en Europe et qu’elle a ses représentants, notamment dans le monde agricole ?

Oui. Et il y a une déconnexion. Le chef et les principaux dirigeants de la FNSEA défendent les intérêts de cette oligarchie alors qu’il y a beaucoup d’adhérents – par exemple, j’ai des voisins qui sont adhérents à la FNSEA mais qui sont des éleveurs de taille moyenne – dont les intérêts au final ne sont pas du tout défendus par ce syndicat.

Pourquoi n’êtes-vous pas soutenus par les politiciens ? Parce qu’ils font partie de cette oligarchie, d’après vous ?

Au niveau des partis politiques, on a le soutien de certains députés européens.

A titre individuel, pas en tant que partis…

D’abord, pour nous, en tant qu’organisation paysanne, l’autonomie de nos organisations paysannes et agricoles vis-à-vis des partis politiques, c’est un principe de base, c’est-à-dire qu’on ne peut être soumis à aucun parti politique. Ensuite, le problème est qu’un certain nombre de partis trouvent qu’on a parfois de bonnes idées mais les positions que nous prenons, entre autres le fait de rompre avec les accords de libre-échange, les mettent dans l’embarras et ils ont du mal à tenir des positions aussi radicales, notamment au niveau européen. Je vais vous donner un exemple : au niveau européen, la plupart des eurodéputés du PSE, le Parti socialiste européen, votent en faveur des accords de libre-échange parce qu’ils sont dans un logiciel néolibéral, alors que nous, en tant qu’organisation agricole avec des membres dans plus de trente pays européens, nous sommes radicalement opposés à ces accords de libre-échange.

Donc, vous êtes dans le rejet du modèle néolibéral que propose l’oligarchie ?

Oui, nous sommes clairement dans le rejet du modèle néolibéral. Et, surtout, nous pensons que ce modèle n’est plus du tout adapté au monde actuel assez chaotique. C’est-à-dire que face aux crises climatiques, face à l’environnement de crises géopolitiques que l’on vit aujourd’hui, pour assurer une stabilité dans les approvisionnements alimentaires, il faut des politiques publiques très volontaristes. Il faut vraiment la régularisation des marchés. On ne peut plus être dans des politiques de libre-échange et de libre marché, car la conséquence de ces politiques de libre marché est une très forte inflation qui pénalise fortement les consommateurs et les populations urbaines, alors qu’en France, il y a 15% de la population qui dépend des banques alimentaires pour se nourrir. Ces gens-là ne sont plus capables d’acheter leur alimentation à cause de l’inflation, et de l’autre côté, les paysans n’arrivent plus à se rémunérer avec la vente de leurs produits. Donc, on voit bien qu’il y a un problème, et ce problème est lié au fait qu’il y a des acteurs au milieu, des intermédiaires, qui se gavent et qui font des marges énormes à la fois contre les paysans et contre les consommateurs. Face à cela, il n’y a pas d’autre solution que de rompre avec les politiques néolibérales et de mettre en place des instruments politiques qu’on connaît très bien comme les prix minima d’intervention, comme les stocks publics, comme les politiques de gestion de l’offre, des politiques qui permettent de mieux contrôler la production et de s’assurer que l’objectif consistant à ce que tous les Européens soient alimentés correctement soit rempli.

Votre mouvement, très important dans ces moments historiques, n’a-t-il pas besoin d’un encadrement révolutionnaire ?

Je pense que c’est un mouvement social qui part réellement de la colère des paysans et des paysannes. L’idée qu’on aurait besoin d’être encadrés par des intellectuels qui ne vivent pas notre quotidien, ce n’est pas du tout une idée que l’on partage. Au contraire, on pense qu’en tant que paysans, nous sommes tout à fait capables de représenter nos propres intérêts, d’autant plus que la grande majorité des paysans et des paysannes en Europe sont formés, ils sont allés à l’université et sont capables d’écrire et de s’exprimer. L’idée qu’on aurait besoin d’intellectuels extérieurs au monde paysan pour nous encadrer, c’est très éloigné de ce que l’on souhaite.

Je parlais d’un encadrement enraciné chez vous et qui sortira de vos rangs, pas des gens qui défendent des intérêts qui ne sont pas les vôtres. Il faut qu’ils soient des agriculteurs…

D’ores et déjà, on choisit les leaders parmi les organisations paysannes dans le cadre de nos organisations et on ne veut pas qu’ils soient extérieurs au monde paysan. C’est essentiel pour la crédibilité et il est très important pour les collègues de montrer que les gens qui montent au créneau et qui s’expriment vivent la même réalité qu’eux. Moi, je suis représentante au niveau européen mais ce matin, j’étais en train de récolter mes salades, je vis la même réalité que mes collègues et on se bat tous ensemble.

Vous êtes soutenus par des figures emblématiques des Gilets jaunes. Etes-vous dans la continuité de leur mouvement ? A votre avis, votre mouvement va-t-il tenir dans la durée ? Qu’envisagez-vous de faire pour éviter l’essoufflement ?

Les Gilets jaunes, même si c’était un mouvement social très intéressant, constituaient un mouvement très désorganisé. Au niveau agricole, nous avons des structures, des organisations, dont les syndicats paysans, et nous faisons un travail au long cours. Ce que nous considérons comme très important, c’est de renforcer les organisations paysannes, parce que la lutte sera de longue haleine et que nous avons besoin d’avoir des organisations qui assurent la continuité de ce mouvement social et qui assurent de pouvoir renforcer l’opposition dans un rapport de forces qui est extrêmement compliqué. Donc, en cela, c’est assez différent des Gilets jaunes qui n’ont jamais réellement voulu se structurer. Nous, nous sommes structurés et nous souhaitons renforcer cette structuration.

On constate que votre mouvement a réussi à fédérer d’autres secteurs qui sont en grève ou qui envisagent de se mettre en grève. N’est-il pas venu le moment pour les peuples européens de se soulever contre l’oligarchie et les politiques corrompus qui les gouvernent ?

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que nous, en tant qu’organisation paysanne, nous nous sentons très liés aux revendications des travailleurs salariés qui, eux aussi, demandent une rémunération juste. Au niveau français, on a fait paraître une tribune commune entre les organisations paysannes et les syndicats des salariés sur cette question de la revendication juste. C’est très lié à la remise en cause du néolibéralisme, parce que dans le néolibéralisme, les revenus passent vers le capital. C’est-à-dire qu’il y a de plus en plus de revenus liés à la location d’appartements, ou bien aux revenus du capital liés aux actions ou aux obligations en bourse, et il y a une baisse de tous les revenus liés au travail, que ce soient les revenus salariés, les revenus des petits artisans ou les revenus des paysans. Nous avons une volonté de travailler avec les syndicats, notamment les syndicats de salariés, pour faire en sorte que tous les gens qui travaillent et qui contribuent au bien-être de la société puissent se battre ensemble pour que leur travail soit reconnu et qu’on ait tous droit à des revenus justes. Bien sûr, c’est une lutte contre un système qui favorise toujours les revenus du capital contre les revenus du travail, et c’est aussi un système qui ne peut pas prendre en compte les limites écologiques. En cela aussi, nous avons besoin de faire le lien avec toutes les organisations environnementales, parce que cette crise environnementale nous dit que les ressources de la Terre sont limitées. Aussi il faut repartager le gâteau et, dans ce cas, la question de la redistribution des richesses est essentielle face à la crise environnementale.

Tout ce mouvement agricole est lié au fait que nous avons une crise environnementale et, face à cela, quels vont être les arbitrages ? Serons-nous capables de redistribuer les richesses pour faire en sorte que si le gâteau total des richesses diminue, on arrive à bien redistribuer les richesses de manière à ce que toutes les personnes continuent à avoir une vie digne, ou bien est-ce l’oligarchie qui va gagner et continuer à augmenter les revenus d’une toute petite minorité alors que l’immense majorité des populations va voir ses revenus baisser ? C’est en cela que ce qu’il se passe à l’heure actuelle au niveau du mouvement agricole concerne toute la société.

Vous qui êtes dans la majorité qui produisez la richesse, vous vivez dans la précarité, alors que la minorité qui gouverne ne produit rien et vit dans l’opulence. Comment expliquez-vous cela ?

C’est le capitalisme.

Excellente réponse synthétique (rires). Les produits agricoles en provenance des territoires du Sahara Occidental occupé par le Maroc inondent l’Europe, par exemple la tomate Azura. Est-il normal de commercialiser en pleine Europe des produits appartenant au peuple sahraoui spolié de sa terre ?

La confédération paysanne a pris une position très claire sur le fait qu’il fallait interdire les importations de produits venant des territoires occupés, que ce soit le Sahara Occidental, que ce soient les territoires palestiniens occupés. Pour nous, ces occupations sont illégales au regard du droit international et au regard de toutes les résolutions de l’ONU et, donc, nous ne devons pas accepter de commercialiser des produits venus de territoires colonisés.

D’après vous, pourquoi l’Europe ferme-t-elle les yeux sur la spoliation des richesses du peuple sahraoui par l’occupant marocain, comme elle ferme les yeux sur le génocide du peuple palestinien ?

Il y a un vrai problème géopolitique à l’heure actuelle où les Etats européens, et non les populations, s’arcboutent dans leur soutien à des régimes politiques comme celui d’Israël et comme celui, dans une certaine mesure, du Maroc…

Qui est un vassal d’Israël, parce qu’il a normalisé ses relations via les accords d’Abraham…

Voilà. Ce sont des gouvernements qui violent tous les droits humains et qui violent le droit international. Il y a une contradiction immense de la part de ces Etats occidentaux qui s’étaient proclamés comme des hérauts des droits humains et de la démocratie et dont on voit très clairement à l’heure actuelle qu’ils bafouent tous leurs pseudo-principes pour des raisons géopolitiques et pour continuer à soutenir les Etats qui font partie de cet axe occidental ou pro-occidental. Même quand ce sont des Etats qui violent les droits humains ou, comme dans le cas d’Israël, accomplissent un génocide contre le peuple palestinien.

Et qui les affament. Le monde entier voit ce qu’il se passe en Palestine, mais ne pensez-vous pas qu’il est temps de sensibiliser aussi les citoyens à la question du Sahara Occidental que les gens ne connaissent pas, sachant que le peuple sahraoui vit sous occupation et que les produits agricoles cultivés dans son territoire occupé se vendent le plus normalement du monde en Europe ?

Je pense qu’un bilan s’impose en Europe et qu’il est temps de réfléchir profondément à ce que signifient l’histoire coloniale européenne et sa continuité. Partout dans le monde, on se rend compte qu’il y a eu des indépendances dans les années 50-60, mais en fait, cela n’a pas du tout remis en cause cet ordre colonial avec une domination impérialiste des puissances occidentales. Ce qu’il se passe à l’heure actuelle en Palestine peut très certainement ouvrir les yeux à un certain nombre d’Européens sur la situation. Mais il faut quand même prendre en compte le fait que dans tous les pays européens, il y a un niveau de propagande médiatique pour cacher ces réalités-là aux gens et donc beaucoup de personnes, même potentiellement bien intentionnées, ne connaissent pas et ne se rendent pas compte de la situation du Sahara Occidental et ne connaissent pas la situation des Palestiniens, parce qu’il y a une invisibilisation des violations des droits humains qui sont commis contre ces populations-là.

Ne croyez-vous pas qu’il y a une urgence et une nécessité d’avoir des médias alternatifs qui répercutent la lutte de votre mouvement, d’abord, et la lutte de ces peuples opprimés, que ce soit l’occupation marocaine ou l’occupation israélienne infâmes ?

La question médiatique est une question essentielle. Malheureusement, à l’heure actuelle, on a plutôt vécu depuis environ dix ans un chemin inverse où les médias ont été laissés entre les mains de milliardaires très souvent d’extrême-droite. La situation en France avec tous les médias qui sont tenus par l’empire de Bolloré, notamment CNews avec un discours d’extrême-droite, joue beaucoup sur la montée de l’extrême-droite dans tous les pays européens. Il y a donc un problème au niveau médiatique en Europe, du fait de la capture des médias par ces milliardaires d’extrême-droite et des difficultés pour les journalistes indépendants de bien faire leur travail.

Vous représentez un mouvement mondial. Pouvez-vous nous parler de votre organisation et nous dire si vous coordonnez vos actions à l’échelle européenne, voire à l’échelle internationale ?

La Via Campesina, c’est le mouvement paysan mondial. Nous avons plus de 180 organisations dans 82 pays dans le monde. Nous sommes implantés dans 10 grandes régions du monde, aux Amériques, en Afrique, en Asie, en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Chaque organisation membre de La Via Campesina est complètement autonome mais, par contre, se coordonne au niveau international pour mener des campagnes contre, par exemple, l’Organisation mondiale du Commerce, contre le Fonds monétaire international, ou alors des campagnes en faveur de la Déclaration de l’ONU sur les droits paysans, ou encore des campagnes en faveur de l’agro-écologie. Au niveau européen, nous sommes organisés dans une coordination Via Campesina qui rassemble 30 organisations paysannes européennes.

Vous avez mené des actions concernant le génocide que vit le peuple palestinien à Gaza, ce qui démontre votre courage. A votre avis, ces questions-là, que ce soit la cause palestinienne ou la cause du peuple sahraoui, ces causes justes, ne sont-elles pas centrales dans la lutte, y compris la vôtre ?

Ce qui est sûr, c’est que la lutte des paysans au niveau mondial est une lutte contre tout ce qui oppresse les paysans et les paysannes dans le monde. C’est aussi une lutte anticapitaliste et anti-impérialiste. Très clairement, ce qu’il se passe en Palestine est très lié à la question coloniale, c’est aussi de l’accaparement des terres, c’est-à-dire que les colons israéliens accaparent les terres des paysans palestiniens et, pour nous, cela fait pleinement partie des luttes paysannes et on se doit de soutenir la résistance des paysans palestiniens. Nous avons d’ailleurs une organisation membre en Palestine et on pense en particulier que dans le contexte actuel, il est essentiel de dénoncer l’utilisation de la famine par Israël comme arme de génocide contre le peuple palestinien. Nous défendons le fait que l’alimentation est un droit et que l’alimentation ne devrait jamais être utilisée comme une arme de guerre.

Pour les produits israéliens cultivés en Palestine occupée, comme pour les produits marocains cultivés dans les territoires occupés du Sahara Occidental, envisagez-vous des actions ?

Au niveau de La Via Campesina, on relaie la campagne BDS qui boycotte les produits israéliens et notamment des produits issus des colonies.

On a vu la manifestation des agriculteurs à Bruxelles qui a été une grande réussite. Y a-t-il d’autres actions prévues ?

Oui, bien sûr, il y a toujours beaucoup d’actions. Il y a eu une action contre les OGM au Parlement européen de Strasbourg le 6 février, par exemple. Pour nous, les OGM sont une façon de privatiser les semences contre les paysans et le risque avec les OGM, c’est que toutes les ressources génétiques soient capturées par les grandes multinationales semencières et chimiques. C’est la raison pour laquelle nous nous mobilisons contre les OGM.

Il y a des actions paysannes quasiment tous les jours. Nous organisons des actions que ce soit contre les accaparements de terres, pour l’agro-écologie, pour les droits des femmes paysannes aussi ; bref, il y a des actions quasiment quotidiennement.

Interview réalisée par M. A.

Comment (7)

    Anonyme
    15 février 2024 - 18 h 29 min

    Produire des légumes dans des passerelles fermées, c’est très dangereux, il faut toujours produire les légumes naturels et avoir des espaces naturels que les légumes soit à l’air libre et qu’il utilise les 4 saisons naturellement un légume qui n’a pas connu les insectes naturels est un légume empoissonné.

    Brahms
    15 février 2024 - 8 h 25 min

    Voilà comme les cancers arrivent, par la nourriture transformée par les industriels, les émulsifiants en E ?

    Des cassoulets en conserve aux pains au chocolat industriels, les produits transformés une nouvelle fois dans le viseur des scientifiques. Une étude de chercheurs de l’Inserm, publiée ce mardi 13 février dans la revue PLOS Medicine, lie émulsifiants et « risque accru » de cancers, en particulier du sein et de la prostate.

    Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus utilisés dans les aliments ultra-transformés, qui représentent 30 à 60% de l’apport énergétique alimentaire des adultes d’Europe et d’Amérique du Nord.

    Plus de 2.600 cancers.

    Cette étude est basée sur « les données de santé de 92.000 adultes participant à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé, en évaluant spécifiquement leur consommation de ce type d’additifs alimentaires », entre 2009 et 2021.

    Après analyse des résultats des patients, ayant renseigné tous les aliments et boissons consommés et leur marque, 2.604 cas de cancers ont été diagnostiqués. Les chercheurs ont constaté que ceux qui consommaient fortement l’additif E471 (monoglycérides et diglycérides d’acides gras) avaient 15% de risque en plus que les plus faibles consommateurs de développer un cancer – une augmentation de 24 % du risque pour les cancers du sein, 46% pour les cancers de la prostate.

    Cet émulsifiant est répertorié en septième position des additifs les plus représentés avec 14.783 produits en France, selon la base de données d’Open Food Facts. Parmi la très longue liste, figurent plusieurs paquets de biscottes, des chips de la marque Pringles, les wraps Old El Paso, les Kinder Delice ou encore les pains au chocolat Pasquier.

    E404 et E407a augmentent le risque de cancers du sein.

    D’après l’étude, les femmes « ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) » avaient, elles, 32% de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport aux consommateurs ayant des apports plus faibles.

    Le premier émulsifiant, en quatorzième position des additifs les plus représentés avec 10.508 produits, est utilisé dans différentes crèmes dessert, dont celles de Danette, mais aussi des crèmes chantilly ou les pots de glace Ben and Jerry’s.

    Le second, présent dans 651 produits, est utilisé dans les cassoulets de la marque William Saurin, des blancs de poulet ou de dinde, ou des cordons bleus industriels.

    Ces trois types d’additifs sont repérables sur les étiquettes des produits dans les rayons des supermarchés. Les aliments en contenant ne sont pas à bannir complètement selon les chercheurs, qui mettent en garde sur une trop grande consommation.

    Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses), « un additif n’est autorisé en alimentation humaine que s’il ne fait pas courir de risque au consommateur aux doses utilisées ».

    Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à INRAE, principaux auteurs de l’étude, concluent tout de même: « Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs. »

    N’achetez pas tous les produits en mode E, lire l’étiquette avant d’acheter. Nutella à éviter également.

    Lyes
    14 février 2024 - 20 h 43 min

    Le plus important c’est qu’on soit meilleur que le Maroc !!
    Merci à Mme Ody de défendre les valeurs ancestrales et reconnues internationalement de l’Algérie.

    Brahms
    13 février 2024 - 21 h 44 min

    La grande distribution (Leclerc, Auchan, Carrefour, Cora) captent tout

    Sa salade sera achetée à 0.20 centimes d’euros par la grande distribution qui l’a revendra ensuite à sa clientèle à 1.20 € faisant plus de bénéfices que cette femme qui ira trimée dans sa terre agricole.

    Pour tenir, cette femme ne comptera plus ses heures et à la fin, les impôts, les taxes, les intérêts bancaires, commissions des banques lui prendront le peu d’argent gagné.

    Enfin, le jour où elle partira en retraite, elle touchera 500 € par mois.

    En fait, elle bosse pour enrichir la grande distribution et le Trésor Public et quand elle en aura assez, elle ira chez le docteur qui lui prescrira une pommade KAMOL à étaler sur son dos. Voilà, la réalité.

    Luca
    12 février 2024 - 21 h 26 min

    Le libéralisme est une bonne chose si c’est dieu qui gouverne, … il ne faut pas être échaudé par l’expérience du libéralisme humain sioniste et sectaire, très sectaire …, ou seul les états unis d’Amérique méritent une note de 5 sur dix.

    zembla
    12 février 2024 - 20 h 55 min

    Et si on parlait plutôt de la condition de vie de nos agriculteurs

    Vert
    12 février 2024 - 19 h 58 min

    Vous avez eu toutes les aides voulues
    Vos prix vont baisser ??
    Sûrement pas..
    Donc les discours de BOBO ne servent à rien
    En 2007 Sarkozy a baisée la TVA des restaurateurs de 21% à 7 %
    Les prix n ont pas baissé et même augmenter
    Entre une Tomate a 6 euros le kg suppose être française et Bio et une tomate a 2 euro le Kgs
    Le père de famille choisira celle à deux euros
    Il choisit son budget

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