Les salafistes défient l’Etat à Tunis
Les salafistes tunisiens ont manifesté aujourd’hui à l'aéroport de Tunis-Carthage contre le refoulement de deux islamistes radicaux marocains. La décision prise par les autorités tunisiennes d’interdire d’entrée ces deux extrémistes connus au Maroc, à savoir Hassan Kattani et Omar El-Hadouchi, a irrité le camp des salafistes, venus nombreux la veille les accueillir à l’aéroport. Le ministère tunisien de l’Intérieur motive sa décision par l’appartenance de ces deux hommes à la mouvance islamiste radicale qui fait dans l’endoctrinement des jeunes. Le porte-parole du ministère, Khaled Tarrouche, a tenu à rappeler que ces deux hommes ont été condamnés pour «endoctrinement des islamistes» qui avaient perpétré les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Lesquels attentats avaient entraîné des pertes humaines. «Ils font partie d'une liste de personnes interdites d'entrée sur le territoire tunisien et seront renvoyés chez eux dans la journée», a encore précisé M. Tarrouche à l'agence française AFP. Certes, ils ont par la suite bénéficié de la grâce présidentielle, mais pour le gouvernement tunisien, dominé par le parti islamiste dit modéré Ennahda, il fallait coûte que coûte se démarquer des «radicaux» pour rassurer les forces progressistes et démocratiques en Tunisie et donner un signal fort aux capitales occidentales qui commençaient à s’inquiéter de la montée du salafisme dans ce pays méditerranéen. Les manifestants, une cinquantaine selon la police, se sont montrés agressifs et ont refusé toute déclaration à la presse. «On accueille Nancy Ajram (une célèbre chanteuse pop libanaise) et pas Omar Al- Hadouchi, elle vaut mieux que lui ?» se sont-ils indignés, réclamant la liberté de faire ce qu’ils veulent. Les deux théologiens radicaux marocains ont été invités par l’association islamiste Essalam (la paix) pour donner des conférences aux étudiants et rencontrer les cheikhs du pays. Les salafistes ne ratent ainsi aucune occasion pour investir la scène publique. Ils multiplient les actions au sein de la société et les opérations d’intimidation à l’encontre des forces progressistes et laïques.
Sonia B.
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