Amnesty International demande au Maroc de rejuger les 23 Sahraouis

Amnesty International a demandé au Maroc de rejuger les 23 Sahraouis condamnés par un tribunal militaire à de lourdes peines d’emprisonnement (détention à perpétuité pour neuf d’entre eux et des peines allant de 20 à 30 ans pour 14 autres), dans le plus pur style de la justice expéditive, en fait, dans un procès politique qui confirme que ce pays exerce sur le Sahara Occidental la pire des occupations en ce XXIe siècle. Le tribunal marocain a également condamné deux autres prévenus à la peine correspondant à la durée de la détention préventive (deux ans). Les avocats des prévenus ont indiqué qu’ils comptaient se pourvoir en cassation. Auditionnés durant le procès, les Sahraouis ont rejeté en bloc tous les chefs d’accusation les désignant comme une «bande de criminels», dénonçant un «procès politique» en rapport avec la question du Sahara Occidental. Leurs avocats avaient plaidé leur innocence, l’abandon de toutes les charges retenues contre eux et demandé leur acquittement dans un procès «sans fondement juridique». Plusieurs ONG internationales de défense des droits de l’Homme, des intellectuels et avocats ont réclamé la libération «inconditionnelle» des prisonniers, condamnant la comparution de civils devant un tribunal militaire. Les accusés ont affirmé à plusieurs reprises avoir été torturés et maltraités en détention, dans le but de les contraindre à signer des déclarations ; pourtant, aucune information ne fait état d’investigations menées par les autorités à ce sujet. Amnesty international exige pour les condamnés un procès équitable devant des tribunaux civils et une enquête indépendante sur leurs allégations de torture. L’organisation internationale demande que les éléments de preuve arrachés sous la torture ou la contrainte soient écartés par le tribunal. «Les autorités marocaines ont fait la sourde oreille face aux appels réclamant que les accusés soient jugés par un tribunal indépendant et impartial. Elles ont préféré opter pour un tribunal militaire, qui n’offrira jamais à des civils un procès équitable», a indiqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. «Il est préoccupant qu’elles ignorent également les allégations des accusés sahraouis, qui affirment avoir été torturés en vue de leur extorquer des "aveux". Le recours aux tribunaux militaires et l’absence d’enquête sur ces allégations de torture jettent de sérieux doutes sur les intentions des autorités marocaines et amènent à s’interroger sur leur volonté de garantir un jugement de culpabilité, plutôt que de rendre justice», estime l’organisation internationale. Le procès des Sahraouis intervient dans le cadre des violences qui ont émaillé le démantèlement par les forces d’occupation marocaines du campement de protestation de Gdim Izik à quelques kilomètres à l’est de la ville de Laâyoune, au Sahara Occidental, en novembre 2010, opération au cours de laquelle 11 militaires marocains et deux Sahraouis ont trouvé la mort. Environ 200 Sahraouis avaient été arrêtés.
Karim Bouali


 

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