Les peuples sont imprévisibles, un rien les allume

Après la vacance du pouvoir, le Conseil constitutionnel est démis, les assemblées dissoutes. L’expérience acquise, la séance du CNRA suspendue en avril 1962 est reprise devant le peuple au stade du 5-Juillet. Le sentiment collectif ne laisse plus de place à la conviction individuelle. Chaque citoyen retrouve sa place et se mesure selon le poids de sa compétence et de ses valeurs. Le stade en furie somme le CNRA de désigner et d’installer un tribunal révolutionnaire constitué par 12 citoyens tirés au sort parmi le peuple. Quant aux crieurs publics d’outre-Méditerranée qui prévoient un coup à la Benali, ils sont hors circuit, ils n’ont rien compris et regardent le pays avec l’œil occidental.
(Le Courrier du Zakadistan et WikiLeaks -Associés)

La Constitution prescrivant la nationalité d’origine pour occuper un poste officiel, il fallait alors nettoyer les écuries pour ne garder que les étalons purs chevaux de race barbe, tel que défini par le code du haras de Tiaret. Les procès pouvaient alors commencer.
Ouverture du premier procès. Juges et jurés sont à leur poste.
Le juge : Présentez-vous.
L’accusé : Shah Kib El-Khalil 1er.
Le juge : Votre nationalité ?
Shah Kib : Algérienne et américaine.
Le juge : Résidence officielle ?
Shah Kib : Washington près du Potomac.
Le juge : Précisez, c’est quoi le Potomac ?
Un des 6 avocats de la défense : Opposition. Notre client n’est pas tenu de faire un cours de géographie.
Le juge : Je reformule ma question. C’est où le Potomac ?
Shah Kib : C’est un fleuve qui sépare Washington en deux : côté Pentagone et côté Maison Blanche.
Le juge : Pourquoi vous êtes -vous installé entre ces deux institutions américaines ?
Shah Kib : Je suis dans les affaires. Pour être informé, il faut toujours être dans le barycentre.
Le juge : Expliquez. C’est quoi le barycentre ?
Shah Kib : Le barycentre est le lieu géométrique où se concentrent rumeurs, relations et l’opérationnel.
Le juge : Qui vous a donné la moubaya et qui vous contacté en premier pour le poste de ministre ?
Shah Kib : Le président d’Haliburton.
Le juge : C’est qui Haliburton ?
Shah Kib : C’est une société multinationale qui fait dans le pétrole et diverses manipulations.
Le juge : Pourquoi vous a-t-on choisi vous et pas un autre ?
Shah Kib : Parce que j’étais le seul Algéro-Américain à habiter entre le Pentagone et la Maison Blanche.
Le juge : N’a-t-on pas suspecté votre nationalité américaine pour vous disqualifier ?
Un des 6 avocats : Opposition. La loi n’interdit pas d’avoir plusieurs nationalités.
Le juge : Je reformule. Votre nationalité algérienne a-t-elle eu plus de poids que l’américaine ?
Shah Kib : Dans les affaires, la nationalité importe peu. Seul le cours du baril de pétrole compte.
Le juge : Connaissez-vous l’Algérie ? Combien de temps y aviez-vous vécu ?
Un des 6 avocats : Opposition. La question est insidieuse et n’a rien à avoir avec le dossier.
Le juge : Je reformule. Que connaissez-vous de l’Algérie ? Vous sentez-vous algérien ou américain.
Shah Kib : Je ne sens que le pétrole et je ne connais que les aéroports d’Alger et d’Oran.
Le juge : Avec quels autres pays avez-vous des accointances ?
Shah Kib : Dans les affaires on n’a jamais d’accointances, on a que des appointances.
Un des 6 avocats : Je fais remarquer que la réponse est d’ordre général. A ne pas tenir compte.
Le juge : Pourquoi aviez-vous eu tant d’adversaires qui ne vous aiment pas ?
Shah Kib : J’aime le mouton mais je n’ai pas besoin que le mouton m’aime.
Le juge : Dernière question avant de céder la parole à l’avocat général du peuple. Qui êtes-vous ?
Shah Kib : Je suis un homme comme tout monde sauf que j’ai du flair, du culot et le sens de l’orientation.
Le juge : J’en ai fini, monsieur l’avocat du peuple. Le chat est à vous.
Abderrahmane Zakad, urbaniste et romancier
 

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