Des instructions ont été données par l’entourage du président Bouteflika pour faire la promotion de son bilan
Quatrième mandat ou pas, les réseaux de soutien du président Bouteflika s’activent. Selon une source bien informée, des instructions ont été données par l’entourage du chef de l’Etat d’user de tous les moyens pour faire la promotion de «son» bilan des quinze dernières années. Autrement dit, tirer ce qu’il y a de plus positif de ses trois mandats et lui assurer une large diffusion. Ces instructions ont été adressées notamment aux ministères pour «faire travailler leurs réseaux médiatiques» afin de «vulgariser et de faire connaître au grand public les grandes réalisations du président Bouteflika. Entretiens, reportages, portraits, tout sera bon pour redorer le blason d’un chef d’Etat malade, à mobilité réduite. Son éloignement du terrain contraint ainsi ses «promoteurs» à recourir à des moyens de substitution. Et c’est selon toute vraisemblance aux membres du gouvernement de combler ce vide et de donner l’impression aux Algériens que tout va bien. Ses soutiens, qui veulent au mieux son maintien pour un nouveau mandat (qui dépendra assurément de l’évolution de son état de santé) et au pire placer un «clone» qui aura comme fer de lance un bilan scintillant de son mentor, le président Bouteflika. Il est ainsi attendu que les membres du gouvernement entretiennent une présence médiatique très dense et multiplient leurs sorties sur le terrain pour tenter de mettre du mouvement dans le statu quo. On assistera ainsi à une avalanche de données, chiffrées notamment, sur tout ce qui a été (théoriquement) fait durant le règne de Bouteflika. Ce travail «gouvernemental», qui vise à requinquer l’image d’un président amorphe et diminué, s’étendra à d’autres institutions et rouages de l’Etat qui sont appelés à recréer une «dynamique» autour du chef de l’Etat et lui «reconstituer» une popularité basée sur la reconnaissance des «énormes efforts» consentis au cours des quinze années qu’il a passées à la tête de l’Etat. Et aussi poser l’impératif du «parachèvement de son œuvre salutaire» pour «la refondation de l’Etat et la poursuite du développement du pays dans un climat de stabilité et de paix». Les porte-voix de la réconciliation nationale vont réoccuper la scène publique dans les toutes prochaines semaines pour louer les «grands exploits» du chef de l’Etat qui, pour eux, «reste l’homme de la situation». Le milieu des affairistes est également instruit pour mettre la main à la poche pour les besoins matériels et financiers de ce qui s’apparente à une «grande opération de lifting du chef de l’Etat» à travers, bien sûr, «ses réalisations». Mais l’exercice s’annonce rude surtout que face au peu de réalisations dont peuvent se targuer les soutiens du Président, il y a des montagnes d’œuvres inachevées ou pas du tout entamées, et de problèmes irrésolus dans lesquels se débattent les Algériens dans leur majorité. De la santé à l’éducation, en passant par l’économie et la justice, l’Algérie du point de vue de la grande majorité des Algériens a fait un grand bond en arrière. Un recul historique qui met le pays dans une situation fragile et dangereuse à tout point de vue. Et à six mois de la présidentielle – qui aura lieu du point de vue constitutionnel la première semaine du mois d’avril 2014 –, le jeu électoral semble déjà verrouillé.
Sonia B.
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