Démographie en Afrique du Nord : les mises en garde de la BAD
L’Afrique du Nord est sensiblement en décalage dans le domaine de la démographie avec le reste du monde, estime la Banque africaine de développement (BAD) dans un nouveau rapport dédié à la croissance inclusive dans la région. L’institution relève que le problème de la hausse de la démographie favorise, en l’absence d’une politique adéquate d’emploi, des taux de chômage très élevés parmi les jeunes et une très faible participation des femmes au marché du travail. Les effectifs de «la population en âge de travailler augmentent alors que les opportunités d’emploi fléchissent», note la BAD qui signale que l'évolution démographique pose un grave problème du côté de l’offre, car la région n’est pas capable d’offrir des opportunités d'emploi aux nombreux entrants sur le marché du travail. En outre, selon la BAD, le pronostic du problème de l'emploi dans la région pourrait s’aggraver encore dans les années à venir car on constate que le gonflement démographique actuel dans les groupes en âge de travailler s’accompagne de taux d’activité parmi les plus bas au monde. «Le taux d’activité global pour l’ensemble de la région est d'environ 51%-52%, contre 60%-70% dans les autres régions», note la BAD qui souligne qu’à mesure qu’augmente la part de la population en âge de travailler, les pressions sur l'emploi ne peuvent que s’accentuer. Pour l’institution, la croissance rapide de la population en âge de travailler va de pair avec des ratios emploi-population généralement faibles, notamment par rapport à d'autres régions. «Les ratios du monde arabe et de l’ensemble de la région MENA sont parmi les plus faibles à cause des effets combinés d’un grand réservoir de demandeurs d'emploi et d’une offre d'emploi limitée», peut-on lire dans le rapport «Pour la région MENA, environ 28% seulement de la population de plus de 15 ans ont un emploi, et ce ratio est remarquablement constant depuis vingt ans, voire légèrement en baisse dans les pays arabes. En Afrique du Nord, seule l'Algérie a connu une amélioration relative ces dernières années fait», observer le rapport. «Il reste beaucoup à faire dans ces pays pour améliorer les perspectives de la croissance inclusive. Bien que la transition démographique soit la baisse des taux de fécondité et des taux de mortalité soit désormais en route, il n’en reste pas moins que des décennies de forte fécondité et de croissance rapide de la population ont généré une dynamique qui pose des problèmes majeurs, pour le présent comme pour l’avenir», estime la BAD. Celle-ci souligne que «la prise en compte de l’essor démographique oblige à nuancer certains résultats économiques positifs de la dernière décennie. Elle explique la croissance modeste du PIB par habitant et, surtout, l’ampleur du chômage dans la région, élevée selon la plupart des normes habituelles, notamment chez les jeunes où la question se pose avec urgence. La pression démographique va sans doute persister pendant des années, renforçant l’offre et rendant plus difficile la mise en place d’une croissance inclusive en Afrique du Nord». Avec une structure par âge très asymétrique et une grande proportion de jeunes, il est clair pour la BAD que les bienfaits de la croissance doivent toucher les jeunes si l’on veut que les pays de l’Afrique du Nord à la fois réalisent leur véritable potentiel économique et partagent largement les fruits de la croissance. Pour la BAD, quel que soit le concept de croissance inclusive adopté, la création d'emplois de qualité sera un élément essentiel et l’un des grands défis à relever pour que la croissance puisse être réellement inclusive.
Meriem Sassi
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