Un cadre du RND : «Le parti ne nous appartient pas»
Il n’est un secret pour personne qu’il existe un fossé entre les discours servis par les hommes politiques à l’opinion publique et ce qui se dit dans les coulisses des partis et des institutions officielles. Des indiscrétions révèlent que dans les hautes sphères du Rassemblement national démocratique, les responsables de ce parti de l’Alliance présidentielle, sans secrétaire général depuis la démission surprise d’Ahmed Ouyahia, ne se soucient pas trop du devenir de cette formation. «Ce sont [eux] qui l’ont créé, c’est donc à [eux] qu’il revient de trouver une issue à la crise qui le secoue», a lancé un des principaux animateurs du RND qui occupe un poste important au Parlement. «Nous avons été chargés d’une mission – celle de représenter ce parti – et nous la menons selon les directives qui nous viennent d’en haut», a avoué ce responsable dans un cercle restreint. Cette façon de concevoir l’action politique explique en partie la médiocrité qui règne au sein de la classe politique et les conflits qui la minent. Il n’est pas malaisé de comprendre, en effet, à travers cette réaction singulière, comment les états-majors des partis se font et se défont sans que la base militante ne soit ni consultée ni écoutée. Le cas du RND, qui attend de connaître le nom du successeur d’Ouyahia à quelques mois seulement de la présidentielle, est loin d’être unique. Aussi bien au FLN qu’au sein des formations nouvellement créées pour accompagner l’administration dans la prochaine «mise en scène» de l’échéance électorale d’avril 2014, les figures de proue de ces partis sont conscientes de n’être que des exécutantes d’une politique pensée et décidée ailleurs. Il en va ainsi d’Abdelaziz Belkhadem poussé vers la porte de sortie après avoir été «consommé» durant les trois premiers mandats. Il en va ainsi, également, de Bouguerra Soltani qui a atteint sa date de péremption quelque temps après la réélection du président Bouteflika pour un troisième mandat. Le MSP qu’il dirigeait est devenu obsolète et la création d’un nouveau parti, conduit par le militant le plus en vue – l’inamovible ministre Amar Ghoul – devenait impérative pour barrer la route à d’autres partis islamistes moins dociles. Le rôle du RND touchant à sa fin, le MPA d’Amara Benyounès est censé entrer en jeu pour servir de nouvelle locomotive, à terme, pour les forces d’obédience nationale et démocratique, signant ainsi la fin du RND comme le TAJ devra sonner le glas du MSP – définitivement ou momentanément – éloigné du pouvoir.
Karim Bouali
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