Ali Yahia, Taleb, Benyellès : campagne contre un 4e mandat

Trois grandes personnalités ont rendu public, aujourd’hui lundi, un appel à travers lequel ils s’opposent à la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat. Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyellès expliquent les raisons de leur opposition à la représentation de Bouteflika dont ils affirment qu’il est dans l’incapacité physique et mentale de gouverner encore pour un quinquennat. Les trois signatures relèvent l’état actuel du pays, gangrené par la corruption et la gabegie. Ils font ainsi un constat accablant de la gestion des affaires du pays. «Après avoir bafoué la Constitution qui limitait le nombre de législatures à deux mandats, voilà que le clan au pouvoir veut reconduire Bouteflika – arrivé illégitimement au pouvoir en 1999 – pour un 4e mandat consécutif. C'est une négation de la République et du sacro-saint principe de l'alternance au pouvoir, une offense à la mémoire de ceux de nos compatriotes qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance du pays et une marque de mépris pour les citoyens que nous sommes», ont-t-ils écrit. Ils relèvent, ainsi, qu'«au lieu d'utiliser la manne tombée du ciel pour bâtir une économie de substitution à l'économie rentière des hydrocarbures et propulser l'Algérie au rang des pays émergents, le régime de M. Bouteflika a choisi d'engager le pays sur la voie qui lui permet de rester au pouvoir, en achetant la paix sociale avec l'argent du pétrole». «Sauf réaction significative de la société civile et politique, Bouteflika sera maintenu à la tête de l'Etat au titre d'une parodie d'élection identique à toutes celles que nous avons connues dans le passé, et ce, malgré son âge avancé, son état de santé déplorable et le bilan fort contestable des quinze dernières années», ont-ils ajouté. Les trois signataires ont mis en avant le bilan des trois quinquennats peu reluisant, en dépit d’une longue période d’opulence qu’a connue le pays grâce au prix du pétrole. Pour eux, Bouteflika a failli quand il était en bonne santé. Il ne pourra donc pas redresser la barre maintenant qu’il est sur une chaise roulante. C’est durant ce règne que «des fortunes colossales se sont ainsi bâties sur le vol et la prévarication au détriment du Trésor algérien». «Alors que l'Algérie, depuis l'Indépendance, n'a jamais connu de conditions aussi favorables pour son développement qu'au cours des quinze dernières années, sa régression politique, économique, culturelle et éthique n'aura malheureusement jamais été aussi grande qu'au cours de cette même période», ont-ils rappelé, considérant que «cette déchéance est l'œuvre de la coterie au pouvoir qui pousse maintenant l'arrogance jusqu'à vouloir imposer un quatrième mandat dans un climat délétère aggravé par une situation explosive dans le sud du pays et des déclarations irresponsables faites, hélas, au nom du FLN». Ces trois personnalités expliquent aussi que leur démarche vise à éviter le pire à l’Algérie. «Aussi, et devant le viol qu'il s'apprête à faire subir une nouvelle fois à notre peuple, nous, signataires de cette déclaration, considérons qu'il est de notre devoir, devant Dieu et devant le peuple algérien, de dénoncer publiquement et solennellement ses dérives politiques et morales inacceptables, sa gestion désastreuse des affaires de l'Etat et son immobilisme face au développement du régionalisme, du communautarisme et des forces centrifuges qui menacent le pays d'éclatement». Ils appellent l’ensemble des forces saines du pays – et notamment celles attachées à la justice sociale et à la moralisation de la vie politique – à exprimer leur refus par tous les moyens pacifiques qu'ils jugent utiles : prises de position individuelles et collectives, recueils de signatures, pétitions, déclarations, appels, etc., «comme nous leur demandons, en cas de maintien de cette candidature, de boycotter massivement le simulacre d'élections que le pouvoir en place projette de tenir». Ali Yahia, Taleb Ibrahimi et Benyellès plaident ainsi pour que la prochaine échéance électorale soit l'occasion d'exiger une refondation des institutions afin que «la situation que l'Algérie a connue durant les quinze dernières années ne se reproduise plus jamais et pour que la candidature à la magistrature suprême ne soit dorénavant permise qu'aux seuls dirigeants dans la force de l'âge, en pleine possession de leurs capacités physiques et intellectuelles, et cela est l'exemple de tous les pays qui comptent dans le monde».
Sonia B.
 

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