L’esprit de surenchère qui s’est emparé de certains médias n’a rien d’honorable pour la corporation

A la lecture de la presse, sur support papier ou électronique, on se demande où va s’arrêter la dérive de certains médias, ivres de sensationnel et qui se croient exempts de toute exigence déontologique et éthique. L’esprit de surenchère qui s’est emparé dernièrement des journalistes dans ces médias n’a rien d’honorable pour la corporation. Des thèmes fantaisistes touchant à la vie privée, notamment sexuelle, réservés généralement à la presse people, dite justement «à sensation» et qui a été créée à cette fin, sont repris avec une légèreté qui fait totalement fi du sérieux et de la rigueur qui caractérisent le métier de journaliste. A ces attaques contre la vie privée, s’ajoute, à un rythme effréné, la publication d’informations non vérifiées et souvent fausses. Si, habituellement, les dérapages médiatiques sont motivés par la course au scandale et au scoop à tout prix, ils sont perçus, depuis quelques jours, comme le moyen choisi pour pousser à la détérioration sans limites du climat politique dans notre pays, voire la déstabilisation, à la veille d’une élection présidentielle qui s’annonce déjà inscrite dans une situation exceptionnellement tendue. Tout cela laisse l’impression d’une tentative d’instrumentalisation de la presse, réussie dans certains cas, sachant son impact sur les microcosmes influents dans l’opinion publique. Les fausses informations qui sont publiées çà et là ne sont même plus démenties ni suivies de mise au point, devenue comme inutile. L’abus de pouvoir écrire librement ce que l’on veut, ignorant l’esprit de responsabilité qui doit agir comme autocontrôle, conduit à franchir facilement le pas qui amène à créer de fausses informations, à user du ton de l’insulte et à recourir à des méthodes ordurières, seul qualificatif qui leur convient. Ce phénomène, dont les effets nuisibles sont ressentis par les lecteurs, transparaît déjà et pourrait être plus flagrant si, la griserie aidant, l’abandon du professionnalisme se poursuit dans le milieu médiatique. D’autant plus que les dérives, qui ne sont pas seulement langagières, ne sont corrigées par aucun organe propre à la corporation qui veillerait au respect des règles de l’éthique et de la déontologie qui s’imposent aux médias. Le plus rassurant, dans ce tableau peu flatteur pour les médias, est dans les réactions du lectorat telles qu’elles ressortent des commentaires publiés. Ce que recherchent, heureusement, beaucoup de lecteurs, c’est le débat serein, fondé sur des informations crédibles et des arguments sérieux, pour comprendre les enjeux des luttes actuelles et se faire une opinion sur les sujets sensibles à l’ordre du jour. Cela prouve qu’il est possible, sinon de freiner la dérive médiatique, du moins de neutraliser ses effets et l’empêcher d’atteindre ses objectifs inavoués de déstabilisation.
Kamel Moulfi
 

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