Bakhti Belaïd : «Il y a 20 milliards de dollars de surfacturation dans les importations»

Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïd, jette un véritable pavé dans la mare. Lors de son passage aujourd’hui dimanche dans l’émission «L’invité de la rédaction» de la Chaîne III, le ministre a parlé de l’ampleur de la surfacturation dans les opérations d’importation. Selon les chiffres de son département ministériel, les opérations de surfacturation représentent «environ 30% des quelque 60 milliards de dollars des importations». Plus concrètement, cette pratique frauduleuse punie par la loi pèse lourdement sur la facture des importations qui ne cesse de grimper. Elle coûte près de 20 milliards de dollars par an. Le ministre parle clairement de «transfert illicite de devises à l’étranger. Tout en précisant qu’il ne cherche pas à diaboliser les importateurs, Bakhti Belaïd ira encore plus loin que son prédécesseur Amara Benyounès en parlant de «délinquance économique». L’homme qui a mené le premier round des négociations de l’Algérie pour accéder à l’OMC dans les années 90 livre ainsi des chiffres qui donnent le tournis. Des chiffres qui reflètent le niveau de délinquance et du trafic dans le commerce extérieur. «Il y a un taux très élevé de délinquance dans la sphère marchande en Algérie», a-t-il attesté, assurant que le gros des transactions frauduleuses est fait par des opérateurs nationaux. Il s’agit, selon lui, de sociétés-écrans qui «sont en même temps acheteurs et vendeurs» déterminant les prix à leur guise. Bakhti Belaïd indique que «durant le premier semestre de l’année 2015, il a été relevé plus de 24 000 constats d’infraction». Aussi, il a été constaté pour plus de 40 milliards de dissimulations du chiffre d’affaires. A cela s’ajoute le blocage aux frontières de 24 000 tonnes de marchandises ne répondant pas aux normes. Le ministre fait état de poursuites judiciaires contre plus d’une centaine d’importateurs indélicats. Pour lui, ce n'est qu'un échantillon. Bakhti Belaïd avoue que cela est insuffisant pour faire face à l’ampleur du trafic dans le commerce extérieur. Selon lui, la mise en application des licences d’importation sur une quinzaine de produits phares va être accélérée pour endiguer ainsi ce phénomène de surfacturation et mieux contrôler les importations. Il affirme que ces licences seront introduites avant la fin de l’année. Elles toucheront des produits comme le ciment, les voitures, l'aliment de bétail et les matériaux de construction dont la facture des importations pèse lourdement sur la balance des paiements. Ces licences d’importation, faut-il le rappeler, ont été introduites par l’ex-ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui a fait passer au Parlement une loi définissant les contours de cette nouvelle pratique dédiée au commerce extérieur. Pour Bakhti Belaïb, «les transactions effectuées par certains opérateurs économiques donnent souvent lieu à une grande spéculation». Il faut donc arrêter cela. Car avec la baisse des recettes pétrolières, il est quasiment impossible de pouvoir trouver des devises pour financer les importations au niveau actuel. Il estime que le dispositif des licences vise à rationaliser nos importations.
Rafik Meddour
 

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