Dirigé par un présidium depuis deux ans : le FFS survivra-t-il à son père fondateur ?

La disparition de Hocine Aït Ahmed aura certainement des conséquences néfastes sur l’avenir du parti avec lequel son nom a toujours été associé. Déjà, son retrait de la présidence du parti, en 2013, n’est pas passé sans laisser des séquelles immédiates sur la cohésion de la direction. Une lutte larvée en son sein a poussé à la sortie plusieurs anciens cadres dirigeants, dont l’ex-premier secrétaire Ahmed Djeddaï, qui se réclamaient de la «ligne réconciliatrice» d’Aït Ahmed. Pour combler le vide laissé par le retrait du chef historique, un présidium composé de cinq personnes censées refléter les forces en présence a été mis en place, tout en maintenant le poste de premier secrétaire, chargé de traduire les directives de la direction. En fait, le parti n’a jamais admis la possibilité d’élire un successeur à Aït Ahmed au poste de président, au motif que le chef historique était, à leurs yeux, «irremplaçable». Piloté par Mohand-Amokrane Chérifi, ancien ministre du Commerce dans le gouvernement d’Abdellhamid Brahimi (1986-1988) et Ali Laskri, ancien député de Boumeredès et plusieurs fois premier secrétaire, et dont fait partie aussi un proche de la famille Aït Ahmed, ce présidium s’est attaché depuis son investiture à se «déradicaliser» en imprimant au parti une orientation plutôt réconciliatrice avec le pouvoir. Ses adversaires traditionnels, et même des dissidents, n’ont pas hésité, dès lors, à accuser l’actuelle direction d’avoir conclu un «deal» avec les décideurs, en contrepartie de quelques sièges au Parlement et dans les autres assemblées élues. Ce qui n’empêchera pas les dirigeants du FFS de poursuivre inlassablement leurs démarches pour organiser une conférence dite de consensus, qui devait aboutir, selon ses promoteurs, à l’élaboration d’une solution concertée à la crise politique que traverse l’Algérie, clé de voûte d’un changement pacifique. Signe des temps, le FFS rechigne aux démonstrations de force, comme à l’époque des années 1990, et s’oppose fermement à tout changement pouvant provenir d’un mouvement insurrectionnel. D’où son attitude sans ambages contre «le printemps arabe». Or, depuis quelques mois, le vieux parti est de nouveau tenté par un retour au discours d’opposition pure et dure. Le rejet de son initiative politique par les principaux partis de la majorité ne lui laisse guère d’autres choix. C’est ainsi que ses militants renouent, bien que timidement, avec la protestation. La participation très visible des députés du FFS à la protestation organisée récemment par l’opposition, dans l’hémicycle de l’Assemblée populaire nationale, contre l’adoption de la loi de finances 2016, s’inscrit dans cette logique. Cela dit, sur le terrain, le FFS ne cesse de perdre du terrain, généralement au profit du FLN. Si l’avantage historique pris par le FFS dans son bastion traditionnel, la Kabylie, grâce notamment à l’aura de Hocine Aït Ahmed, lui permet d’être toujours la première force politique locale, rien ne lui garantit cette prééminence dans les prochaines années, face à la montée de nouvelles forces dans une société de plus en plus atomisée.
R. Mahmoudi

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.