Leur Constitution
Par Houari Achouri – Tout le boucan fait en ce moment autour du projet de révision de la Constitution n’arrive pas à occulter le fait que le passage par un Parlement non représentatif pour son adoption fait que cette loi fondamentale ne concerne que ceux qui l'ont rédigée à leur guise et ceux qui la voteront par féodalité au pouvoir exécutif. En filigrane, se profile le «génie» du pouvoir actuel qui a cette «faculté» de savoir placer les pièces du puzzle une à une, à commencer, dans ce cas, par la commission chargée de recueillir les avis, présidée par Bensalah relayé par Ouyahia qui a peiné à compléter la première phase des consultations, puis la préparation psychologique de l'opinion publique, le formatage des deux chambres du Parlement pour s'assurer un vote majoritaire, la restructuration des services… ; bref, tout est réglé comme une montre suisse, au détail près. La dernière étape, le vote du Parlement, n’est plus qu’une formalité administrative, extirpée de la sphère politique. Faute de cette touche politique, les commentaires des médias ont inventé de faux problèmes de calendrier et ont créé l’éventualité que le texte soit débattu, de quoi alimenter pendant quelques heures les microcosmes éparpillés qui vivotent en marge des arcanes du pouvoir et des méandres de la classe politique, se nourrissant principalement de miettes confidentielles qui leur sont jetées par les canaux habituels. Ce qui commande maintenant, à cette étape du «processus», c’est le «cadre réglementaire», ou plus prosaïquement le protocole. Députés et sénateurs de la «majorité» sont prêts à lever la main pour le «oui» au projet présidentiel. Les trois quarts requis par la loi pour l’adoption de la révision constitutionnelle seront «largement» dépassés, ont déjà annoncé les laudateurs du projet, qui feignent de ne pas voir que ce scénario bien monté se déroule «hors du peuple». Tous ces artifices ne servent qu'à confirmer, en réalité, la dichotomie entre le pouvoir et le citoyen : un peuple sans gouvernement, un gouvernement sans peuple…
H. A.
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