Quelques imperfections dans la mise en scène de l’adoption du projet de révision de la Constitution

La session extraordinaire du Parlement, consacrée aujourd’hui dimanche à l’adoption du projet de révision de la Constitution, a été marquée par quelques imperfections dans la mise en scène qui en disent long sur le sérieux avec lequel ce rendez-vous a été préparé et l’importance qu’on accorde à la forme. La séance a commencé par la récitation de la Fatiha,suivie de l’exécution de l’hymne national avant que la parole ne soit donnée au rapporteur de la commission conjointe du Parlement, qui a présenté le règlement intérieur de la session. Ce règlement contient 17 articles adoptés à la majorité, parmi lesquels ceux qui définissent la manière de gestion de la séance plénière et mettent en exergue les points qui seront soulevés, tels que l’ouverture de la session par la récitation de versets coraniques et l’exécution de l’hymne national. Deux points appliqués avant que ce règlement ne soit lu et approuvé par la plénière. Les présents étaient, donc, mis devant le fait accompli. Mais cela n’est pas tout. Dans son intervention, le président du Parlement, à savoir Abdelkader Bensalah, a commis un lapsus révélateur en annonçant que le chef de l’Etat va adresser un message aux membres du Parlement juste après l’adoption de la révision de la Constitution. Une adoption qu’il présente comme acquise avant même la soumission du texte au vote des parlementaires. Cela suffit pour illustrer toute la considération que les dirigeants du pays ont pour le Parlement, qui mérite bien le sobriquet de «chambres d’enregistrement». Et Abdelkader Bensalah n’est pas à son premier impair. Lors de la séance d’installation de la commission de préparation de la session du Parlement, le président du Conseil de la nation avait assuré que le projet de révision de la Constitution «serait sans aucun doute adopté à la majorité écrasante». Il est vrai que personne ne doutait que le Parlement dominé par la clientèle du pouvoir allait, comme il l’a toujours fait par le passé, avaliser cette énième révision de la Loi fondamentale du pays. Il faut aussi relever que le chef de l’Etat a annoncé, dans un message lu après le vote, la mise en place d’une cellule de suivi de la mise en œuvre des dispositions de la révision de la Constitution. Il avait également a salué «le sens élevé de responsabilité» des membres du Parlement, «tous tendances politiques et courants idéologiques confondus, suite à l’adoption de la loi portant révision de la Constitution». Cette session extraordinaire du Parlement a été boycottée par des partis de l’opposition à l’instar du FFS et des formations islamistes regroupées dans l’Alliance verte. Cela n’a pas empêché le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de déclarer ce projet de révision constitutionnelle comme «consensuel». Le Parti des travailleurs a, quant à lui, participé à la session. Ses parlementaires se sont abstenus. Au total, 499 parlementaires ont voté pour le projet, deux voix contre et 16 abstentions. La séance s’est déroulée en présence de 512 parlementaires, en plus de cinq procurations, sachant que le quorum requis est de 388.
Sonia Baker
 

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