Amplification de l’attaque terroriste de Ghardaïa : à qui profite la surmédiatisation ?

La dernière attaque terroriste contre un site gazier dans le sud du pays devait-elle profiter d’une couverture médiatique aussi importante ? «Non !» ont répondu à l’unanimité des experts militaires joints par Algeriepatriotique.Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a profité d’une opération insignifiante pour faire accroire à l’opinion publique qu’elle est toujours en mesure d'effectuer des incursions sur le territoire algérien et qu’elle est capable d’y mener des actions en trompant la vigilance des services de sécurité algériens. «Or, expliquent ces experts, ce qui s’est passé à Krechba, près de Ménéa, dans la wilaya de Ghardaïa, est une diversion pour, justement, détourner l’attention sur le net recul d’Al-Qaïda en Algérie et son incapacité à traverser le rideau de fer imposé par l’armée algérienne sur ses frontières depuis l’attaque meurtrière de Tiguentourine.» Le recours à des mortiers de fabrication artisanale est la preuve que les terroristes sont à court de moyens et que les nombreuses tentatives d’infiltrer des armes de différents types à partir de la Libye ont toutes été vouées à l’échec. Les groupes islamistes armés qui infestent la région du Sahel et qui tentent de constituer un émirat à partir de la Tunisie font face à une redoutable riposte de l’armée tunisienne qui, contrairement à ce que certains auraient pu croire, fait preuve d’une excellente maîtrise et d’un grand courage dans sa lutte contre le terrorisme qui lui a été imposé depuis la chute du régime de Ben Ali, l’avènement des islamistes au pouvoir et la libération de centaines de salafistes de prison qui s'en était suivie. Au lieu donc d’être la preuve de la faiblesse des groupes terroristes, traqués sans relâche par les forces de sécurité aussi bien en Algérie qu’en Tunisie, l’opération de diversion d’Aqmi à Ghardaïa a été médiatiquement surdimensionnée et amplifiée pour être décrite comme une nouvelle tentative de déstabilisation de l’Algérie à partir du Sud. Mais il n’en est rien. Recourir au habhab,alors que la nébuleuse terroriste a pris une ampleur extraordinaire au point de s’attribuer le qualificatif d’«Etat islamique», signifie que les groupes armés, prolongement de Daech, sont contraints, en Algérie, de revenir aux méthodes traditionnelles empruntées aux GIA algériens qui y recouraient dans les années 1990. Cela signifie que les services de sécurité algériens ont fait reculer les groupes islamistes armés de vingt ans. Pour camoufler cette déroute, les chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique arguent qu’ils «ne veulent pas» saboter les infrastructures gazières algériennes «pour ne pas priver le peuple musulman d’Algérie de ses ressources» et qu’ils pourraient, «s’ils le voulaient, utiliser des moyens plus importants» dans d’éventuelles futures attaques du même type. Un coup de bluff qui vise à cacher la débâcle des terroristes islamistes en Algérie et qui trahit leur frustration de ne pouvoir étendre leurs tentacules à ce pays pivot d’où ils pourraient asseoir leur hégémonie dans toute la région. Car sans une «base» en Algérie, point d’ancrage au Maghreb, au Sahel et en Méditerranée.
Karim Bouali

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