Un nouveau front pour les imams
Kamel Moulfi – Les autorités algériennes ont décidé d’agir pour investir les réseaux sociaux et y développer, en matière de religion, un discours visant à neutraliser les processus de «wahhabisation», prélude à la radicalisation. Notre ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, vient, en effet, d’appeler les imams à exploiter les réseaux sociaux pour «consolider le lien avec les jeunes, transmettre les messages de la mosquée conformément aux références religieuses nationales et lutter contre le phénomène sectaire». L’objectif est de protéger les jeunes contre les «influences négatives».
Les spécialistes ont révélé les mécanismes, plus ou moins subtils, introduits à travers internet et les réseaux sociaux qui poussent les jeunes à se radicaliser, en les faisant basculer vers une interprétation extrémiste de la religion. C’est par la conversation, comme moyen d’endoctrinement, que sont véhiculées les idées radicales sur ce qui se passe et ce qu’il faut faire. Les plus vulnérables, c’est-à-dire particulièrement les plus ignorants dans le domaine de la religion, et ils sont bien nombreux, sont les plus faciles à convaincre.
Depuis quelques années, les technologies de l’information et de la communication ont remplacé les formes d’embrigadement des jeunes qui ont eu cours chez nous dans les années 1980, prenant appui principalement sur certaines mosquées soustraites au contrôle de l’Etat et sur des salles de prière éparpillées un peu partout, y compris dans les lieux de travail, et qui étaient pratiquement abandonnées aux extrémistes. La radicalisation n’emprunte plus forcément l’espace des mosquées qui, d’ailleurs, ont été reprises en main par l’Etat et remises dans le «droit chemin». On y entend de moins en moins les prêches incendiaires, à base d’une fausse morale et construits sur l’intolérance absolue ou subversifs, porteurs d’un discours politique déstabilisateur. La propagande pour la violence passe maintenant par les forums et les commentaires sur internet, avec une surenchère peu apparente du fait de sa banalisation. C’est sur ce front que les imams devront se poster.
K. M.
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