Le FFS et le RCD accusent le wali de Béjaïa d’avoir trafiqué les chiffres
Mécontents des résultats annoncés officiellement, les deux partis les mieux implantés dans la wilaya de Béjaïa, à savoir le FFS et le RCD, accusent ouvertement le wali d’avoir gonflé le nombre de bulletins nuls afin de permettre à des candidats soupçonnés de proximité avec l’administration de glaner des sièges. Ainsi, l’ex-chef du groupe parlementaire du FFS et tête de liste du parti dans cette wilaya, Chafaa Bouaïche, a déclaré sur sa page Facebook que le wali de Béjaïa «vient d’annoncer de faux résultats des élections». Et d’ajouter : «Il a augmenté le nombre de bulletins nuls. Il en assumera les conséquences», menace-t-il.
Lui emboîtant le pas, Atmane Mazouz, porte-parole du RCD et lui-même tête de liste au niveau de la wilaya de Béjaïa, accuse l’administration d’avoir gonflé le nombre de bulletins nuls à travers le vote des éléments des corps constitués pour, dit-il, «permettre à ses affidés en Kabylie d’accéder au Parlement». Atmane Mazouz, dont la liste a obtenu 2 sièges (sur 12 que compte la wilaya de Béjaïa), précise que presque 14 000 bulletins sur 97 000 votants ont été ajoutés rien que pour la wilaya de Béjaïa. C’est pour lui «une volonté sournoise de discréditer toute représentation nationale», s’indigne-t-il.
Le FFS charge le ministre de l’Intérieur
Dans un communiqué rendu public, le Front des forces socialistes (FFS) considère que les élections législatives du 4 mai «ont aggravé la faiblesse et la fragilité de l’Algérie et consolidé les positions des responsables de la crise multidimensionnelle que nous vivons». Et d’ajouter : «Le seul vainqueur de cette échéance électorale – et nous devons le reconnaître – est l’abstention sous toutes ses formes, suivie par le « parti » des bulletins nuls dont le ministre de l’Intérieur a omis de donner les chiffres.» Le FFS s’interroge sur les raisons qui ont conduit le ministre à ne pas annoncer les résultats détaillés concernant notamment le nombre de suffrages exprimés, le nombre de bulletins nuls et le nombre de voix obtenues par chaque liste et au niveau de chaque wilaya, et s’étonne de la non-publication des PV de dépouillement du vote dans plusieurs wilayas.
Par ailleurs, le FFS s’inquiète de la désaffection des citoyens lors de ce scrutin. Une situation qu’il attribue au pouvoir, qu’il accuse d’œuvrer systématiquement à «annihiler toutes les formes de l’expression politique et à en dévoyer les différentes manifestations».
Pour le parti d’opposition, «le pouvoir poursuit avec indifférence et aveuglément sa stratégie unilatérale autoritaire, dont l’essence est totalitaire dans un décor de façade démocratique». Une stratégie qui, selon les rédacteurs du communiqué, conduira inéluctablement le pays vers «des issues aux conséquences graves et imprévisibles», conclut le communiqué.
Pour rappel, le FFS a obtenu 14 sièges aux élections législatives du 4 mai, selon les résultats officiels rendus publics vendredi.
Rabah A. et R. Mahmoudi
Comment (23)