Tomate industrielle à Chlef : surplus de production et manque d’unités de transformation

Chlef tomate
Une seule unité de transformation et surplus de production. Les fellahs inquiets. D. R.

La filière de la tomate industrielle à Chlef a enregistré, durant cette saison, un bond considérable dans sa production dû à une hausse du rendement à l’hectare estimé entre 850 et 900 qx, ainsi qu’une augmentation de la surface exploitée de 600 ha à 1 076 ha actuellement.

Face à cette production en hausse, la wilaya de Chlef ne compte qu’une seule unité de transformation privée, qui peine à gérer le surplus de production, provoquant le mécontentement des agriculteurs, irrités devant les longues files d’attente et inquiets des dégâts occasionnés à leur production, a-t-on constaté. Cependant, des efforts sont consentis par la Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya, selon le responsable du secteur, Mokhtar Belaid, afin de promouvoir une industrie de transformation et agroalimentaire dans cette région, dont la production prévisionnelle de tomate industrielle, pour la présente campagne, est estimée à 807 000 qx, au vu des conditions climatiques régnantes et de la hausse constatée au volet rendement, a-t-il affirmé.

Après s’être félicité des indices de production positifs de la filière, il a déploré le problème de transformation posé dans la wilaya, qui ne compte en tout et pour tout qu’une seule unité, accueillant en plus de la production de Chlef, celles d’Aïn Defla et de Relizane. Pour ce responsable, la tension enregistrée sur l’unique unité de transformation de la wilaya est due «à un murissement précoce de la récolte de tomate industrielle, dont le volume de production a dépassé toutes les prévisions, grâce notamment à l’usage des techniques du goûte à goûte et des engrais, conjuguées aux bonnes conditions climatiques», a-t-il expliqué.

Il a annoncé, en outre, une action de la DSA visant l’organisation de la récolte, ainsi que le recensement des pertes déclarées par les agriculteurs. Selon le chargé du service commercial, Sadek Meriem Khorafa, l’unité de transformation en question a procédé au relèvement de ses capacités par la création d’une deuxième chaîne de production, lui permettant ainsi l’accueil de 1 300 tonnes de tomates/jour, sachant que cette unité a conclu des contrats avec 198 agriculteurs de Chlef, Aïn Defla et Relizane. «Pour éviter un tassement de la production, un programme spécial a été fixé afin de permettre aux fellahs de récolter leurs productions suivant les capacités de transformation de l’usine, les deux s’étant accordés sur une récolte de 12 qx/ha/j», a-t-il fait savoir.

Néanmoins, les agriculteurs ont exprimé leur mécontentement à l’égard de leurs pertes, estimant la tomate non récoltée à 60%. Ils ont également évoqué les désagréments causés aux gros tonnages, dont l’attente dans les files peut aller jusqu’à 48 heures. Une durée qu’ils assurent suffisante au pourrissement des tomates. «De grandes quantités sont jetées dans les oueds au vu des chaleurs régnantes», ont-ils déploré.

Vers la création d’une coopérative des producteurs de la tomate industrielle

Selon le président de l’Association de la tomate rouge, des producteurs de la tomate industrielle, Mohamed Benyamina, des mesures ont été prises afin de gérer cette crise et préserver l’intérêt des producteurs de la filière, par la création notamment d’une coopérative des producteurs de la tomate industrielle, qui aura pour mission la gestion de ce type de problèmes ainsi que la défense des droits des agriculteurs. Cette même coopérative se chargera, également, a-t-il ajouté, de fixer un programme pour la culture de la tomate de façon à ce que sa récolte ne se fasse pas dans la même période, et ce dans un souci de réduction des files d’attente devant l’unité de transformation. Il s’agira également d’œuvrer à l’encadrement des contrats signés avec les unités de transformation et le développement de la filière en général.

S’exprimant sur le surplus de production enregistré et le rejet de grandes quantités de tomates dans les oueds, Benyamina, a évoqué «la faiblesse de la capacité d’accueil de l’unité de transformation, qui devait, selon lui, entamer l’accueil du produit depuis juin dernier afin de réduire les pertes des agriculteurs qui ont dû abandonner 60% de leurs récoltes».

«Des sorties sur terrain sont actuellement effectuées par la DSA au niveau des exploitations agricoles touchées afin de constater de visu les dégâts occasionnés aux fellahs et élaborer un rapport qui sera soumis au ministère de tutelle», a encore fait savoir le responsable du secteur, Mokhtar Belaid, qui a appelé chaque partie à assumer ses responsabilités.

La culture de la tomate industrielle à Chlef est essentiellement concentrée dans les régions d’Ouled Ben Abdelkader, Ouled Fares, El-Karimia et Oued Fodda, avec une surface globale estimée à près de 1 076 ha, dont la production a atteint, durant la campagne 2015-2016, 475.000 qx.

R. E.

Comment (4)

    Chaoui ou zien
    14 août 2017 - 21 h 44 min

    Ces insuffisances des unites de production sont surement voulues par la mafia de l’import qui pousse le ridicule jusqu’a importer… du sable de l’espagne. Elle a les bras longs…tres longs cette mafia algerienne comme la recente experience de Tebboune le demontre. En fait « ils » voudraient maintenant qu’on les appelle les operateurs des centres de decision economiques pas les mafiosi qu’ils sont. Quand le ridicule ne tue plus.

    Djamel BELAID
    14 août 2017 - 11 h 51 min

    Cette surproduction montre la capacité des agriculteurs à produire. On ne peut que les féliciter. Même chose pour les investisseurs privés nationaux qui ont bâti des conserveries. Cela amène une remarque. Pourquoi ne pas proposer à ces producteurs de cultiver de la betterave à sucre?
    1 – MOINS DE TRAVAIL AVEC LES SEMENCES MONO-GERMES: Grâce à l’apparition des semences mono-germes qui permettent de se passer de la pénible opération du « démariage », cette production est beaucoup plus simple que dans les années 70. L’irrigation par aspersion est par ailleurs bien maîtrisée.
    2 – CONSTRUIRE DES SUCRERIES. Comme pour la tomate industrielle, il faut transformer les betteraves en sucre. Pour cela il faut construire des sucreries. L’expérience chinoise montre qu’il est possible de construire de petites sucreries.
    3 – POUR UNE AIDE DE L’ETAT: Il faudrait une aide l’Etat aux investisseurs désirant construire de telles mini-sucreries. Cela permettrait de réduire les importations de sucre roux non raffiné. Mais actuellement, il semble que les pouvoirs publics aient préféré l’option raffinage du sucre brut brésilien par de grands groupes privés algériens. A quand une réelle production nationale de sucre? Les producteurs de tomates nous montrent que cela est possible d’autant plus, qu’après récolte, la tomate est un produit beaucoup plus périssable que la betterave à sucre (elle peut se conserver un mois après récolte sur une simple plate-forme en beton. Avec l’actuel gouvernement Tebboune qui prône le patriotisme économique, une lueur apparait. Aux investisseurs potentiels de contacter les services du Premier Ministère et de déposer des projets pour le développement de la betterave à sucre.
    Pour plus d’infos technique sur le sujet, taper Cosumar.fr sur internet. Djamel BELAID. Ingénieur agronome.

    Anonyme
    14 août 2017 - 8 h 35 min

    Cette tomate algérienne ne trouve pas preneurs en raison de la surproduction (…)! figurez vous que malgré cette énorme production locale, qui satisfait les besoins nationaux a 80%, le concentré de tomate est toujours importé par des escrocs!!!(…)

    Bison
    13 août 2017 - 16 h 43 min

    Si avec une agriculture rudimentaire, manuelle, « artisanale », « amateur »,…nos fellah à la pioche et à la bêche arrivent a saturer, noyer nos « industries » a vrai dire nos proto-industrie » de transformation qu’ en serait-il avec une agriculture intensive, pas a l’Américaine, rien que celle pratiquée chez nos voisins!? Et avec ça on va bouffer locale et même nourrir l’Afrique en boute de conserve « , » made in bled »!
    Toujours en décalage ! soit on a une ‘industrie mais pas ou pas assez de matière première, soit l’inverse ! Aucune étude de marché avant de se lancer, aucune concertation entre les différents secteurs pour exposer les moyen et les besoin de chacun et comment y remédier ! Les gens se sont lancé ou on les a encouragé a se lancer dans un truc sans savoir les débouchées, les besoins, les moyen logistiques et industriels, leurs capacités,…ces moyens existent-_ils sur place et d’eventuelles alternatives en cas de leur inexistence ou de saturation…
    En attendant, les pauvres fellah qui ont tout investi et ont tout misé vont faire faillite voire endettés ou échaudés ne vont plus faire de tomates ou carrément d’agriculture,… Entre temps dans l’euphorie, aveuglés, Les industriel de la tomates vu la bonne récolte de cette année vont s’agrandir ou les nouveaux vont venir s’installer dans la région pour profiter de la manne sans chercher a savoir si les fellah existent toujours et du coup vont faire faillite faute de tomates a se mettre sous la dent ou dans le mixeur … Pas de planification, pas d’accompagnement,… Chacun vogue au gré des vents! Pour les tomates, jetez le surplus qui sera gâté et on importera des tomates du Maroc quand nôtre industriel aura épuisé son stock à son rythme ! C’est juste, l’image d’un pays en faillite!!!

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