Grande Mosquée d’Alger : les graves accusations d’un architecte
Par Hani Abdi – Le projet de la Grande Mosquée d’Alger continue de faire couler beaucoup d’encre. Et c’est, cette fois-ci, un ex-membre de l’Agence nationale de réalisation et de gestion de ce projet des plus démesurés qui enfonce le clou. En effet, le président du Conseil national des architectes algérien (CNOA) et ex-membre du Conseil d’administration de l’Agence, Djamel Chorfi, a qualifié «le projet de la Grande Mosquée d’Alger de la plus grosse arnaque subie par le président Bouteflika».
Dans un entretien accordé à un média arabophone, Chorfi a affirmé que le projet est plein d’anomalies et de graves erreurs qui sont dues à l’étude mais aussi à la qualité d’exécution des travaux qui laisse à désirer. «Un projet d’une telle envergure a eu un faux démarrage. Les deux bureaux allemands chargés de l’étude et de la conception du projet n’avaient finalement pas les moyens nécessaires pour mener convenablement leur travail. Ils ont été virés plus tard, mais le mal est déjà fait. De graves erreurs ont été commises au départ des travaux. Ils ne peuvent être corrigés. Nous avions découvert que les Allemands avaient sous-traité avec plusieurs bureaux d’études secondaires. Ce qui est interdit par la loi», a relevé Chorfi pour qui le plus grave n’est pas la sous-traitance en elle-même mais la qualité du travail effectué pour un projet d’une telle envergure.
Cet ex-membre du Conseil de gestion du projet ne se limite pas à cela. Il parle également de conditions opaques dans lesquelles a été choisi le bureau d’études français Egis, qui assure actuellement le suivi de la réalisation. Djamel Chorfi n’a pas épargné le groupe chinois en charge de la construction de la mosquée qui, selon lui, n’a pas respecté le cahier des charges, ce qui a causé un retard incommensurable dans l’exécution des travaux. Le projet devait être initialement réceptionné en 2015. «L’entreprise chinoise devait mettre 3 000 travailleurs sur le chantier. Mais finalement, le chantier tournait avec uniquement 600 travailleurs. Les autres transitent par le chantier de la Mosquée d’Alger pour aller à d’autres chantiers», a-t-il souligné.
Djamel Chorfi a, en outre, accusé l’ancien ministre de l’Habitat, dont dépendait le projet, d’avoir fourni de «faux chiffres sur l’état d’avancement du projet». «Tebboune avait menti au Président de la République en lui avançant, en 2016, un taux d’avancement des travaux à hauteur de 95%. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à démissionner», a précisé Djamel Chorfi pour qui ce projet gigantesque n’a pas été réalisé selon les normes. Selon lui, le projet ne sera pas achevé totalement avant 2020.
H. A.
Comment (67)