Le FLN au service des intérêts économiques français en Algérie ?
Par Karim B. – Si les propos du secrétaire général du FLN ont été rapportés fidèlement par le correspondant du quotidien arabophone Echorouk, Djamel Ould-Abbès devra s’expliquer sur le rôle que joue le parti historique dans les relations de l’Algérie avec l’ancienne puissance coloniale. «Les usines Renault et Peugeot ont été réalisées grâce aux ministres FLN», aurait-il, en effet, affirmé à Mascara. Si le secrétaire général du FLN, lui-même ancien ministre, vise son rival du RND, actuel Premier ministre dont les membres du gouvernement n’auraient aucun mérite dans cette concrétisation, il n’en demeure pas moins que son insistance à citer les deux projets des constructeurs français nommément intrigue.
Faut-il comprendre que le FLN roule pour les intérêts économiques français en Algérie ou est-ce une simple maladresse d’un chef de parti qui a cru utile de rappeler le rôle joué par sa formation à travers ses membres du gouvernement dans l’encouragement des investissements étrangers directs en se focalisant – maladroitement – sur les marques au losange et au lion ?
Le chef d’un parti de l’envergure symbolique du Front de libération nationale peut-il se permettre de faire la publicité à des opérateurs français dans un meeting politique, quand bien même ces propos viseraient à attirer l’électorat d’une région qui a eu la chance de centraliser la quasi-totalité des projets de montage automobile ? La rivalité entre le FLN et le RND marque ainsi le premier dérapage parce qu’elle implique un arrière-fond sentimental représenté par la très sensible relation entre l’Algérie et la France qui demeure imprégnée par le lourd sacrifice consenti par le peuple algérien pour son indépendance. Les polémiques autour du rapatriement des crânes des résistants algériens détenus au Musée de l’Homme à Paris ou encore du canon Baba Merzoug, dont l’Algérie réclame la restitution, sont la preuve que la plaie profonde de la guerre n’a pas totalement cicatrisé.
Djamel Ould-Abbès rectifiera-t-il le tir ou maintiendra-t-il ses propos qui risquent de donner de lui l’image d’un dirigeant politique qui ferait de la promotion des intérêts français en Algérie une priorité ?
K. B.
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