Méprisant Macron
Par R. Mahmoudi – Pour son premier grand périple en Afrique, le Président français, Emmanuel Macron, n’a pas manifesté un grand amour pour le continent noir. Et c’est apparemment réciproque, si on en juge par les heurts avec lesquels il a été accueilli à Ouagadougou, hier, mais surtout par des échanges tendus avec les étudiants, où il s’est laissé trahir par une expression de mépris à l’égard des Africains (lire notre article par ailleurs). Il lui préfère les monarchies arabes. D’ailleurs, dans son discours devant les étudiants burkinabé, il n’a pas tari d’éloges sur le roi du Maroc et le trublion prince d’Arabie Saoudite qu’il a désignés comme les champions de la lutte contre l’extrémisme religieux. Il apparaît clair que d’ici au 6 décembre, date de sa visite prévue en Algérie, il a l’esprit ailleurs, précisément au Qatar qu’il ralliera dès le 7, directement à partir d’Alger.
Aussi, en déclarant que son pays n’avait plus de «politique africaine», ne faut-il pas comprendre par là que la France entendait mettre fin à sa politique néocoloniale qui a sévi jusque-là à travers la fameuse «Françafrique» mais un désintérêt assumé, un contrat de rupture, pour construire avec ses amis du Golfe une nouvelle «politique arabe» de la France ? C’est peut-être la première fois qu’un chef d’Etat français se dit aussi peu intéressé par un renforcement du partenariat avec l’Afrique.
Cartésien, Macron trouve la parade, en expliquant que la France ne peut avoir des relations de niveau égal avec cinquante-quatre pays, dont chacun a «une histoire différente» et des caractéristiques différentes. Mais, si tel était le cas, pourquoi continuer à organiser les sommets France-Afrique, à financer la francophonie et à envoyer des troupes au Sahel et en Centre-Afrique ? Pourquoi ce voyage en Afrique ?
R. M.
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