De cautèle à cautère

France Macron
Jean-Louis Borloo, ancien ministre d'Etat ministre d'Ecologie, derrière Emmanuel Macron. D. R.

Par Mrizek Sahraoui – Si une promesse est une dette, difficile alors d’échapper à la question lancinante des banlieues, un sujet qui avait tant tenu à cœur au candidat Macron ayant beaucoup promis sur la problématique ; une simple cautèle parmi d’autres qui lui ont permis, d’après certains, d’accéder à l’histoire.

Et c’est donc ce mardi 22 mai que le président Macron va dévoiler son plan pour les banlieues françaises. Une annonce qui coïncide avec un autre rapport parlementaire –qui sera présenté, lui, le 31 mai devant l’Assemblée nationale – pointant et dénonçant un Etat «inégalitaire et inadapté», en Seine Saint-Denis, la no-go zone la plus réputée de France qui concentre le plus de griefs.

En parallèle à tout cela, se pose la question sur la suite donnée au rapport «Vivre ensemble – vivre en grand la République» pour «une réconciliation nationale» établi par Jean-Louis Borloo, l’immarcescible ancien ministre d’Etat ministre d’Ecologie, rendu public le 24 avril dernier. Un projet ambitieux de cinq milliards d’euros destiné à la rénovation urbaine avec un effort supplémentaire en direction de l’école que le chef de l’Etat vient d’envoyer par une simple chiquenaude au placard, après un long travail fastidieux auquel ont été associés les maires, acteurs directs sur le terrain, souvent confrontés aux difficultés inhérentes aux communes déshéritées de plus en plus nombreuses faute de moyens alloués par l’Etat.

Après le renvoi sine die du rapport Borloo, qualifié de «simple base de travail» par le gouvernement, pourtant salué par les élus et l’opposition – excepté le Front national qui y voit une énième concession qui «reprend en réalité toutes les vieilles lunes des anciennes politiques» –, Emmanuel Macron va annoncer «des mesures efficaces» en faveur des banlieues, plutôt que de «grands dispositifs» qui ont tous échoué puisque jamais suivis d’effet, soutiennent les parlementaires de la majorité. Ce qui laisse une chance ténue au «Make banlieue great again» (rendre à la banlieue sa grandeur), a ironisé un député socialiste, même si Emmanuel Macron s’apprête à déléguer la tâche à un comité de pilotage d’une vingtaine de personnalités de la société civile désigné par ses soins.

«Des mesures efficaces ?» Ce ne sera qu’un énième cautère sur une jambe de bois au regard de l’étendue de la misère sociale, des inégalités économiques et du désert culturel qui règnent dans ces territoires perdus de la République, toujours perçus dans l’imaginaire collectif comme lieux de résidence – et de résistance – des (seuls) immigrés, alors qu’on y trouve en réalité des Français de souche, des Italiens, des Espagnols, des Polonais, des Turcs, des Asiatiques et, bien sûr, des Arabes et des Noirs, endroits cosmopolites, s’il en est. De plus, pour les plus racistes d’entre les pourfendeurs de ces zones périphériques, le français est la deuxième langue parlée – derrière l’arabe – dans les banlieues, le talon d’Achille de la République.

Une grossière mystification dans les deux cas, depuis toujours savamment entretenue pour les besoins électoralistes.

M. S.

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