Le débat exclu

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«Fais entendre ta voix !», dit le slogan. New Press

Par Bachir Medjahed – Ce n’est pas gaspiller sa salive que de revenir sur un thème inépuisable. Même durant la campagne électorale, il n’y a pas eu de débat. Même concernant la crise parlementaire actuelle, la cocaïne, les changements au sommet des institutions, il n’y a pas de vrai débat.

Est-il difficile et périlleux, par exemple, de mener un débat sur les émeutes ? Est-il dangereux de mener un débat sur l’émigration clandestine ? Est-il impossible de mener un débat sur le phénomène des attentats-suicide ? Est-il périlleux de mener un débat sur ce qui mène les communautés à se rendre mutuellement hostiles ?

A ce rythme où les députés abandonnent leurs devoirs d’assumer leurs missions, même en dehors de l’enceinte parlementaire pour des actions au plus près des populations, avant, pendant et après les émeutes, c’est toute l’action parlementaire qui perd sa crédibilité.

Pourtant, il est souvent répété que le débat fait partie de nos traditions et que le compromis est un instrument de gestion. Or, il serait difficile de se rappeler si vraiment il y a eu un jour un débat qui a été mené jusqu’à son terme, jusqu’à l’épuisement de toutes les argumentations contradictoires et donc à un compromis.

Pourquoi n’y a-t-il jamais eu un débat de haute importance sur des thèmes particuliers et pourquoi n’a-t-il jamais réussi à élire domicile aussi bien dans l’enceinte parlementaire que dans les médias au lieu qu’il soit contraint à trouver naturellement résidence dans la rue, hors de tout cadre organisé ?

Est-ce dû à la conviction d’une légitimité insuffisante acquise au moment où de hauts responsables de partis politiques dénoncent la corruption politique qui se traduit par l’achat de voix ? Lorsque des leaders politiques dénoncent eux-mêmes la corruption politique et que cela ne donne pas matière à des poursuites judiciaires, il est normal, alors, que les populations n’y croient pas.

C’est quand le débat se réfugie dans la rue que ceux qui le transforment en crise peuvent s’en saisir et construisent ensuite leur stratégie sur le meilleur usage à faire de celle-ci et ceux qui se donnent pour mission d’assombrir les perspectives d’avenir par la fourniture de lectures orientées vers la réunion des conditions devant permettre la permanence des émeutes. C’est en temps de sérénité qu’il faudrait débattre et placer le débat sur le front de la prévention.

Il y a tout de même deux Assemblées nationales qui devraient servir à des affrontements d’idées, au moins pour laisser s’épuiser les diverses argumentations politiques, car il est connu et reconnu que sans débat, il serait douteux qu’il puisse exister une solution politique ou même d’une autre nature qui soit acceptée par la majorité des citoyens.

B. M.

Comment (7)

    awrassi
    16 octobre 2018 - 5 h 17 min

    Pourquoi débattre quand tout est « écrit » ? Voilà comment nous percevons les choses actuellement. Tant que nous n’aurons pas compris Dieu et son message, nous n’avancerons pas. Pour l’instant, ce Dieu qui ne nous veut que du bien, a été cantonné au rôle de méchant … Les neurones qu’Il nous a donnés ne serviraient à rien; voilà le début du réel débat !

    Anonyme
    15 octobre 2018 - 15 h 35 min

    Excellent sujet M Medjahed. Je crois que c le drame de l’Algérie,la cause première de nos échecs,le refus du debat. Le pouvoir refusé et interdit meme le debat. C le fameux  » ma3za aw l’a taret « ! La tentative de récupére la chaine El khabar,avortée pour éviter de donner un espace d’expression à l’opposition,les partis opposants interdits des plateaux télés tous acquis au pouvoir.. Et pourtant tous nos pas viennent de là : si on avait des débats libres et contradictoires sur l’économie,l’agriculture,le commerce,les exportztions .. Les inondations,la gestion des mairies,la fuite des cerveaux,des étudiants,des herragas…!! De vrais débats avec de vrais acteurs contradicteurs,pas des débats  » h’na fi h’na »!! L’ancêtre des cercles de qualité,des Think tank c la boîte à idees; les industriels se sont rendu compte qu’un simple ouvrier pouvait avoir une idée utile pour améliorer le rendement et la qualité,ils ont installé dans les ateliers une boîte à idees où chaque employé était invité à y glisser sa proposition… Etc..etc.. Et ça donne nos Think tank actuels. Mais ce pouvoir n’en veut pas car il ne peut pas,il n’a pas la compétence à affronter l’avis contraire.. Quand je lis les contributions lumineuses de ferhat ait Ali !! Et qu’on ne l’écoute pas!! C tout simplement désespérant,à se taper la tête au mur.

    Slam
    15 octobre 2018 - 14 h 12 min

    Le débat existe, il est même parfois violent, souvent feutré. Mais en dehors du peuple, juste entre les initiés, les fameux décideurs qui décident au dessus de nos têtes. d’ailleurs en ce moment c’est le Grand déba..llage.

    yezgou
    15 octobre 2018 - 12 h 11 min

    Parce que les Arabes savent dialoguer?
    Regarde-les brailler agressivement (surtout les femmes politiques) dès qu’ils ont un micro, tout comme lors des discours religieux.
    Et je ne parle pas du begaiement du fait de l’arabisation…euhhh euhhh euhhhh hadak wesmou…elli icontroli.
    Enfin, en politique cela se fait couramment comme tactique de diversion, le fait de détourner du débat.
    Mais chez nous on en parle au moins, car chez les Makokos bon gré ou mal gré tu dois te courber et dire vive…même à l’étranger ils ont les frousses d’oser imaginer critiquer leur système, Ils ont peur
    qu’ occultement le « hub de l’univers » leur jette un sort…

    Gatt M'digouti
    15 octobre 2018 - 8 h 45 min

    Deux chambres parlementaires, des institutions de tout genre, des partis de divers bords avec pour leitmotiv : « Appliquer le programme du président », une façade démocratique car il n’y à ni débat ni opposition.
    Un seul décideur, le grand Fakhamatou du haut de l’Olympe qui clame : « QUE CELA SOIT ÉCRIT, QUE CELA SOIT ACCOMPLI »

    Djeha Dz.
    15 octobre 2018 - 8 h 44 min

    la structure et la nature du système exclue de facto toutes formes de débats CITOYEN. La faculté de penser est le privilège exclusif des césars régnants.
    Le seul son de cloche est de tout temps arrivé des organes et appareils du pouvoir, qui se font joyeusement les mégaphones de leur vénérable thakhamatouhou.
    Quant aux conciliabules de rue, ils sont pris en charge par la machination et la répression policière.

    Zaatar
    15 octobre 2018 - 7 h 16 min

    Je m’étonne que ce genre de questions puisse encore se poser. Débat exclu. A t’on des élus du peuple en premier, partis supposés d’opposition concernés? ces supposés élus s’adressent ils aux citoyens pour s’enquérir de leurs situations et de leurs quotidiens? et donc, on devine ce qui motivent nos supposés élus et responsables. S’il devait y avoir débat ça serait uniquement autour de la rente et de tous ses corollaires…

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