Cherche légitimité

Tunisie lecture
«2018, le couffin est vide», regrettent ces Tunisiens désillusionnés. D. R.

Par Bachir Medjahed – Y a-t-il des raisons à faire de l’avenir une lecture pessimiste ? Bien d’analystes rivalisent à qui noircira davantage cette lecture, comme si une certaine légitimité, ou plutôt une reconnaissance, allait être conférée à celui qui saura le plus fournir matière à inquiétude. Les analystes locaux s’adressent à l’opinion publique nationale tandis que les analystes étrangers, occidentaux surtout, s’adressent à leurs gouvernants.

Or, les gouvernants occidentaux agissent comme si le fardeau de l’histoire à venir de leurs anciennes colonies reposait lourdement sur leurs épaules, sur leurs seules épaules, comme celui du passé avait reposé sur les leurs. Pour ce qui concerne le passé, il est vrai que le fardeau avait été porté par eux-mêmes. Les colonisations, c’était eux. L’esclavage, c’était eux. Le nazisme, c’était eux. «La solution finale», c’était également eux. Concernant l’avenir, il devra également reposer sur leurs épaules. Ils ont écrit le passé, ils écriront l’avenir.

Partout dans les pays anciennement colonisés dont les dirigeants sont en mal de légitimité, il apparaît que ces derniers cherchent la leur dans les relations internationales. La diplomatie est mise au service de sa propre extraction du champ des cibles occidentales, quitte à transférer sa politique extérieure et de défense vers la responsabilité occidentale. Parfois, ces pays en mal de légitimité se surarment en quantité et en qualité. Un armement prêt à être transféré en faveur de pays (ou mouvement) qui ont fait foi de leur soumission. Un armement également pré-positionné en faveur des armées occidentales protectrices.

La plus grande vulnérabilité des pays arabes réside dans les démarches unilatérales. Partir en solitaire et demeurer en solitaire. Confiance entre les Etats maghrébins ? Confiance entre les Etats arabes ? Le CCG ne reconnaît aucun autre ensemble régional arabe. La preuve est qu’il voulait pulvériser le Maghreb en offrant son intégration au royaume marocain et à celui de la Jordanie. Les royaumes d’un côté, les «républiques» de l’autre.

Une guerre civile dans les pays arabes qui ont connu le «printemps» dit arabe ? Pour le moment, c’est la catastrophe. Le pire n’est pas encore arrivé, mais cela risque d’arriver. Ce pire, c’est d’abord qu’à la faveur de la lutte entre deux camps, pro et anti régime en place, s’invitent les haines intercommunautaires, multiconfessionnelles. Le pire, c’est que dans cette seconde phase, les présidents arabes refusent de partir ; ils feront comprendre qu’après eux, les pires scénarios devraient être conjurés. Le pire, c’est que les consciences communautaires se réveilleront dans les pays arabes et que le chaos soit généralisé à cette région dans sa totalité.

Une guerre entre pro et anti régimes en place est motivée par des enjeux de pouvoir. Où se trouverait la ligne de front pour que l’armée et la police s’interposent ? Nulle part. Les visages ne sont pas identifiés. Les territoires non plus. La police avec qui ? L’armée avec qui ? Il ne peut pas y avoir de neutralité. Tirer sur les «pro-» ? Sur les «anti-» ? Une certitude, l’armée n’est pas outillée pour s’engager dans des opérations de l’ordre public.

Quoi que l’on dise, le monde arabe va changer. Il est en train de changer. Dans le sang. Peut-être va-t-il sombrer d’abord vers l’islamisme, la démocratie, un système hybride ou des guerres internes interminables.

B. M.

Comment (14)

    anonyme
    21 novembre 2018 - 8 h 28 min

    LA PHOTO PARLE D’ ELLE MEME A SAVOIR DES TUBES DIGESTIFS AMBULANTS

    Karamazov
    17 novembre 2018 - 20 h 15 min

    Désolé mais c’est un sacré délire que vous nous faites là. Vous parlez d’une abstraction d’un fantasme : le Monde arabe » pour vous livrer à un drôle de défoulement.

    Vous parlez de révolutions arabes , comme si on pouvait qualifier ces soubresauts spontanés de ce mot n’importe comment. Avant de vous enfermer emporter par vos élucubration : UNE guerre civile dans LES pays arabes ».

    Combien de pays ont été vraiment concernés par ces mouvements sociaux et de quelles façons. La Tunisie a eu son propre mouvement , la Libye n’en a pas fini, et la Syrie patauge encore , alors que l’Irak n’a rien à voir avec celles-ci. Et nous nous n’en sommes pas encore totalement revenu.

    Mais vous continuez à croire que le monde arabe bouge comme un seul bloc autonome en faisant fi de ce qui produit dans les pays occidentaux que vous qualifiez avec une grande légèreté d’ « anciens pays colonisateurs » comme si nous les avions lestés par le poids de note histoire de colonisés.

    Revoyez votre copie , et inversez votre méthodologie.

    benchikh
    17 novembre 2018 - 20 h 03 min

    j’aimerai savoir qui manipule ces malheureux,,,,?? ,qu’est que veut dire ‘la coffa est vide » qu’attendent ces gens pour remplir leur’ coffa’ ?? qu’attendent- ils pour améliorer leur vie ??? s’ils pensent que les autres viennent à leur secours ils se trompent ,ils auront un autre colonialisme plus sophistiqué ,plus sanglant .Hé les gars, il faut bouger le c…… et vite les autres se préparent pour une nouvelle phase.

    Felfel Har
    17 novembre 2018 - 16 h 23 min

    Il ne fait plus de doute que le monde arabe a atteint des profondeurs qu’aucun autre pays du monde n’a connu. Il s’est couvert de ridicule; de traitrises en compromis, voire compromissions, il s’est enfermé dans le piège tendu par les Judéo-Chrétiens. Il n’est plus crédible ni respectable. Continuer à se réclamer de la même chapelle, au nom d’une fraternité factice et fausse, ne sert pas les intérêts de l’Algérie. Certains s’étonnent même que nous soyons encore membre de cette Ligue. Parce que l’Algérie fausse leurs plans et ne veut pas se soumettre à leur plans diaboliques, en refusant des alliances insensées et improductives et les coups de Jarnac, il faut s’attendre à ce qu’elle en soit expulsée un jour. Patatras! Voilà où nous mènent des baathistes têtus qui vantent la « force » de la famille arabe. Ya Allah, protégez-nous de nos « frères », nous nous occuperons de nos ennemis avec plus d’efficacité!

    wella wesh
    17 novembre 2018 - 15 h 13 min

    Couffin vide, les marocains semblent bien s’accomoder du strict nécessaire.
    Tant que les Zarabes se laisseront manipuler (Occident, Religion…) ils se dirigeront tous, tout droit vers l’enfer.
    Regardez les Israëliens, originaires de partout, de cultures différentes, ils ont des Ultra en religion, des « normaux », des gauchistes, des droitistes…mais ils privilegient le bonheur du vivre ensemble.
    Prenons exemple sur eux dans ce domaine et non pas dans celui de Gaza, Sahraouis…

    Ch'ha
    17 novembre 2018 - 14 h 03 min

    Je vous renvoie à votre article Suicide Arabe et l’analyse d’@Tin-Hinane 14/11.
    Je rajoute qu’en plus du Yémen, la Palestine a également montré sa force de puissance et démontré que la Résistance ne mourra pas dans les territoires palestiniens malgré le tapis rouge déroulé à l’entité sioniste dans le cadre de la « normalisation »/ du deal siècle.

      Zaatar
      17 novembre 2018 - 14 h 50 min

      On verra d’ici quelques annees, une dizaine tout au plus vous me donnerez des nouvelles de la palestine.

        Ch'ha
        17 novembre 2018 - 19 h 06 min

        @Zaatar
        Ne soyez pas pessimiste. Qui mieux que vous un Algérien peut comprendre le peuple Palestinien.

          Zaatar
          17 novembre 2018 - 20 h 52 min

          Ah mais je l’ai bien compris, c’est dans le meme etat d’esprit que le reste du monde arabe. On se fait la guerre pour le pouvoir… sauf que pour les factions palestiniennes ils sont toujours colonises et n’ont pas encore leur etat et malgre cela ils se tapent dessus entre eux. Vous me direz que c’est l’oeuvre des sionistes qui les divisent, oui je serais d’accord, maus ils se tapent dessus quand meme… nous on a eu notre independance, mais on s’est egalement tape dessus entre nous, on s’est trucides l’un l’autre et on voit le resultat cinquante ans apres.

    Un Lecteur Lambda
    17 novembre 2018 - 13 h 40 min

    Cher éditorialiste,
    Vous commencez par dénoncer les lectures pessimistes : « Y a-t-il des raisons à faire de l’avenir une lecture pessimiste ? Bien d’analystes rivalisent à qui noircira davantage cette lecture », etc.
    Et plus loin, vous allez dans le même sens que ceux que vous critiquez :
    « Pour le moment, c’est la catastrophe. Le pire n’est pas encore arrivé, mais cela risque d’arriver. Ce pire, c’est d’abord qu’à la faveur de la lutte entre deux camps, pro et anti régime en place, s’invitent les haines intercommunautaires, multiconfessionnelles », etc.
    C’est contradictoire.
    Permettez-moi de vous rappeler qu’aussi bien en sciences sociales, en économie, en politique ou en géopolitique, le déterminisme n’existe pas. La prévisibilité des phénomènes n’est pas possible à cent pour cent. La lecture de la situation générale de l’ensemble géographique Afrique du Nord et Moyen-Orient à l’aune de son actualité n’est pas une approche objective pour faire une étude prospective car ce n’est pas une entité unique, ce sont plus d’une vingtaine de pays avec des histoires et des réalités sociales et économiques différentes. Chaque pays peut réagir différemment à telle ou telle situation selon son identité, son histoire et ses ressources du moment. Nous avons deux exemples totalement opposés: la Syrie et la Libye.
    Et vous concluez: « Quoi que l’on dise, le monde arabe va changer. Il est en train de changer. Dans le sang. Peut-être va-t-il sombrer d’abord vers l’islamisme, la démocratie, un système hybride ou des guerres internes interminables. »
    Votre conclusion veut tout dire et rien dire !
    Les guerres hybrides sont le produit des Us et de certains pays européens, c’est un fait que plus personne n’ignore. L’Occident à toujours agit pour déstabiliser les pays qu’il souhaite soit dominer soit garder dans son giron, il excelle dans ce rôle. La conscience que nous avons du danger doit certes nous inciter à être plus prudents que jamais mais surtout à ne pas tomber dans le catastrophisme.
    Dire que c’est foutu partout peut signifier alors qu’il ne nous reste plus qu’à nous soumettre à l’Occident.
    Si l’on applique ce raisonnement, l’Algérie n’aurait jamais connu l’indépendance !

    Linguistique
    17 novembre 2018 - 13 h 31 min

    Mais Monsieur l’auteur, vous enfoncez des portes ouvertes voie béantes depuis longtemps. Le monde arabe a sombré depuis longtemps dans l’islamisme. Vous n’êtes pas sans savoir que depuis le voyage de Sadate à Tel-Aviv ; depuis le voyage secret de Shimon Pérès à Rabat; depuis l’expulsion de l’OLP de Beyrouth; depuis Sabra et Chatila ( wenkoum ta 3arab hurlait cette Palestinienne devant les centaines de cadavres massacrées par Sharon; depuis les accords de Camp David; depisla conference de Barcelone; depuis les 2 guerres du Golfe; depûis la conférence d’Annapolis; depuis les printemps arabes,…, le monde arabe n’existe plus livré « aux islamistes » création de l’Occident.
    Quand vous aurez compris tout ça et bien d’autres « depuis », vous saurez que l’islamisme est la face software du wahabisme qui vient de crier à la face du monde qu’il n’est autre qu’un aspect du yahoudisme qui s’est manifesté lors de la visite de Netanyahou à Mascate, nom prémonitoire de cette capitale qui signifie aussi  » masqate waraqet ettoute », chute de la feuille de vigne cache-sexe de ce monde arabe qui révèle sa vraie nature d’emasculés. Yahoudisme qui s’est aussi manifesté a Abou Dhabi quand retentit l’hymne national juif. Yahoudisme qui s’est manifesté quand Netanyahou est intervenu auprès de Trump pour sauver MBS l’assassin de Khachoggi. En réfléchissant un peu vous comprendrez que ce crime est un vaste traquenard conçu par la CIA et tourné et réalisé à Istanbul par Erdogan. Le but? MBS ne servantplus à rien les Américains vont finir par l’écarter pour le remplacer par un autre plus docile pour mener à bien le Marché du Siècle qui va finir par broyer ce monde arabe et installer en souhaitant centre. Israël.

    Zaatar
    17 novembre 2018 - 10 h 52 min

    C’est bien la description de la nature humaine dans le contexte de l’arabe. Vous avez la même nature aussi de l’être humain dans le contexte occidental ou l’environnement est différent . Aussi, l’être humain ne cherchant que son intérêt puise dans ses ressources physiques et spirituelles pour tenter de dominer ses voisins. Dans son cerveau reptilien le programme est bien écrit. Le constat au niveau mondial est criard.

    Djeha Dz.
    17 novembre 2018 - 9 h 37 min

    La situation des pays Arabes et nord-africains, est déjà catastrophique politiquement et économiquement.
    Doucement, mais sûrement tous ces pays sont mis dans la direction que les superpuissances (USA, GB ; France ; Israël) ont mis au point pour mieux les contrôler et décider de leur sort.

    Prenons le cas de notre pays. Que lui manque-il pour être un pays à l’avant-garde parmi les pays émergents et devenir un pays phare aussi bien pour les pays africains ou Moyens Orientaux ?

    Si on compare l’Algérie des années 70 et l’Algérie d’aujourd’hui nous nous apercevons qu’aujourd’hui nous sommes dans une Algérie décadente à tous les niveaux. L’argent n’est pas tout, si les gouvernants sont au service d’eux-mêmes et de ceux qui tirent les ficelles.

    Voilà déjà un moment que certains mots et concepts, tels que légitimité, souveraineté, démocratie, peuple, etc, ont des significations différentes selon qu’on soit en Afrique ou en Europe, selon qu’on soit riche ou pauvre, fort ou faible.
    Je ne pense pas que l’avenir sera meilleur, dans un monde de dominants et de dominés.

    Droits Humains
    17 novembre 2018 - 9 h 01 min

    Merci à l’auteur pour cette analyse fort intéressante. Il manque juste une note d’optimisme : les guerres perdues sont celles qui n’ont jamais été menés.

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