Pouvoir ou butin ?

pouvoir
Soutien au 5e mandat. D. R.

Par Bachir Medjahed – Un constat qui ne doit pas passer inaperçu. A quoi imputer le fait que dans le cas du pouvoir, une coalition est possible alors que ce n’est pas le cas dans le camp de l’opposition ? Pourrait-on expliquer cela par le fait que la volonté de rester au pouvoir est plus forte que celle qui consiste à vouloir y accéder ? Pouvons-nous en conclure alors qu’il existe des raisons pour lesquelles le pouvoir est arraché ? Et comment celui-ci est devenu un butin suite à une guerre menée en 1962 et que l’opposition se trouve dans le cas des acteurs, à l’époque, qui s’étaient résignés car la force n’était pas de leur côté ?

Il s’en déduit ainsi que le candidat unique du pouvoir est fortement soutenu par le FLN et le RND, les deux premières forces du pays, alors qu’en face, tous les efforts à s’entendre sur un candidat unique n’ont pas abouti. Ils n’ont d’ailleurs jamais abouti. Il y a ainsi des partis qui ont vocation à être le pouvoir et des partis qui ont vocation à demeurer des parties d’une opposition stérile.

Pourquoi cette dispersion et, surtout, cette inhibition constatées dans le camp de l’opposition ? Quand on est dans l’opposition, l’émergence politique a un coût, à savoir qu’il faut chaque jour affronter les forces de l’ordre pour «sortir la tête de l’eau». Ce n’est pas facile, d’autant que la journée de manifestation, même si elle se termine par des blessés, ne se conclut pas par un dialogue. Et ainsi de suite à l’occasion de chaque élection. Les candidats dans l’opposition rééchelonnent leurs ambitions quinquennales et voient leur front se rider davantage. Lorsqu’on rééchelonne ainsi durant plus de deux décennies, on sort fatalement du champ.

Pour casser la cohérence dans le champ politique et détruire au sein de l’opposition toute démarche pouvant la mener à un consensus, même laborieux, en vue de soutenir un candidat unique, il suffit de manipuler les facteurs identitaires et d’ethniciser les relations intercommunautaires, ce à quoi s’est brillamment attelée la députée Naïma Salhi.

B. M.

Comment (7)

    anonyme
    18 février 2019 - 9 h 08 min

    Un parti politique se construit sur une idéologie (l’idée de la place de l’individu dans la société et d’un vivre-ensemble) et le programme économique qui l’accompagne. Si nous plaçons l’individu au-dessus de la société, nous accompagnerons cette idée par le libéralisme et le libertarisme; si, au contraire, nous plaçons la société au-dessus de l’individu, nous accompagnerons cette idée par le collectivisme et la bienséance. Partant de ces explications, nous pourrions considérer deux partis seulement : un parti capitaliste et un parti communiste. En Algérie, nous n’avons aucune réflexion de ce genre. Nous avons admis ou nous avons été contraints d’admettre que le parti nationaliste (le FLN) qui nous libéré de notre colonisateur est fondé sur une idéologie. Le FLN a été créé pour sortir la France de l’Algérie et uniquement pour cela. Le FLN n’ a aucune idéologie, donc aucune politique économique. Il est comme le bateau fantôme; il a ses marins, il vogue mais sans timonier. Nous dirons que les partis qu’il a autorisé à se créer sans des types de boussole différents, mais les boussoles ne sont pas le timonier … En conclusion, pour que l’Algérie avance, il faut des partis politiques dotés d’une idéologie et d’un programme économique. Nos partis actuels n’ont rien de tout cela.

    lhadi
    13 février 2019 - 16 h 52 min

    Les partis politiques algériens sont nés de la matrice du parti unique et nourris par la mamelle de l’Etat.

    Ils ne peuvent se présenter comme une force alternative ayant un projet de société, des modes d’actions politiques renouvelés sortant des sentiers battus et un système de valeur parce qu’ils se sont adaptés aux règles du jeu imposées par le système politique mis en place depuis l’indépendance.

    Au jour d’aujourd’hui, ils s’agitent frénétiquement en prévision de la prochaine répartition des prébendes sans aucune perspective digne d’emporter l’adhésion de la génération Algérie qui veut, seulement, vivre son temps, bâtir son avenir tout en bâtissant l’avenir de la nation.

    Ils ne pensent qu’aux élections alors que ceux qui aiment le pays beaucoup plus que leurs parents pensent aux prochaines générations à qui ils veulent léguer un pays où chaque citoyenne, chaque citoyen sera maitre de son destin. Une société dont les affaires seront l’affaire de tous les algériens.

    Cette différence de taille exhorte mes compatriotes à ne pas rester spectateur de leur destin.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    missoum
    13 février 2019 - 15 h 09 min

    Un grand bravo à votre éditorial sur le pouvoir Monsieur Medjahed .Généralement vos papiers sont de bonne facture ; malheureusement vôtre analyse de ce jour est si médiocre qu’elle vous conduit à attribuer un certain  » panache ?  » à la lamentable Madame Salhi Naima

    MELLO
    13 février 2019 - 13 h 33 min

    Difficile , très difficile de suivre l’idée de Mr Medjahed , pour quiun oeuf qui tombe ne peut pas se casser. Tant le pétrole coule à flot, plus rien ne peut les arrêter dans cette course à la rente.
    Il reste tout ce peuple qui continue à vivoter du fruit sain de son labeur. De ce petit peuple est issu cette opposition qui croit qu’au seul langage d’une politique politiquement correcte. Or on sait et on ne peut l’ignorer qu’a défaut d’avoir recours à la force pour contrôler les populations, on peut parfaitement les contrôler par l’opinion. Ce fut ainsi depuis l’arrivée du clan des frontières qui a pu réorienter la population, au sortir d’une guerre affreuse, vers l’asservissement en ses maîtres. Nous sommes devenus des pantins qui sautent et dansent quand ils tirent sur les fils. Notre savoir-faire, nos capacités de raisonnement leur appartiennent. Ils se sont accaparé des puissances financières et nous sommes devenus leurs laquais.
    (…) Ce que subit fatalement l’opposition au sein de son organisation, c’est la manipulation destructrice des partis d’opposition. Le matraquage médiatique, quotidien, est difficile à supporter. Tout ce travail de sape aboutit inéluctablement vers une depolitisation totale de la société d’où émane cette opposition qui se débat dans des problèmes complexes, sans solution . Aujourd’hui, il est temps d’écouter certaines têtes de l’opposition qui appellent au consensus où tous les avis sont à écouter et à débattre.

    à Monsieur Bachir Medjahed
    13 février 2019 - 13 h 06 min

    Monsieur Bachir Medjahed , je crois qu’il ne faut pas chercher trop loin pourquoi une alliance des partis d’opposition est impossible : c’est dû à leur ego, tout simplement ! Chaque parti se veut le « chef suprême » du rassemblement, exige que sa vision soit la seule bonne et que les autres doivent s’y plier sinon pas d’alliance !

    PS : En voici quelques explications de ce phénomène que vous connaissez bien : « La notion d’ego est au cœur de ce qu’on appelle l’ego-psychologie, qui est une doctrine psychanalytique. l’ego est la représentation fausse qu’un individu se fait de lui-même. La confusion entre l’ego « fausse personnalité » et sa vraie nature produit une illusion qui prive ceux qui en sont prisonniers d’une vraie liberté et les enchaîne à des schémas de souffrance (égocentrisme, orgueil, vanité, amour-propre, perception erronée du monde etc.. etc..) Voilà, tout est dit !

    Karamazov
    13 février 2019 - 10 h 47 min

    Je crois que vous prenez le problème à l’envers cher M Medjahed. Il eût fallu inverser votre questionnement ; Car la question n’est pas tant dans l’union mais dans la fragmentation.
    Et là votre titre y répond.

    Pourquoi courir après des miettes à plusieurs au lieu de tenter le coup pour arracher un grand morceau en y allant seul ?

    Quant aux facteurs ethniques , identitaires, idéologiques , pourquoi l’alliance au pouvoir les a t-elle dépassés ? Expliquez-moi pourquoi le FFS vouait-il une haine féroce au RCD qui la lui rendait très bien et était prêt à s’unir au FIS ? Pourquoi ces facteurs ethniques ne fonctionnent pas au sein d’une même ethnie ?

    Et c’est là que je vous renvois chez l’ami Abou Stroff qui vous expliquera comment et pourquoi l’émergence d’une conscience collective de son existence réelle est tout simplement impossible dans une société comme la nôtre et comment cette conscience de soi a été remplacée par un palliatif qui est la religion ou l’ethnie.

    Anonyme
    13 février 2019 - 9 h 08 min

    Pour que les opposants se regroupent il faudrait qu’ils mettent un mouchoir sur leur égo. Or toute notre Histoire passée et récente démontre que tout ce qui anime les uns et les autres, les tenants du pouvoir tout comme ceux qui aspirent à les remplacer, c’est juste le désir d’être calife à la place du calife, et pour ça il ne doit en rester qu’un.

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