De la Russie à Israël : la presse internationale suit l’actualité algérienne
Par Sadek Sahraoui – La décision du président Bouteflika de renoncer à briguer un 5e mandat et de reporter le scrutin présidentiel prévu pour le mois d’avril prochain, annoncée lundi, a fait les choux gras de la majorité des grands médias de la planète. Tout en reprenant l’information, le quotidien français Le Monde relève toutefois dans un article intitulé «Bouteflika reporte la date de la présidentielle algérienne» que cette décision laisse entendre que le chef de l’Etat algérien reste en poste après expiration de son mandat, le 28 avril 2019. Le Monde souligne à ce propos que cette nouvelle offre politique a suscité «des réactions mitigées de la part des Algériens».
«Lundi soir, ils étaient nombreux à célébrer le renoncement du Président à se présenter une cinquième fois, tout en condamnant le prolongement implicite de la durée de son quatrième mandat», rapporte le média français. A titre d’exemple, Le Monde reprend un tweet de l’ex-diplomate et ancien ministre de la Culture Abdelaziz Rahabi, qui estime que «le président Bouteflika se moque du peuple (…) Son acharnement à rester au pouvoir va pousser le pays vers l’inconnu et est un danger pour la stabilité de l’Etat et l’unité du pays».
Toujours en France, le quotidien Le Figaro précise que l’annonce a été saluée par la classe politique française. Le quotidien reprend une déclaration dans laquelle le secrétaire d’Etat français auprès du ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, indique que «la France prend acte du renoncement du président Bouteflika» de se présenter à un cinquième mandat à la tête de l’Algérie. «Je ne crois pas avoir beaucoup d’autres commentaires à faire. Les Algériens tiennent à ce qu’on respecte leur indépendance, leur souveraineté, ils ne veulent pas qu’on fasse de l’ingérence», a-t-il poursuivi. Le Figaro reprend, par ailleurs, un tweet du leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui estime que «par sa mobilisation massive, le peuple algérien obtient la satisfaction de sa principale revendication : Abdelaziz Bouteflika renonce à se présenter à la présidentielle. Chapeau le peuple algérien ! En France on devrait y réfléchir».
S’agissante des médias russes, la version arabophone du site internet de RT a consacré plusieurs dépêches à la décision du président Bouteflika de renoncer au 5e mandat. Dans l’une d’elles, RT reprend néanmoins une déclaration du président du parti Front Al-Mostaqbal, Abdelaziz Belaïd, qui estime que les initiatives prises par le chef de l’Etat algérien «violent de manière claire la Constitution». A l’instar du site internet de la BBC, les médias britanniques se sont, pour l’heure, contentés de reprendre telle quelle l’annonce du président de la République et de rappeler la mobilisation pacifique massive des Algériens contre le projet du cinquième mandat.
Ce n’est pas le cas, en revanche, du site internet de la chaîne de télévision israélienne I24news qui, en plus de donner l’information, tend le micro au journaliste Mohammed Sifaoui qui soutient que «la décision d’Abdelaziz Bouteflika de reporter les élections est scandaleuse car elle instaure calmement une dictature en Algérie». Pour Mohamed Sifaoui, en prétendant qu’il renonce à l’élection, «Bouteflika va continuer à être Président de l’Algérie sans aucune légitimé démocratique». Le média israélien indique également que les Algérois ont défilé lundi soir et chanté «Pacifiquement, on a fait tomber la marionnette !».
Aux Etats-Unis, le Washington Post indique dans un article intitulé «Le président algérien ne sera pas candidat à un cinquième mandat après des manifestations de masse réclamant sa démission» estime qu’Abdelaziz Bouteflika a procédé à un «revirement spectaculaire».
Le célèbre quotidien américain rappelle que «Bouteflika, âgé de 82 ans, est devenu le cinquième dirigeant depuis les soulèvements du Printemps arabe de 2011 à être démis de ses fonctions par la pression de l’opinion publique». Il précise, en outre, que «même si Bouteflika a été mis de côté, ses alliés continueront de diriger le pays». Et de préciser : «Les changements ont eu lieu après que Bouteflika eut rencontré le puissant chef d’état-major de l’armée, le général de corps d’armée Gaïd-Salah» qui avait confié, dimanche, que l’armée et le peuple algérien avaient «une vision unie, suggérant que les jours de Bouteflika étaient comptés».
Le Washington Post reprend, par ailleurs, le tweet de Timothy Kaldas, analyste politique au Moyen-Orient basé au Caire, qui estime que «le nouveau Premier ministre était l’ancien ministre de l’Intérieur». Elle ajoute que «l’ancien régime reste profondément ancré au pouvoir, bien que secoué. La pression pacifique doit être pleinement soutenue».
S. S.
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