Comment les manifestants ont piégé le pouvoir incapable d’user de la force
Par Bachir Medjahed – Le pouvoir est paralysé par l’absence d’émeutes. Quelle réponse à donner à un mouvement de non-violence, surtout quand celui-ci s’inscrit dans la durée ? Il ne sait pas avoir raison de manifestations qui ne cassent pas. L’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, rassuré, a bien dit que «nous savons régler la rue». Comment traiter un mouvement qui en appelle à la paix et à la sagesse ? La recette est indisponible pour faute d’expérience en la matière.
Les manifestants savent que leur action rendrait service au pouvoir en place s’il produisait des casses qui imposeraient un état d’exception. Compte tenu que de telles perspectives ne sont possibles du côté des populations que si des manipulateurs s’infiltrent à cet effet dans les rangs des manifestants, il ne serait pas douteux que ces manifestations puissent faire l’objet de dérives programmées.
Entre le pouvoir qui veut s’imposer et les manifestants qui veulent dire leur mot, il y a des armes à disposition de chacune des deux parties. Une partie du pouvoir, celle représentée par le binôme Sellal-Haddad vu ainsi à cause de la diffusion sur les réseaux sociaux de propos intentionnant l’usage des armes qui constituent la menace de provoquer des émeutes globales et nationales afin de les réprimer et reprendre le contrôle de la rue. Pour une fois, ce ne sont pas les manifestants qui promettent des dérives. Chacun a l’arme de son choix. Les manifestants veulent utiliser la permanence des manifestations pacifiques.
En revenant sur sa décision, le pouvoir aura fait le bon choix car c’est le meilleur qui restait dans ses mains. Cela aurait été pire s’il devait prendre une décision au pire moment. La répression des citoyens qui ont choisi d’exprimer leur refus en recourant à la rue provoquerait une «fission nucléaire» incontrôlable. On ne sait pas comment cela finirait. La meilleure décision aurait été de ne pas avoir pris la décision qui a révolté.
Alors, le constat est fait que le pouvoir n’avait pas prévu la colère des populations et que, pour cela, il n’a jamais été capable de remplir ses missions.
B. M.
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