Bouteflika neutralise Gaïd-Salah et offre aux Algériens un cadeau empoisonné
Par Karim B. – Si les Algériens ne s’attendaient pas à ce que Bouteflika désigne un nouveau «gouvernement» alors qu’il lui est expressément demandé de partir et de leur permettre de tourner la page de vingt ans de règne sans partage, la présence du chef d’état-major sur la liste du nouvel exécutif a désarçonné plus d’un.
Après avoir appelé à l’application de l’article 102 qui stipule la destitution pure et simple du chef de l’Etat, Ahmed Gaïd-Salah surprend les manifestants qui ont soutenu son appel par sa «collusion» avec le cercle présidentiel qu’ils accusent de chercher à pousser au pourrissement en refusant de quitter le pouvoir.
Beaucoup s’interrogent sur les dessous de ce maintien du chef d’état-major au sein d’un gouvernement non reconnu et décrié dès l’annonce de sa composition aussi hétéroclite qu’insolite. «Comment l’omnipotent Ahmed Gaïd-Salah pourrait-il siéger aux côtés de ce tout-venant de ministres stagiaires appelés à la rescousse après que les véritables personnalités ayant l’expérience politique et un poids suffisamment important auprès de l’opinion publique ont refusé de cautionner la démarche de Bouteflika ?» s’interrogent, dubitatives, des sources contactées par Algeriepatriotique.
«Comment le chef d’état-major va-t-il convaincre de la sincérité de son appel à destituer Bouteflika au moment même où il lui offre une légitimité sur un plateau d’argent», se demandent encore nos sources qui n’excluent pas que Gaïd-Salah «annonce sa démission du nouveau gouvernement fantôme» ou «alerte l’opinion publique sur une machination dont il aurait fait l’objet en affirmant que son nom aurait été joint à la liste sans en avoir été avisé».
«La formation du nouvel Exécutif ne fera qu’exacerber la crise», affirment nos sources, qui pensent que Bouteflika «cache son jeu» et nourrit des intentions non révélées à travers ce «nouvel affront». Il pourrait s’agir d’une annonce imminente de sa démission, mais en laissant derrière lui un gouvernement qui ne pourrait pas être démis ou remanié tant qu’une nouvelle élection présidentielle n’aura pas lieu. Autrement dit, le président en fin de règne laisse aux Algériens un cadeau empoisonné.
K. B.
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