Pouvoir contre Etat ?

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Lors d'une manifestation contre les symboles de l'Etat. PPAgency

Par Bachir Medjahed – Dans quelle mesure les urnes pourraient-elles produire un environnement politique – ou politico-religieux – qui favorise les tolérances ou, du moins, créeraient les conditions de la moindre instabilité ?

Quand on parlait de tolérances, les regards se fixaient sur les islamistes. Mais n’y a-t-il que les islamistes ? Il y a un autre milieu dans lequel il n’y a pas la moindre tolérance. C’est le milieu des hauts cadres, les cadres de la nation. C’est pire dans les institutions de souveraineté. Ceux qui débarquent à l’occasion d’un changement de responsables se demandent ce que ces cadres font encore là. Pas question de sélectionner sur la base des compétences.

Intérêt pour l’Etat ? Qui pense à l’Etat ? Les nouveaux arrivants oublient que ce sont les mêmes escaliers qui les ont menés vers le cabinet qui les mèneront vers la sortie.

On vient de voir que l’intolérance existe également dans le milieu des affaires. Ce sont les rapports de force qui priment hic et nunc et cela n’est pas éternel. C’est ainsi jusqu’à nouvel ordre et celui-ci vient de commencer, croyons-nous, le 22 février.

L’Etat ? Qui s’en soucie ? Ceux-là ont travaillé à affaiblir l’Etat. Quand l’Etat est faible, la loi ne régit pas les relations, la loi n’est pas opposable à ceux qui disposent d’une parcelle de pouvoir. Or, l’Etat ne peut plus être approché sous l’angle de contre-pouvoir.

Le magistrat fait partie de l’Etat et pas du pouvoir. C’est le pouvoir qui agit contre l’Etat quand il intervient pour qu’un justiciable traverse les frontières alors que celui-ci est interdit de sortir du territoire. Un homme de pouvoir n’est pas un homme d’Etat. Pas fatalement. Ce sont des hommes de pouvoir qui se préparent des refuges à Paris car ils savent où leur gestion mènera le pays.

C’est l’absence de confiance des hommes de pouvoir en les institutions qui installe la précarité des conditions de stabilité et de sécurité. Les populations suivent parfois les bergers et contribuent à cette précarité. Pourquoi l’économie n’est-elle pas apte à être relancée et que le terrorisme n’a pas été éradiqué ?

Pour changer de système, il faut gagner les élections. Mais rien ne dit, d’abord, que les élections préparées dans le cadre du système seront perdues par ceux qui vont les organiser et rien ne dit, non plus, que les opposants qui les remporteraient changeront de système.

B. M.

Comment (13)

    Abou Stroff
    6 juin 2019 - 8 h 56 min

    je pense qu’au lieu de plaquer des schémas propres aux formations sociales où le système capitaliste a atteint sa plénitude, nous devons nous armer théoriquement et entamer une analyse concrète de la situation concrète algérienne.
    il me semble, avec toute la modestie qui caractérise mon auguste personne, que, si nous faisons abstraction du concept de rente et du système basé sur sa distribution et sur la prédation qui en découle, nous continuerons à naviguer dans des eaux troubles qui nous font confondre l’onanisme auquel nous nous adonnons (consciemment ou inconsciemment) et l’analyse scientifique.
    je pense qu’en Algérie, il n’y a ni pouvoir, ni Etat au sens conventionnel des termes mais un appareil, avec divers démembrements, contrôlé par ceux qui se sont octroyé le monopole de la distribution de la rente.
    en effet, en dehors de la rente et de sa distribution qui permet aux couches dominantes de se renouveler et au système de se « refaire » sans accroc, il n’y a rien, absolument rien, à part des prédateurs en puissance et des tubes digestifs en puissance.
    en d’autres termes, parler de société civile, de citoyens, d’élections, etc. dans le cadre du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation relève d’une paresse intellectuelle flagrante et garantit de fait, le mouvement circulaire qui caractérise la formation sociale algérienne (la preuve que nous tournons en rond? analysons la composante humaine de notre « classe » politique depuis l’indépendance).
    PS: pour pouvoir introduire les notions de pouvoir et d’Etat dans l’analyse de la formation sociale algérienne, il me semble nécessaire d’entamer, d’abord, une révolution qui nous arracherait de la « préhistoire » au sein de laquelle nous nous complaisons.
    en termes clairs, commençons par retrousser nos manches, à travailler et à produire et alors seulement, nous aurons le droit de discourir sur des notions totalement étrangères au mode de fonctionnement du système rentier qui nous avilit et nous réduit à des moins que rien.

    Naître...
    5 juin 2019 - 16 h 51 min

    En l’an I de la 2è République – Oser remettre tout à plat –

    1) Primauté du civil sur le militaire.
    2) Nouvelle citoyenneté (mettre chacun devant ses responsabilités).
    3) Système de gouvernance (faire de la pédagogie) pour faire accepter le Démocratie.
    Chez beaucoup, démocratie rime avec occident. L’adapter à nos besoins et à notre culture..
    4) Arrêter les préjugés en donnant à chacun les moyens de se révéler à lui-même et aux autres sur
    l’unique critère de compétence.
    5) Faire appel aux meilleurs juristes (de chez-nous ou d’ailleurs) pour adapter ou créer une constitution
    qui responsabilise l’individu en lui extirpant la notion de « Baylek » de la tête et en lui inculquant à la place
    la notion « d’alternance » synonyme de dynamisme. Pour que l’Etat soit craint et respecté comme un
    patron.
    6) On ne le dira jamais assez, il faut tordre le coup au clanisme, au régionalisme, au racisme et mettre en
    place des moyens qui permettent l’épanouissement de l’individu positif qui produira à son tour des
    retombées positives.

    Pr Nadji Khaoua
    5 juin 2019 - 15 h 08 min

    Dans une de mes contributions publiées par un quotidien national, j’avais relever que la majorité des cadres administratifs centraux sont depuis toujours puisés dans
    une haute institution de formation qui
    «formate» plus qu’elle ne forme.
    Une seule preuve irréfutable prouve cela, au delà des régimes gouvernementaux successifs. Ainsi, quand le pouvoir en charge nuit par ses actions, ou ses absences d’action, a l’État, jamais, au grand
    jamais, on a vu un de ces «hauts» cadres
    (Ministres, Ambassadeurs, Walis, etc) démissionner publiquement, pour se ranger du côté de l’État et non du pouvoir du moment.
    Le jour où les «hauts» cadres integrerons
    les vertus que représentent la démission publique pour la défense et la préservation de l’État, ce jour là notre pays sera sur sa courbe ascendante vers la modernité et l’État de Droit.

    Pr Nadji Khaoua

      Anonyme
      5 juin 2019 - 16 h 19 min

      Mais enfin, Professeur !
      j’avais relever : relevé
      Le jour où les «hauts» cadres integrerons : intégreront

        Pr Nadji Khaoua
        5 juin 2019 - 17 h 04 min

        Bonjour Mr L’Anonyme et Aïd Moubarek Saïd à vous mêmes, à A.P. et à toutes et tous nos lecteurs.

        Merci infiniment pour votre vigilence toute « orthographique ».
        Je suis un incorrigible massacreur d’orthographe dans les langues que je maîtrise, surtout lorsque j’écris à partir de mon portable.
        J’essaierais d’être plus attentionné grâce à votre aide.

        Pr Nadji Khaoua

          Anonyme
          6 juin 2019 - 12 h 28 min

          Mais enfin professeur;
          « Merci infiniment pour votre vigilence toute « orthographique ». »: mais vigilance!!!

      Zaatar
      5 juin 2019 - 21 h 16 min

      Allons professeur, mais tout est une question de biberon relié au collecteur de la rente. Et tout le monde sait que c’est le pouvoir, connu sous le nom de H’mida, qui régit cette distribution. Mais comment pourrait il en être autrement lorsque l’on connait la nature de l’homme et ses instincts primaires? Ce n’est qu’une juste succession des choses Somme toutes naturelles. On n’en a pas à nous étonner. C’est homogène, isotrope et invariant quelque soit la direction choisie.

      Elephant Man
      6 juin 2019 - 4 h 15 min

      @Pr Nadji Khaoua
      Vous avez une vision idéaliste car trouvez-moi un seul fonctionnaire d’État en France qui aurait démissionné pour se ranger du côté de l’État quand corruption et ça vaut pour n’importe quelle soi-disant démocratie occidentale.
      Tout ceux qui sortent de l’ENA sont formatés dans le même moule et je dirais même plus regarder qui entre à l’ENA pas le fils ou fille du paysan du coin encore moins le bougnoul de banlieue même s’ils en ont les compétences et vocation.

    DZA
    5 juin 2019 - 10 h 59 min

    Pour distinguer entre l’Etat et le pouvoir, Edaoula oua El Houkouma, il faut le vouloir.
    Chez nous, les deux entités sont intimement liées, le pouvoir nomme ses hommes, ses affidés à la tête des Institutions de ‘’ l’Etat’’.
    En fait chez nous, il n’y a que le pouvoir. Le règne de Bouteflika et son système, en sont une parfaite illustration. La culture des élus du système, c’est l’esprit tribal, des caïds, des notables, de légitimités historiques et autres ingrédients.
    Si nous avions un Etat, nous n’en serions pas à ce stade de corruption et d’effritement.
    Daoulet miki, disent les Algeriens,…cela veut tout dire.

      Pr Nadji Khaoua
      6 juin 2019 - 14 h 36 min

      Bonjour Mr Zaatar et bonnes fêtes à vous.

      Rien que pour ce premier semestre 2019,
      en compulsant la presse internationale, vous
      pourriez lire que plus d’un Ministre, femme ou
      homme, ont démissionner de leurs
      fonctions gouvernementales pour des raisons
      que l’on peut regrouper sous les
      expressions «éthique», «sens de l’intérêt général»,
      «respect de l’Etat», «sens de la responsabilité
      personnelle».
      Ces «démissionnaires» qui expriment ainsi
      par leurs gestes publics une haute conscience
      de la primauté de l’État et du respect de soi
      soit ses hommes et des femmes comme nous,
      et parfois moins dotes de ressources que nos
      propres divers «politiques».
      Alors que chez, un trafiquant notoire, un coupable
      de blanchiment d’argent et de fuites fiscales renouvelées
      peut, toute honte bue et dans un silence sidérant
      de tous les «pouvoirs», dont ceux payés pour réagir et sont c’est la fonction première.
      Le problème, c’est que cette «mentalité
      généralisée» perdure sous différents
      pretextes.
      Le jour où elle disparaîtra on pourra dire que nos
      institutions sont sur la bonne voie de
      construction de l’État moderne.

      Pr Nadji Khaoua

        Zaatar
        6 juin 2019 - 19 h 22 min

        Bonsoir professeur et bonne fête à vous aussi.
        Vous nous dites là une vérité triviale. Le dédoublement est fait exprès. Vous devez savoir comme nous tous qu’à toute règle une exception. Également que dans tout ensemble ou l’on définit une variable, il y a une moyenne un écart type, une variance…etc. une majorité et une minorité. Ca aurait été totalement contraire au bon sens et à la réalité s’il n y avait pas de ministres ayant le sens de l’intérêt général, du respect de l’état, et qui s’exprimeraient par un geste significatif. Simplement, la tendance du nombre n’est pas de ce côté. C’est cela le cote primaire, naturel et instinctif dont je parle. Il suffit comme vous dites de compiler la presse internationale pour s’en convaincre.

    Anonyme
    5 juin 2019 - 10 h 01 min

    Comme tous les algériens, vivant dans pays qui se cherche et qui aime à se comparer, nous avons une vision idéalistique de ce qu’est un appareil d’état, la démocratie, le rôle de l’armée, des services secrets, la politique politicienne, les rapports de force, et enfin, la liberté, l’égalité, la fraternité, la dignité, la justice, etc.

    Anonyme
    5 juin 2019 - 9 h 55 min

    En attendant Bouteflika est toujours à la résidence d’Etat médicalisée de Zeralda qui revient cher au trésor public.Il est libre alors que des innocents croupissent en prison.Il devrait au moins payer ses soins avec sa fortune colossale amassée pendant ses 20 ans de règne sans partage fait de gabegie et d’autoritarisme égocentrique.

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